Suite (mais pas encore fin) des aventures en énième épisode de Rand al'Thor, le Dragon Réincarné, et de ses petits camarades. Secrets est la seconde partie du dixième volume de la saga (en édition originale). Comme à l'ordinaire, une pléthore de personnages nous font tourner la tête et sollicitent fortement la mémoire du lecteur, tandis que se poursuit hélas la description caricaturale de portraits de femmes presque toutes faites sur le même moule (un moule en forme de harpie). Je ne reviendrai pas là-dessus davantage, je m'en suis assez plainte déjà dans les critiques des tomes précédents.
J'évoquerai plutôt les raisons qui me poussent à continuer ma lecture. En dehors du fait que, lorsque vous avez déjà avalé vingt volumes de plus de cinq cent pages chacun, vous avez envie de savoir comment va finir l'histoire, il y a réellement beaucoup de charme dans ce monde inventé par
Robert Jordan. Tous les éléments en paraissent parfaitement maîtrisés, que ce soit le système de la magie (la Source, partagée entre sa moitié mâle, le saidin, et sa moitié féminine, la saidar), les coutumes vestimentaires et les moeurs des nombreux peuples et nations disséminés sur le continent et ailleurs. D'autre part, beaucoup de personnages sont très attachants : Perrin-aux-Yeux-d'Or, le maréchal-ferrant qui voudrait jeter sa hache pour ne plus manier que le marteau, Matt, le joueur professionnel dans la tête duquel les dés roulent lorsque s'apprête à lui tomber dessus une nouvelle catastrophe, Lan et Nynaeve, le couple à mon sens le plus attachant du roman, ainsi que mon préféré, Logain, un de ces hommes canalisant le saidin.
Une amie m'avait fait remarquer que la traduction de la Roue du Temps était loin d'être parfaite : cela m'a semblé particulièrement vrai dans ce tome, avec une confusion entre les personnages, des phrases sans queue ni tête et de nombreuses répétitions de vocabulaire (la langue française est-elle si pauvre en comparaison de l'anglais ? la question est naturellement rhétorique…). Peut-être les éditeurs français ont-il seulement hâte de faire de l'argent en faisant traduire à la va-vite les best-sellers de fantasy anglo-saxonne.