Le Pont des tempêtes, tome 1

Je n'attendais pas grand chose de ce livre, mais j'ai quand même été déçue. Je ne l'ai acheté que pour sa couverture, donc félicitations aux graphistes, vous faites un très bon travail. Maintenant, si seulement l'histoire pouvait suivre...
En effet, cette dernière manque cruellement de profondeur. Les personnages secondaires sont presque tous oubliables (je ne me souviens que du caractère de la grand-mère), et ressemblent à des clones les uns des autres. Ils parlent tous avec une pointe d'ironie, en faisant des blagues (comme c'est original). Il y a peu de nuances entre eux, on ne sait pas ce qui les motive, qui ils sont. On dirait que ce ne sont que des silhouettes en carton qui ont été créées à la va-vite pour insuffler de la vie dans l'ouvrage. le monde est manichéen au possible, avec des gentils super gentils et un méchant super méchant, sans aucune nuance. L'héroïne retourne sa veste très vite, et trop brusquement selon moi. Et il y a d'énormes incohérences qui servent le scénario. Je ne vais pas parler du manque de discipline militaire dans un pays qui ne survit que parce que tout son peuple sert de milice hein... C'est tellement plus *classe* de voir tout le monde déconner avec le prince sans respect pour la hiérarchie. Puis en parlant de cohérence, on en parle du fait que l'héroïne, qui est originaire d'un pays occupé en grande partie par un désert (désert dans lequel elle a grandi) soit bonde aux yeaux bleux et à la peau blanche ? Je veux bien qu'un monde de fantasy ne réponde pas nécessairement aux mêmes règles que le nôtre, mais un peu de cohérence pitié... Surtout que de mémoire, elle ne fait pas figure d'exception parmi son peuple à ce niveau-là.
Ca me rend dingue. le livre avait un synopsis très intéressant, et très prometteur ! J'aurai adoré que l'histoire se dirige vers le conflit intérieur de l'héroïne, qui reconnait que son père et son peuple ont besoin d'aide, mais qu'elle se tient en face de son miroir en la personne de son mari (dont j'ai déjà oublié le nom) qui a les mêmes responsabilités envers son peuple. Et qu'elle soit tiraillée car les deux côtés de la guerre méritent son aide. Si son père avait été plus aimant et gagné sa loyauté de manière organique, on aurait pu avoir quelque chose de vraiment chouette ! Mais là, comme son père est une ordure de première (c'est pas un spoil, c'est littéralement dans le premier chapitre), on sait très bien que l'hésitation de l'héroïne ne durera pas longtemps, surtout face à un héros aussi beau...
J'en viens à me demander, à force de déceptions similaires, si j'aime toujours la fantasy young adult. Question que je trouve pertinente quand je vois les notes reçues par ce livre sur les divers sites de notation. Et après plusieurs jours de réflexion, j'en ai conclu que oui, puisque j'ai eu des coups de coeur ces dernières années, notamment pour le Peuple de l'Air d'Holly Black, et A Deadly Education de Naomi Novik. Sauf que dans ces oeuvres, les personnages et l'univers sont profonds, travaillés. Chacun est mû par un objectif.
Plus ça va, et moins je supporte cette fantasy actuelle qui prémâche le travail des lecteurs en présentant des personnages cartonnés et un monde superficiel qui ne supporte pas un examen long de plus de trente secondes.
Je ne peux pas donner mon avis sur le cliff-hanger sur lequel le livre ne manquera pas de se conclure, puisque je n'en suis qu'à la page 303, mais je pense qu'il est trop tard. Quelle que soit la manière dont le livre se finisse, je suis sûre à 95% de ne pas avoir envie de lire la suite (surtout vu le prix du livre)

Premiers chapitres qui en mettent plein la vue, puis tout s'enlise et on attend.
On attend que quelque chose d'intéressant se passe, autre que : je-suis-une-espionne, je-fais-confiance-à-ma-femme, il-ne-faut-pas-faire-confiance-à-cette-espionne-votre-majesté, etc... Les 3/4 du livre sont bourrés de redondance, sans que rien de concret ne s'y passe.

Tout d'abord, je tiens à dire que je comprends le caractère têtu de l'héroïne de détester son mari et vouloir le trahir malgré sa bonté (la jeune fille était complètement manipulée par son père depuis son enfance).

Par contre, le prince est trop gentil. Au point de se faire chambrer par ses hommes/femmes de main et se laisser marcher sur les pieds ! C'est trop illogique pour des soldats (même proches) de rabaisser leur souverain et de parler du physique de leur nouvelle reine. Et ce genre de piques se fait bien évidemment devant tous les autres soldats… Puis ça esclaffe avec des vannes bidons sur leur roi et ça en vient même à parler de son intimité avec la reine !

Bref, les 70% du livre ont été terriblement ennuyeux et ça ne s'est rattrapé qu'à la toute fin.
J'ai mis trop de temps à le lire tellement ça m'ennuyait... Alors j'ai dû utiliser la méthode du désespoir : lire en diagonal pour me forcer à terminer.

Bien évidemment, je ne lirais pas la suite.

Le roman est très agréable à lire grâce à son côté esthétique. La couverture en relief doré, l'intérieur qui contient la carte des différents royaumes, la tranche décorée en font un bel objet. L'univers imaginé par l'autrice est intéressant. J'ai aimé cette idée d'un monde où un pont stratégique relierait plusieurs royaumes sur une mer déchaînée et inhospitalière. Et lorsque cette mer se retire, le début de la saison des « marées guerrières », tentatives d'invasion et de razzia pirates. L'héroïne Lara est une femme forte mais qui possède un point faible. le héros n'est pas considéré comme un souverain inaccessible et cela apporte une certaine originalité au récit.

Néanmoins, malgré ces bons points de départ, le roman est rempli de clichés et de stéréotypes dont nous aimerions nous passer. le prince est beau certes mais surtout musclé et la description de ce corps athlétique répétée finit par lasser. L'intrigue est bien mince, faite de récits de batailles incessantes qui à défaut de passionner le lecteur par des rebondissements, fatigue l'esprit car aucune respiration ne vient ponctuer les péripéties des personnages.

La romance m'a particulièrement agacée. Mièvre, sans aucune originalité (il est très beau, elle est très belle, comment ne pas succomber…), elle véhicule le stéréotype de l'homme expérimenté qui sait donner du plaisir à une femme qui, elle, n'a appris l'amour et la sexualité qu'en théorie et dans le seul but de piéger l'homme en proie à des désirs incontrôlables. le traitement romanesque de la masculinité comme de la féminité mérite mieux, plus de nuances et de finesses.

Les héros maladroits, imparfaits, cabossés sont tellement plus attachants. Je n'ai suivi aucun d'eux dans ce « Pont des tempêtes » et je vais me replonger dans « La passe miroir » de Christelle Dabos.

Quand j'ai acheté ce roman, je pensais vraiment tombé sur quelque chose de profond, de vraiment politique et qui sait capter l'attention du lecteur... Je n'ai rien retrouvé de tout cela dedans : le couple principal est inintéressant et peu original, la plume reste correcte mais oubliable, le rythme du livre est à s'endormir en quelques secondes, la trame est banale, prévisible et j'ai déjà du mal avec les ennemies to lovers lambda, celui-là ne m'a absolument pas convaincue... Une grosse déception, en somme.