Faire parler un taiseux, faire discourir sur son art un modeste, converser avec un peintre qui se méfie des mots et dit ne pas les maîtriser est une gageure.
Mais quand l'"interviewer' est l'ami de Beckett et" l'interviewé'' son meilleur ami , un pont tout naturellement se tisse et le dialogue devient une communication presque mutique soudée par une forte tendresse et une vraie amitié.
Charles Juliet et Bram van Velde, l'écrivain et le peintre, se rencontrent régulièrement entre 1964 et 1977, et le livre rend compte de l'univers exigeant où le peintre hollandais , dans une grande misère le plus souvent, attend qu' une toile s'empare de lui pour se soumettre à son emprise, sans jamais forcer son avènement par un "faire" intempestif.
Attente douloureuse et quasi métaphysique, comme celle des clochards célestes de Beckett, l' ami de toujours.
Un portrait intense, profond, d' un peintre trop rare, -un vrai Grand, pourtant - qui est aussi un homme d'une vérité et d'une authenticité touchantes.
Seul un écrivain respectueux et attentif comme Charles Juliet pouvait nous faire "rencontrer " Bram van Velde avec cette desarmante intimité, cette empathie vibrante!
Et percer les mystères de sa peinture avec une telle acuité.
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Le récit poétique et initiatique des rencontres de l'écrivain Charles Juliet avec le peintre hollandais Bram Van Velde.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lui dire que s'il ne peut participer à une conversation, a le sentiment de ne pas savoir s'exprimer, c'est simplement parce qu'il ne parvient à parler que lorsqu'il a à formuler quelque chose qui soit en rapport avec le fondamental.
Pour la première fois, quelqu'un comprenait sa peinture, son silencieux combat, son obstination à se maintenir en ce lieu où la création affronte son impossibilité. (Nul plus que Beckett n'était à même de recevoir et d'apprécier une telle peinture. Peut-être même l'avait elle éclairé sur lui et ce qu'il s'apprêtait à écrire. )
La vie de la plupart est une routine dirigée. L'artiste est celui qui cherche à vivre en liberté.
Une forme cherche
À naître
Hésite s'affirme
Cède au doute
Se reprend
S'attire
Se structure
-La peinture, c'est un oeil, un oeil aveuglé , qui continue de voir, qui voit ce qui l'aveugle.
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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