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EAN : 9782843045110
61 pages
Zulma (06/05/2010)
3.78/5   30 notes
Résumé :
La rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, dans le cadre d’une vaste initiative nazie, avait pour nom de code « Opération Vent printanier ». Sur ordre du gouvernement de Vichy, policiers et gendarmes français arrêtèrent à leur domicile quelques treize mille hommes, femmes et enfants, dès les premières heures de l’aube. Internés au vélodrome d’hiver et au camp de Drancy, ils furent tous déportés à Auschwitz-Birkenau dans les jours ou les semaines qui suivirent,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Les 16 et 17 juillet 1942 la France basculait dans la honte, dans le sordide, dans l'inexcusable, l'inexpiable... dans le crime de masse et la complicité zélée avec le mal absolu.
Les 16 et 17 juillet 1942 l'État français et ses fonctionnaires de police raflaient près de 13 000 Juifs dont 4115 enfants.
L'histoire a donné à ces presque deux jours d'ignominie le nom de Rafle du Vel d'Hiv, car c'est au Vélodromme d'Hiver ( bâtisse à 800 mètres de la Tour Eifel ) que furent enfermées dans des conditions dantesques les familles juives promises à la déportation et au camp d'extermination d'Auschwitz.
Il y a donc quelques jours, nous avons commémoré le quatre-vingtième anniversaire de cette monstruosité française.
Pour ma part, j'avais coécrit une chanson l'année dernière avec Henri Franceschi sur ce sujet si délicat ; je laisserai le lien pour ceux qui voudraient l'écouter au bas de cette page.
Cette année, j'ai tenu, par devoir d'histoire... certains disent que l'expression devoir de mémoire est malvenue lorsqu'on n'a pas "vécu" l'évènement...à lire certains ouvrages ( j'en ai lu pas mal tout au long de ma vie ).
Parmi ceux-ci, le petit recueil de nouvelles d'Hubert Haddad intitulé - Vent printanier -.
Vent printanier était le nom de code donné par les instigateurs du crime.
Ce petit recueil se compose de quatre petites nouvelles ayant pour point commun la Rafle... et un enfant...
Elles ont été écrites par un écrivain poète et il est plus qu'évident après lecture de dire que j'ai lu quatre nouvelles bouleversantes rapportées par une plume éminemment poétique.
Quelques exemples pour illustrer mon propos.
" le parfum des lilas ouvrait des perspectives dans la mémoire. Il avait vécu en des lieux semblables, avant la guerre, avant l'hiver du temps. Depuis lors, même en plein été, il n'avait plus cessé de grelotter. Il claquait des dents au grand soleil, incapable de se défendre des brumes glacées d'autrefois."
Je ne sais pas vous... mais moi, ça me file la chair de poule !
Une expulsion d'un camp tzigane par la police... de nos jours...
" Michaï jeta un coup d'oeil sur l'esplanade abandonnée. Un feu éteint entre quatre pierres, des chaussettes accrochées à un fil, un bidon d'eau, des baguettes de pain détrempées... L'expulsion avait dû être expéditive. C'était presque toujours ainsi : les autorités locales chassaient les descendants des martyrs pour honorer ceux-ci en paix."
Ça ne vous rappelle rien ?...
La Rafle.
" Son père criait vers elles ; il leur disait : " N'ayez pas peur !"
Boulevard de Ménilmontant et dans l'ensemble du quartier, comme partout en France occupée, ceux de Pologne, de Roumanie ou du diable Vauvert furent arrêtés, parqués, convoyés, les Juifs à accent, les artisans, les femmes enceintes, les vieillards. Les portières des fourgons claquèrent dans un bruit sec, irrévocable, sur toute une vie de bonheur inquiet.
C'était fini, il ne devait jamais les revoir, ni son père ni sa mère. Et ses soeurs filiformes ne cesseraient plus de s'éloigner dans son souvenir comme les lignes d'arbres d'une route à l'horizon.
Seul, il avait échappé à la rafle du Vel d'Hiv, grâce à un peu de sable ramassé avant l'aube pour la litière du matou qui l'avait vu naître.
Le chat de la maison s'était enfui.
Ses soeurs et sa mère n'avaient désormais pas plus de réalité que les nuages. Soixante-sept années s'étaient écoulées.
Il entendait toujours son père leur crier " N'ayez pas peur !"
Bouleversant !
Et enfin ces mots qui disent tout.
" Après cela, comment garder mémoire de ce qu'aucun humain n'a connu, en aucun monde ?"
Des mots qui transpercent tous les pores de ma chair.
Ces quatre nouvelles s'intitulent Meranda ou le devoir de mémoire, Vent printanier, La nuit du fou, Chasse aux lièvres.
Toutes les quatre sont denses et riches d'émotion(s), écrites dans une langue à l'esthétique douloureusement sublime.
J'ai beaucoup aimé ce petit recueil que je recommande vivement.
https://www.youtube.com/watch?v=DdQJ7oMJ2tw&t=4s



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Au travers de quatre très courtes nouvelles, Hubert Haddad, écrivain poète, se fait le chantre des millions d'hommes disparus aux heures les plus obscures de l'humanité : afin qu'on n'oublie pas, afin qu'on garde en mémoire ce dont nous sommes capables, il évoque l'indicible avec délicatesse et suggère avec pudeur le calvaire de familles écartelées et d'enfants abandonnés.
Hubert Haddad parle des survivants, et ce terme semble très approprié lorsqu'il évoque des vies hantées, passées à tenter d'oublier l'horreur ou à essayer se souvenir des disparus.
Il rappelle doucement que le sifflement d'un train de marchandises, une gare désaffectée, un uniforme, une chasse au lièvre, peuvent douloureusement ramener au présent des souvenirs enfouis mais jamais oubliés.
Un très joli petit livre à lire et à relire.
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Vent printanier est un tout petit livre découpé en quatre nouvelles très courtes et qui ont pour sujet commun la rafle du Vel' d'hiv'. le nom du livre est en réalité le nom de code de cette opération qui s'est déroulée en 1942 lors de la Seconde Guerre mondiale, lors de l'occupation et du régime de Vichy.

Cette époque m'a toujours énormément intéressé et j'adore lire des choses dessus parce que je ressors toujours profondément bouleversée et tout simplement, je trouve ça important de lire des écrits qui portent sur le passé, ça permet de ne pas reproduire les mêmes erreurs - en tout cas c'est comme ça que je le vois !

Donc voilà que j'entre dans une lecture qui évidemment n'est pas facile, mais qui n'est pas non plus à la hauteur d'Au nom de tous les miens de Martin Gray question tristesse, vérité, douleur.
Oui, ce livre n'est absolument pas un regroupement de petites histoires vraies, ce sont des histoires fictives qui peuvent tout à fait avoir un fond de vérité, comme c'est si bien dit dans le livre : "Hubert Haddad écrit ces histoires vraies de tout leur poids imaginaire".

Hubert Haddad s'est rendu sur place, au Vélodrome d'hiver pour écrire ces histoires, là où les personnes arrêtées par la police française ont été emmenées avant d'être ensuite déportées à Auschwitz-Birkenau. Évidemment, ce ne sont pas des nouvelles faciles, elles possèdent l'empreinte du chagrin, du souvenir, mais forcément ça n'a pas eu le même impact sur moi que lors de récits qui sont des témoignages directs.

Mais sans être fondé sur des évènements dont on sait qu'ils se sont passés, Hubert Haddad essaie tant bien que mal de faire parler ceux qui ont survécu, ceux qui ont survécu mais qui ne sont pas forcément vivants - Charlotte Delbo fait toute une comparaison entre les mannequins de vitrine et les femmes/hommes déportés à ses côtés, eux-mêmes ne sont plus vivants, à ce niveau de détresse.

Pourtant, malgré tout, l'auteur nous livre quatre nouvelles agréables qui font revivre, le temps de quelques pages, les souvenirs, les fantômes qui hantent encore aujourd'hui, et ce, pour toujours.
J'ai particulièrement aimé la troisième nouvelle La nuit du fou ou les sonneurs de l'ancien monde que j'ai trouvé vraiment très bien écrite et pleine d'émotions. Je ne dis pas que les trois autres ne sont pas bien écrites ou autre, simplement que j'ai été plus sensible à cette histoire.

Mon avis en intégralité sur le blog :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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C'est par de courtes nouvelles que l'auteur parle de cet événement terrible et honteux qu'est la rafle du Vel d'hiv'. Quatre nouvelles aussi poignantes les unes que les autres, avec une mention spéciale pour la seconde qui donne son titre au livre. Mention spéciale, parce qu'elle est reliée de manière directe à l'actualité. Michaï, vieux musicien rescapé des camps, le seul de sa famille à avoir échappé cependant à cette rafle, rencontre Nicolaï, jeune musicien tzigane, qui lui, a évité le démantèlement du camp dans lequel il vivait. Ce camp a été détruit deux jours avant la commémoration de la rafle du Vel d'hiv'. L'auteur rappelle fort justement que les tziganes furent aussi les victimes des nazis et qu'ils furent déportés, reconnaissables au triangle marron qu'ils arboraient en lieu et place de l'étoile jaune.
A notre époque où il est courant et quasi "normal" de démanteler des camps de Roms, de renvoyer les étrangers en situation irrégulière, sans s'occuper de savoir ce que deviendront tous ces gens, il m'apparaît sain que des écrivains prennent leurs plumes et écrivent sur les pires heures de notre histoire. La finesse d'Hubert Haddad est de lier les événements vécus par ses personnages à des époques différentes. Sa finesse est aussi à trouver dans son écriture, toujours très soignée aux mots choisis et pesés. Point d'envolées lyriques, mais des propos justes et précis. Néanmoins le texte ne manque pas de poésie, dans les descriptions, dans les rêves et pensées des personnages.

D'Hubert Haddad, je connaissais déjà -et j'avais beaucoup aimé- Palestine et son dernier roman -mais là, je n'ai pas réussi à aller au bout- Opium Poppy, toujours chez Zulma.

Un petit livre pour un grand message normalement universel : "Ce qui mûrit le mieux au monde, ce sont les rencontres." (p.34). Encore faut-il qu'on veuille rencontrer autrui, me permettrais-je d'ajouter.

Une nouvelle fois les éditions Zulma éditent un incontournable et cette-fois-ci en plus de l'être il est également court et lisible par tous et accessible puisque seulement à 4.50 €. Donc aucune raison de passer à côté.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Voilà un petit livre (62 pages) qui regorge de belles phrases, de mots justes qui s'assemblent pour créer chez le lecteur des images fortes. C'est beau et c'est douloureux.

« Vent printanier » est le nom de code de la rafle du Vel' d'hiv' des 16 et 17 juillet 1942.

Les quatre nouvelles de ce livre mettent en scène des enfants qui ont subi la cruauté des hommes ou qui ont eu la chance, au détour d'un chemin, de rencontrer un être humain plein de mansuétude.

Dans ces textes, l'auteur fait un parallèle entre ce qui est arrivé aux Juifs et aux tziganes durant la seconde guerre mondiale et ce qui arrive aujourd'hui à ces mêmes tziganes. Il le fait avec le talent de celui qui sait conter des histoires.

« Un feu éteint entre quatre pierres, des chaussettes accrochées à un fil, un bidon d'eau, des baguettes de pain détrempées… L'expulsion avait dû être expéditive. C'était presque toujours ainsi : les autorités locales chassaient les descendants des martyrs pour honorer ceux-ci en paix. » Paradoxe cruel !

J'ai beaucoup aimé sa façon de mêler les époques, pour bien montrer que ce qui était vrai hier, l'est, malheureusement, toujours aujourd'hui.

J'ai lu chaque nouvelle deux à trois fois, pour bien m'en imprégner, pour les déguster, pour mieux les apprécier.

Un petit livre rempli d'humanité. A lire absolument.
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
“Il savait où sa flânerie allait fatalement le conduire, comme chaque année aux beaux jours, mais il voulait goûter aux minutes qui précèdent; Où qu’il allât, ceux qui peuvent vous sauver. Des grappes de fleurs croulaient par-dessus un muret de pierres ; cette senteur prenait insolemment la tête. Comment la nature pouvait-elle renaître sans foudroyer chacun de nostalgie ? A ce moment, il crut entendre couiner un harmonica et tourna les yeux vers les grilles des villas, de l’autre côté. Mais il n’aperçut qu’un chat sur un poteau de ciment ; la courte perspective d’un jardin, avec ses plates-bandes et ses charmilles le rappela à la profondeur du mystère que révélait, plus labile qu’une brise dans les lilas, le moindre déplacement de ses pensées.”

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Toutes le fleurs des jardins ne sauraient cacher les charniers de la mémoire;
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Après cette nouvelle journée d’enquête, la mille et unième depuis la fermeture de son atelier, il redoutait le gouffre du sommeil, cette chambre noire inopérante où défilaient à l’infini des images fugitives, silhouettes filiformes, visages creusés, orbites sans fond, regards où toute mémoire s’effondre en noirs éclats de panique.
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Le parfum du lilas ouvrait des perspectives dans la mémoire. Il avait vécu en des lieux semblables,avant la guerre,avant l'hiver du temps.Depuis lors,même en plein été, il n'avait plus cessé de grelotter. Il claquait des dents au grand soleil, incapable de se défendre des brumes glacées d'autrefois.
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Ses nuits étaient hachées de rêves identiques et d’éveils en sursaut, comme si aucune trêve ne devait suspendre l’espèce d’investigation indéfinie à quoi se résumait sa vie, qu’elle fût consciente ou chimérique.
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Videos de Hubert Haddad (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Haddad
Avec Katerina Apostolopoulou, Caroline Boidé, Bruno Doucey, Mohammed El Amraoui, Hubert Haddad, Marie Pavlenko & Murielle Szac Accompagnés par le musicien Issa Hassan
Prenez le mot Grâce. Soupesez-le pour en estimer la richesse de sens. Puis déployez-le, en éventail, de manière à faire apparaître ses innombrables significations. Qu'y a-t-il au-delà de ce don accordé, de cette faveur ou non divine ? Un état, un moment, l'extase. Une supplique, une embellie, d'autres extases encore. Sans oublier ces vies que l'on épargne, ce coup souvent fatal, ces inquiétudes et cet accueil, le consentement ou le refus. Les uns disent « Grâce à Dieu », tandis que d'autres ne croient qu'en la chaleur d'une main dans la leur. Mais de textes en textes, de mots d'amour en chants des morts, de cimes en abîmes, les 118 poètes de cette anthologie entonnent sans relâche la grande partition de la vie. Et s'ils viennent de tous les horizons – si elles viennent, car plus de la moitié sont des femmes –, c'est pour dire d'une voix multiple et une : Gracias a la vida !
À lire – Grâce… Livre des heures poétiques, Anthologie établie par Thierry Renard & Bruno Doucey, éd. Bruno Doucey, 2024.
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