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EAN : 9782021518771
576 pages
Seuil (12/04/2024)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Grady Kendall a quitté son Maine natal pour se rendre à Hawaï où il a accepté un poste de gardien. Trouver en emploi en pleine épidémie de covid, une aubaine ! Son job : veiller sur la villa cossue d’un milliardaire pendant que ce dernier s’exile sur la péninsule indigène d’Hokuloa pour ses projets immobiliers.

Dès son arrivée, dans une île vidée de ses touristes, Grady est préoccupé : non loin de son lieu de travail se trouve un bunker où les noms de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce roman, que l'éditeur même décrit comme un « thriller fantastique », était une énième trouvaille au catalogue de Lirtuel, la bibliothèque belge francophone en ligne dont j'ai déjà parlé plus d'une fois. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Pour tout dire, je l'avais emprunté à cause de sa couverture quelque peu interpelante et qui ne me déplaît pas, et parce qu'il était parmi les nouveautés et que, à ce moment-là, j'avais encore le droit d'emprunter un livre de plus que ceux déjà en cours.

Je n'ai pas été déçue de ma lecture, au contraire, mais je ne la qualifierais pas non plus de révélation à lire absolument. En réalité, on a là typiquement un « roman d'ambiance », où l'autrice s'attache très fort à suivre les personnages au jour le jour dans leurs moindres faits et gestes, dans une atmosphère décrite au cordeau – ce n'est certes pas ennuyeux, à aucun moment dirais-je même, mais ainsi l'action n'avance guère : ce n'est qu'à 75% que l'histoire s'emballe (enfin !) pour une fin qui garde une part de non-résolu, malgré son goût de happy end. Un thriller fantastique façon soft, donc, même si certains passages font froid dans le dos !

On rencontre ainsi Grady, jeune charpentier sans envergure, entouré d'un petit groupe d'amis un peu douteux (dont son frère) mais sur qui il sait pouvoir compter. Il vivote de petit boulot en petit boulot, mais se retrouve sans activité lors de la pandémie de covid – qui est très centrale dans ce livre… pourtant publié en 2022 en vo, alors que les confinements étaient terminés depuis un moment ! Ainsi, lorsque Grady tombe par hasard sur une annonce recherchant un gardien pour la propriété d'un milliardaire installé à Hawaï, après avoir enjolivé son CV, il pose sa candidature, lui qui n'a jamais été au-delà des frontières de son Maine natal… et obtient le poste quasi aussitôt !
Sur place, il découvre une propriété immense, avec à l'intérieur une gigantesque volière abritant des espèces rares d'oiseaux endémiques de l'île… soi-disant pour leur conservation, ce qui n'empêche pas que, malgré la grandeur du lieu, les oiseaux y sont enfermés ! Mais il apprend aussi que son patron, le richissime Wes Minton, passe l'essentiel de son temps sur son autre propriété, inaccessible à qui que ce soit, sur la péninsule d'Hokuloa, théoriquement terre indigène intouchable mais les milliards de dollars permettent tout…

Cependant, Wes Minton ne lui laisse à peu près rien à faire, si bien que Grady s'ennuie à mourir. Dès la fin de sa quarantaine, apparemment très sérieusement observée à Hawaï, il alterne les visites aux quelques connaissances qu'il s'est faites depuis son arrivée sur l'île, tout en s'inquiétant pour sa santé mentale, lui qui pense avoir vu un chien étrange qui lui a fait une peur terrible, dès sa première nuit, et qui ne va cesser de le hanter. En effet, après quelques recherches, il pense avoir découvert qu'il s'agirait du fameux Kaupe, être maléfique des légendes hawaïennes, qui attire les gens pour les tuer… mais qui, bizarrement, ne semble pas vouloir le tuer, lui, Grady (si seulement ce Kaupe « existe » vraiment !).
En outre, il s'inquiète d'un bunker sis sur son chemin entre la propriété dont il est le gardien et la ville la plus proche : un bunker où sont écrits les noms des trop nombreux disparus de l'île, régulièrement effacés, mais réapparaissant tout aussi régulièrement. Quand une jeune femme, Jessica, qu'il a brièvement rencontrée dans l'avion avant d'arriver à Hawaï disparaît à son tour, il se met peu à peu en tête d'élucider ces disparitions…

Comme je disais : il ne faut pas attendre de folle action de ce livre. L'essentiel se passe dans la tête et/ou dans le quotidien de Grady, personnage sans envergure disais-je plus haut, mais pas inintéressant pour autant. Avec son habitude d'avoir vécu de petites combines et autres boulots au fil des opportunités, il est adaptable à toute nouvelle situation. Il s'intéresse à la nature, a d'ailleurs suivi une formation de guide dans son État natal, et est fasciné par les oiseaux de la volière autant qu'il s'interroge sur le fait qu'ils soient ainsi « en cage », aussi gigantesque qu'elle soit. C'est aussi un manuel, capable de 1.001 travaux divers et variés sans jamais rechigner à la tâche, plein d'idées pour améliorer son environnement et celui de ses amis, prêt à aider quand il peut… si du moins il n'est pas en train de cuver l'une des très nombreuses bières qu'il donne l'impression de boire sans fin tout au long du livre – à croire que l'autrice a été sponsorisée par Pabst (Blue Ribbon) !

C'est aussi à travers ce personnage, au départ insignifiant, mais qui se révèle à lui-même tout au long de l'histoire, que l'autrice aborde toute une série de thèmes qui, malgré leur très grande diversité, se tiennent les uns ou autres sans jamais perdre le lecteur. J'ai cité plus haut la pandémie de covid et tout le mal qu'elle a fait aux relations sociales, en général.
Le deuxième (ou sur pied d'égalité!) thème central, qui s'éparpille en plusieurs sous-thèmes, est bien entendu l'île d'Hawaï, dont l'autrice démontre une connaissance approfondie (sans doute à la suite d'un énorme travail de recherche, et alors c'est remarquable) : elle nous parle des autochtones, qui se considèrent comme légitimes s'ils ont ne serait-ce qu'un arrière-arrière-arrière-grand-père natif de l'île, par opposition aux haole, les non-îliens (pour une comparaison beaucoup plus proche de chez nous, on croirait parfois qu'elle parle d'une certaine image qu'on peut avoir de la Corse !). Elle soulève à quel point ces haole, que les Hawaïens de souche ont tendance à mépriser, sont pourtant indispensables à la survie de l'île, à travers une industrie de tourisme « de façade » - entendez : qui montre la mer, les plages et les quelques beautés de la nature accessibles, autrement dit rien de ce qui ressemble au quotidien véritable des habitants - ; une industrie en plein effondrement à cause de la pandémie.
Elle montre aussi un véritable intérêt pour la protection de la nature, cet environnement tellement particulier et extravagant à Hawaï, mais aussi en danger, comme partout ailleurs sur la planète. Elle révèle par exemple (dans l'histoire même, et le confirme en note à la fin du roman même) que certaines espèces d'oiseaux, considérées comme (quasi) disparues, ont été retirées récemment de la liste américaine des espèces menacées d'extinction, car plusieurs de ces espèces ont été « retrouvées » à Hawaï, et leurs populations seraient actuellement suffisantes pour ne plus susciter d'inquiétude. Elle pose la question, aussi, on l'a compris, de l'opportunité ou non de garder ces espèces menacées en cage, sous prétexte de protection.

Mon seul vrai regret, finalement, est un récurrent et concerne davantage l'éditeur que l'histoire même : on a là une autrice américaine, avec une histoire se déroulant aux États-Unis… et paf, le lecteur francophone est censé comprendre d'emblée où est le Maine et quelles sont ses particularités, à quelle distance se trouve Hawaï, comment y arriver depuis le Maine (vous saviez, vous, que c'est apparemment « normal » de passer par Los Angeles ?). J'ai beau parler un anglais suffisamment courant et lire de nombreux romanciers américains, je ne suis pas passionnée par ce pays (ce n'est pas obligatoire quand même ! si ?), et suis bien incapable de situer les différents États, à peine quelques-unes des plus grosses villes. Je continuerai donc de réclamer que les éditeurs donnent quelques indices, évitant ainsi aux lecteurs francophones de perdre leur temps à essayer de visualiser où se passe l'action, alors qu'une seule petite page avec une carte des États-Unis (avec Hawaï aussi), aurait résolu bien des questions géographiques, qui n'entravaient certes pas, pas tout à fait, la compréhension du texte, mais qui l'auraient rendu plus fluide pour les lecteurs non avertis – ce que je revendique !

Tout cela étant dit, sachez que, si vous espérez un roman d'action ou un thriller plein de suspense jusqu'à un dénouement en fanfare, ce livre vous décevra. Même pour moi qui n'en attendais rien de particulier, le manque d'action pendant les trois premiers quarts de la lecture, a eu quelque chose de déroutant – sans pour autant m'ennuyer, je le répète ! Quant à dire le moindre mot sur le dernier quart, ce serait complètement divulgâcher, donc je vous laisse voir…
Je peux donc dire que c'était un bon livre, plein d'une ambiance de mystère qui s'épaissit peu à peu, tout teinté de vieilles légendes hawaïennes qui sont présentées par petits bouts, suffisamment pour être compréhensibles, sans devenir assommantes ; et le tout invite le lecteur à entrer de plus en plus profondément dans la façon de vivre, de penser, de ressentir d'un haole certes, mais un haole peu à peu fasciné par cette île apparemment magnifique et pourtant si peu connue qu'est Hawaï.
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Grady Kendall n'a pas de petite amie, pas de travail, pas vraiment d'occupations, le COVID commence à s'installer et la pandémie fait peur. À part quelques petits boulots de temps en temps, ses journées sont plutôt mornes. Alors lorsque son frère lui envoie la capture d'écran d'une annonce assez originale, il se demande bien ce qu'il va faire.
Ce qui est proposé, c'est un poste de gardien à Hawaï. L'horizon étant plutôt bouché avec le virus qui traîne, il répond par mail, en arrangeant un peu son curriculum vitae. On ne sait jamais, peut-être que ça débouchera sur une belle expérience ?
Quelques échanges rapides et c'est fait. Il se retrouve dans l'avion. Son job ? Surveiller la villa d'un milliardaire passionné d'oiseaux, de poissons, et qui a décidé de mettre plein d'actions en place pour les protéger. Cet homme, Wesley Minton, s'isole régulièrement loin de sa demeure. Il est alors sur la péninsule d'Hokuloa où il gère différents projets avec la consigne de ne jamais le déranger.
C'est Dalita, parfois gardienne « en dépannage », qui récupère Grady à l'aéroport et l'accompagne jusqu'à l'habitation du propriétaire. Pendant le trajet, elle lui montre les lieux et lui parle des difficultés de l'île. Hawaï ce n'est pas que les plages, le surf et le soleil. C'est également des sans-abris, du chômage, des familles qui galèrent. Cela interpelle le jeune homme, comme le bunker avec le nom des personnes « disparues »… Qui sont-elles ? Que leur est-il arrivé ?
Grady commence les différentes tâches auxquelles il doit se consacrer. Ce n'est pas trop compliqué et le temps passe. Quelques incidents le questionnent. Il décide d'en avoir le coeur net et observe avec acuité mais il doit être discret, prudent et rester à sa place. Au fil des pages, il gagne en maturité, son séjour l'oblige à aller plus loin que sa petite vie tranquille. C'est édifiant et sa personnalité s'étoffe.
Ce livre est très bien écrit (merci à la traductrice). L'intrigue va crescendo, c'est intéressant car plusieurs thèmes sont abordés. La préservation de la nature, l'impact du tourisme, la vie des îliens. L'atmosphère sur place est bien décrite, les relations entre les protagonistes aussi. On sent les tensions dues au COVID qui fait peur, qui modifie les rapports humains, qui empêche certains d'être naturels. C'est évidemment très réaliste.
J'ai apprécié que l'auteur prenne le temps de poser ses personnages, de présenter les lieux, le contexte pour qu'on pénètre dans son univers. La légère dose de surnaturel ne m'a pas dérangée, au contraire, elle est tellement bien intégrée au récit que c'est absolument parfait. de plus, elle ne prend pas trop de place, c'est dosé juste comme il faut. Les références sur l'environnement sont ciblées et en fin d'ouvrage, Elizabeth Hand précise ce qui est réel ou imaginaire.
J'ai ressenti beaucoup de plaisir avec cette lecture. le suspense et les rebondissements maintiennent notre attention, nous permettent de rester au coeur de l'histoire car on s'interroge sans cesse en se demandant ce qu'il va se passer.
Je ne connaissais pas cet auteur et je suis enchantée de ma découverte !

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
En terrain inconnu, toujours écouter les gens qui en savent plus que toi.
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Grady pensa à ces arbres centenaires coupés à blanc par ces crétins du Massachusetts qui, en dépit de la loi, tenaient à ce que rien ne vienne troubler le panorama dont ils jouissaient depuis le balcon de leurs résidences secondaires. Les gens pouvaient être d'une stupidité...
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