Jobiste au Grévin, Philippe Valence, guadeloupéen isolé à Paris, y fait connaissance de la suédoise Margareta, l'amour de sa vie, et lui trouve une place de fille au père dans la famille Courtalès.
C'est ce qu'il raconte, avec prudence, au commissaire et à l'inspecteur Sommet.
L'introduction m'a semblée un peu longue et les personnages pas toujours crédibles, avant que ne démarre le suspense couronné d'un croustillant épilogue à la Kassak!
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Margareta était individualiste. Moi aussi. Mais autant je détestais l'individualisme solitaire, autant l'individualisme à deux me semblait plein de charme.
Il y a un univers de la solitude. Un univers gris, sordide, plein de hurlements silencieux et de monologues interminables. La vie qui se recroqueville sur elle-même et qui se racornit. Les pensées qui tournent en rond et qui rancissent… L’illusion que l’on vous regarde, que l’on vous écoute, et brusquement, l’aveuglante et insupportable évidence que l’on n’a eu que soi-même comme public… « Un homme seul est comme un lépreux, a dit Koestler, il marche et la foule s’écarte… »
C’était plus facile à dire qu’à faire. J’avais peur d’être trop brutal, maladroit. Il aurait fallu engager la chose avec désinvolture.
Mais dans la moiteur d’étuve du musée, environné de ces fantômes empanachés aux regards fixes, la désinvolture n’était pas facile.
Je travaillais au musée depuis longtemps, mais il me faisait toujours subir une espèce d’envoûtement. Mes parents m’y avaient conduit deux ou trois fois quand j’étais petit, et j’en avais toujours conservé un souvenir magique. J’aimais ces personnages figés dans leur haine, dans leur triomphe ou dans leur terreur. J’aimais cette nécropole de mannequins auxquels l’immobilité conférait un parfum d’éternité.
Je voulais prouver mon amour par la durée comme on prouve le mouvement en marchant. Je savais que je l’aimais et qu’en un sens elle m’avait sauvé la vie. Mais je savais également qu’elle-même n’avait pas d’aussi bonnes raisons de s’être attachée à moi. Je ne lui avais rien apporté. J’ignorais ce que je représentais à ses yeux et je ne trouvais pas le courage de lui poser la question. D’ailleurs, je n’avais guère confiance dans les mots : lorsque nous serions séparés par le temps et l’espace, et qu’au-dessus de ce gouffre le souvenir de ces trois semaines serait notre seul lien, alors j’apprendrais si cette histoire possédait réellement le sens que je lui avais donné, ou si elle n’avait jamais été qu’une amourette de vacances bientôt engloutie sous l’amoncellement des jours.
Ce qui éloignait les filles était donc plus subtil. Comme si elles avaient peur de moi. Peut-être devinaient-elles que je n’étais soutenu par aucune foi, ni aucun idéal, ni aucune ambition. Que par moi-même, je n’étais rien, et qu’il me fallait l’amour de l’une d’elles pour devenir quelque chose. Je n’avais ni chaleur ni lumière à communiquer. Je ne pouvais qu’en recevoir comme un astre mort.
Je n’étais pas dynamique. Je n’étais persuadé de rien, si ce n’est de la vanité de tout. Je n’avais d’autre raison de vivre que la peur de mourir. Je ne le disais pas, bien entendu, mais elles devaient le lire dans mes yeux…
Mystère Mystère - La Puce -
Pièce radiophonique policière proposée et réalisée par Pierre BILLARD, "La puce" de Fred Kassak.
Interprètes
Marie Jeanne Gardien
Rosy Varte
Jean Marie Fertey
Claude Richard
Claude Dasset
Henry Djanik
Evelyn Séléna