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EAN : 9782268079134
416 pages
Les Editions du Rocher (15/02/2017)
4.27/5   13 notes
Résumé :
Sept femmes autour d'une table bien garnie célèbrent la « Journée des femmes ». Parmi elles, Lyane, la narratrice, seule Française dans le groupe...
Nous sommes à Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan (ancienne Tartarie, comme on désignait autrefois cette Asie centrale lointaine et mystérieuse), le 8 mars 2014.
Sous forme d'interviews et de récits croisés ou emboîtés, un peu à la manière des Contes des Mille et une nuits, Lyane Guillaume nous entraîne da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le génie de la boîte à livres a encore frappé en me mettant entre les mains ce livre sorti d'une cabine téléphonique recyclée dans ma campagne beauceronne. Pour la lectrice curieuse que je suis, l'étincelle de magie qui fait surgir des livres improbables de lieux qui ne le sont pas moins, créé un plaisir inédit et un peu coupable par l'addiction qu'il entraîne !

Bref un beau jour je découvre cette couverture qui m'évoque aussitôt le décor d'un restaurant ouzbek ou j'ai récemment mangé la meilleure salade d'aubergines de ma vie... et beaucoup d'autres bonnes choses. Je suis attirée, même si j'ignore tout de l'autrice et du livre. Mon instinct ne m'a pas trompée, le projet de Lyane Guillaume avec ce titre, Mille et un jours en Tartarie, est bien de faire découvrir l'Ouzbékistan où elle a vécu quelques années aux côtés de son mari, diplomate. J'embarque aussitôt pour ces contrées qui me font rêver !

Est ce que l'objectif est atteint ? Un grand oui. En refermant le livre, on a appris beaucoup, compris beaucoup, mis en cause de nombreux préjugés, et passé un excellent moment. Plusieurs récits et plusieurs époques, s'entrecroisent au fil des chapitres, et forment un tout foisonnant, cohérent et passionnant.
Lyane Guillaume écrit à la première personne et fait part au lecteur de ses hésitations, ses questions, son livre prend ainsi la forme d'une sorte de journal de voyage. Ce parti pris de l'autrice, en référence aux Mille et une nuits, tourne finalement beaucoup autour d'elle même, de sa personne, et c'est peut être ce qui m'a un peu gênée à la lecture.

Lyane Guillaume se met en scène dans ses relations avec les femmes dont elle est devenue proche lors de sa vie ouzbèke, tissant son récit entre confidences de ses amies et récits de vies de femmes, historiques ou légendaires. À travers ces morceaux de vie, bruts, violents, fascinants, sublimés ou fantasmés, se dessine l'identité de ce pays bien méconnu.
Les rapports ambigus entre les personnages des invitées au dîner "gap", leurs témoignages et leur façon de se confier m'a rappelé ma lecture récente du Decameron des femmes de Ioulia Voznesenskaia, dont la forme littéraire est cependant bien plus aboutie. Qu'importe, Lyane Guillaume m'a offert un voyage immobile, une magnifique fenêtre sur Tachkent et je lui en suis infiniment reconnaissante !
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L'avant-propos passe allègrement du plov, plat typique, à la genèse du titre de ce livre.

8 mars 2014, Lyane Guillaume qui vit depuis plusieurs années en Ouzbékistan, à Tachkent, est invitée chez Goulia à partager un gap entre filles pour fêter les cinquante ans de Chirine, soeur de Goulia.
Sept femmes se retrouvent autour d'une table-buffet dont la description peut donner le tournis. Lyane est la seule française.
Entre deux bouchées et deux verres de vin, les femmes se racontent, non pas chacune son tour, mais dans un joyeux brouhaha. Rien de mieux que ses conversations pour apprendre l'Histoire d'un pays.
En URSS, l'avortement a été légalisé en 1920 sous Lénine. Il est considéré come un moyen de contraception. A sa grande surprise, ses amies y ont eu recours quelque fois ou trop souvent.
« L'avortement y était un moyen de contraception comme un autre mais je n'imaginais pas qu'en Asie centrale, terre d'islam, il fut aussi répandu ».
Ces femmes adorent Poutine.
« Pour elles, les Russes, et plus encore les Ouzbeks, ne sont pas mûrs pour la démocratie, et un régime à pigne est ce qui leur convient. »
Ce qu'elles redoutent le plus ? L'avancée de l'islamisme, menace très grave pour elles, femmes Ouzbèkes.
« J'en arrivais à comprendre la prudence de mes amies, leur attachement à ce régime autoritaire et paternaliste qui les préservait d'une déferlante islamiste comme celle qui avait assombri, après la mort de leurs dictateurs, l'Irak, la Syrie, la Libye, l'Egypte… J'en arrivais à ne pas juger surfaite leur admiration pour Poutine qui, en protégeant le régime d'Assad, avait créé un cordon sanitaire pour l'Asie centrale. »
« Goulia me l'avait répété maintes fois : pour « ces gens-là » (elle parlait des combattants de Daech, Boko Aram ou Al-Qaïda), nous les Ouzbeks, nous ne sommes pas de « vrais musulmans. Chez nous, muezzin n'appelle pas à la prière, les femmes ne sont pas voilées. Nous aimons la vie sous toutes ses formes. »
Et puis, il y a Rano, qui s'occupe des maisons de Loubia et Lyane. Sa famille la marie à un cousin peu fortuné car à vingt-cinq ans, les partis se raréfient et il est hors de question de rester célibataire… On ne lui a pas demandé son avis. Qui plus est, elle risque d'être reniée car, au bout de quelques mois de mariage, Loubia n'est pas enceinte. Un grand écart entre Tachkent et le reste du pays et les amies de Lyane « libérées ».
Tout au long de ce long repas, je suis le récit de ces femmes, le récit de la Tartarie. Car Lyane Guillaume intercale l'histoire de Bibi, reine de Tartarie, de Tamara, danseuse de renommée mondiale, le destin de la mer d'Aral tuée par la culture du coton, le séisme de 1966…
J'ai aimé l'esprit du makhala, comité chargé de la gestion, qui distribue les aides sociales, organise le scrutin lors d'élections, gère la vie quotidienne du quartier.
La culture, l'histoire, la gastronomie de l'Ouzbékistan sont la somme de toutes les invasions turques, grecques, arabes, perses… pour finir par l'URSS. Lyane Guillaume donne vraiment envie de découvrir ce pays qui parait si chaleureux.
Les Mille et un jours en Tartarie raconte des histoires douces et violentes, modernes et archaïques, tristes et drôles, un livre gourmand, coloré, épicé, une lecture comme je les aime distrayante où les histoires racontent l'Histoire.
Livre lu dans le cadre de Masse Critique organisé par Babelio que je remercie pour cette lecture passionnante.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Tachkent, le 8 mars 2014, Goulia invite ses amies pour fêter l'anniversaire de sa soeur Chirine. La narratrice Lyane, française, prend des notes pour un futur roman. Au cours de la soirée chacune racontera son histoire singulière

A cette polyphonie se mêleront d'autres destins de femmes : celui de Rano, la jeune fille d'Andijan, traumatisée par le massacre de 2005, dont le mariage arrangé est suspendu à une éventuelle grossesse. Destin flamboyant de Tamara Khanoum, danseuse célèbre du temps de l'Union soviétique, arménienne qui exportait la culture de l'Union soviétique, comme les choeurs de l'Armée rouge, contribua à l'effort de guerre pendant la Seconde Guerre Mondiale. Bibi Khanoum - femme préférée de Tamerlan - construisit pour lui une mosquée gigantesque (que nous avons visitée quelques semaines après la soirée du livre).

Les histoires se mêlent comme les conversations à bâton rompu...

Lyane raconte l'histoire de l'Ouzbékistan, de sa période soviétique qui a marqué toutes les femmes présentes à la fête, de la Perestroïka et de l'indépendance de la République d'Ouzbékistan. Tachkent, grande ville cosmopolite abrita l'intelligentsia russe en 1941 pendant le siège de Léningrad. Les populations sont extrêmement diverses, ouzbeks, russes, tadjiks, coréens, juifs...les religions aussi, si l'Islam est majoritaire, les chrétiens sont aussi présents. mais c'est l'empreinte soviétique qui les unit.

Nombreux problèmes actuels sont abordés. La Mer d'Aral et de la culture du coton, la corruption et l'enrichissement des affairistes et des mafias. En filigrane aussi, le wahhabisme. le séisme de 1966 n'a pas encore été oublié. la reconstruction de Tachkent lui a conféré son urbanisme actuel avec ses grandes avenues, ses esplanades.

C'est une lecture très agréable et distrayante. Aux paroles des femmes s'ajoute aussi le défilé des plats de ce repas de fête, détails culinaires . J'ai retrouvé des goûts, des images pas encore oubliés. C'est le livre idéal pour préparer un voyage sur la Route de la Soie!

Moins dramatique que La Fin de l'Homme Rouge d'Svetlana Alexevitch, plus centré sur l'Ouzbekistan que Par les Monts et les Plaines d'Asie Centrale d'Anne Nivat qui sont deux témoignages majeurs. Mille et un jours en Tartarie est d'un abord plus facile.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Le récit débute à Tachkent, capitale de l'Ouzbékistan (ancien pays de Tartarie comme désignaient les Français au XIXème siècle ces lointains pays de l'Asie centrale. L'auteur explique le choix de son titre dans l'avant-propos de son récit-documentaire.
7 femmes racontent des histoires, leurs histoires chez leur amie Goulia, autour d'une table composée des meilleurs mets préparés en l'honneur de l'anniversaire de sa soeur Chirine ; elles célèbrent à leur façon la “journée des femmes” et nous livrent l'histoire de ce pays, leur pays.
A la manière des “Mille et une nuits”, l'auteur nous prend en otage en relatant toutes ces histoires d'hier et d'aujourd'hui. “Je m'obstinais à imaginer mon récit autour d'une table, dans l'atmosphère d'une réunion de femmes, rythmée par la succession des plats”.
Son récit va donc s'articuler autour d'interviews, de récits croisés de ces femmes qui ont marqué l'Ouzbékistan de leur empreinte.
On va parler de Rano, qui ne parle que l'ouzbek car en Ouzbékistan, seuls les gens éduqués parlent le russe. Rano qui va devoir accepter pour mari son cousin, Rano qui a assisté au “Massacre d'Andijan” en 2005 qui a fait plusieurs centaines de morts parmi les manifestants.
Il y a Zilola, pimpante business woman, accro d'internet, qui fait de l'import export de produits cosmétiques. Il y a le destin magique de Tamara Khanoum, première danseuse ouzbèke et qui fut adulée au temps de l'Union Soviétique. Sayora qui exerce le métier de médecin de campagne qui recherche son fils radicalisé. Toutes ces histoires se mêlent, s'entrecroisent comme une conversation à bâton rompu qui nous apprend toute l'histoire de l'Ouzbékistan aux 130 ethnies différentes et aborde les problèmes actuels, la corruption, la culture du coton, etc…
Récit aussi enrichissant que savoureux grâce au défilé des plats typiques détaillés qui nous mettent l'eau à la bouche.
Un roman choral qui se déguste !
Lien : http://dominique84.overblog...
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Lyane vit depuis deux ans à Tachkent, où elle s'est fait des amies. Autour du plov, le plat typique et de fête, celles-ci se racontent, illustrant le sujet des femmes d'Ouzbékistan.


Il y a d'abord Goulia, riche veuve d'un membre du parti. Puis Chirine sa soeur qui va fêter ses 50 ans, occasion de cette réunion.

Rano, la jeune employée de Goulia et de Lyane, partage quant à elle le sort de nombreuses jeunes femmes issues de familles modestes : forcée à un mariage arrangé, subissant les mauvais traitements de sa belle famille, la vie suspendue au fait de tomber enceinte rapidement, et d'un garçon bien sûr ! Avec elle qui a assisté à des événements sanglants et en est restée choquée, sont abordés des sujets plus politiques.

Zilola, Katia, Sayora et Lioubov… Toutes parlent tour à tour, évoquant leur vie mais à travers elle aussi l'histoire de ce pays, la culture, la politique… On y découvre des femmes fortes, assez libres, un peuple multiple et ouvert.

Ces confidences, recueillies par l'auteur, sont entrecoupées d'évocations de figures illustres, telle Tamara Khanoun, première danseuse ouzbèque à se produire sur scène.

Dans un joyeux brouhaha, une atmosphère de gaieté mais aussi de dureté parfois, les mots transmettent les sentiments, les émotions, les destinées. Entre les plats qui se succèdent à un rythme étourdissant, les bouteilles débouchées, les langues se délient, chacune attendant son tour pour se confier, se livrer.

Le résultat de cette cacophonie au sens propre est un mélange étrange. Car l'auteure évoque également par bribes le processus de création, les relectures, le choix du titre, du sujet… La juxtaposition des portraits de ses amies avec les évocations de figures illustres est un peu artificielle et j'ai trouvé moins d'intérêt aux secondes. Mais le tout forme une belle composition reflétant sans doute bien la multitude des situations en Ouzbékistan.

Dans un style bien particulier, Lyane Guillaume a su me faire découvrir, sous un prisme féminin et avec la chaleur de l'amitié, un pays que je ne connaissais pas du tout. Une jolie découverte.
Lien : https://mesmotsmeslivres.wor..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La chourpa de Goulia était célèbre dans tout le makhala. Faire bouillir pendant quatre heures à petit feu dans un grand faitout à fond épais des côtes d'agneau bien grasses mélangées à toutes sortes de légumes, cela sans oublier de prélever régulièrement à l'écumoire la couche blanchâtre et mousseuse qui se forme à la surface, voilà la recette de la chourpa, qu'on sert plutôt l'hiver surmontée d'une belle poignée de coriandre fraîche.
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Authentique ou légendaire, la fable qui va suivre témoigne de l'admiration que le redoutableTamerlan lui-même vouait à son épouse, et du rôle capital qu'elle jouait auprès de lui:
Le grand conquérant était déjà sur son lit de mort quand un sage lui demanda à qui il était redevable de sa gloire.
"À trois êtres, répondit-il. Ma femme d'abord. À la foi intuitive et généreuse, quand un ennemi s'annonçait, elle faisait dresser la table et servir un repas si délicieux que mon ennemi touché de cette hospitalité, devenait mon ami.
-Le deuxième?
-Ma femme encore. Pendant que je guerroyais, elle embellissait mon royaume de palais, jardins et minarets qui me comblaient de joie à mon retour.
-Le troisième?
- Ma femme toujours. Elle m'a donné des fils qui poursuivront mon œuvre et reprendront les rênes de mon empire."
L'histoire ne dit pas à laquelle de ses femmes cet hommage s'adresse. Tamerlan en eut dix-huit.
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Pour certains, l'Ouzbékistan ne s'est pas "construit", mot qui suggère le long terme, une lente et harmonieuse maturation, il a été « inventé », créé de toutes pièces en 1924 par les Bolcheviks pour qui "diviser pour régner" tenait lieu de stratégie. Sous l'égide de Staline, alors Commissaire pour les nationalités de la jeune URSS. les frontières en ont été fixées sans souci de cohérence, faisant fi des impératifs historiques et linguistiques. Officiellement, pas moins de 130 nationalités seraient présentes sur le sol ouzbek. On disait que le président Karimov lui-même, russophone, avait dû prendre des cours pour améliorer son ouzbek.
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"Il me semble qu'en France, poursuivit Goulia, l'avortement a été légalisé bien après nous"
Ah bon? Je fis un rapide calcul dans ma tête. La loi Veil, voyons... oui c'est cela, 1974. Déjà quarante ans.
"Et chez nous, presque un siècle!"
Chirine, juriste, avait prononcé ces mots sur un ton de triomphe. Jusqu'où va se loger la fierté ouzbèke. Et de me rappeler que la légalisation de l'avortement sur décret de Lénine datait bien de 1920, faisant de l'Ouzbékistan l'un des premiers « pays» du monde à avoir adopté cette mesure, décisive pour les femmes.
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La chourpa de Goulia était célèbre dans tout le makhala. Faire bouillir pendant quatre heures à petit feu dans un grand faitout à fond épais des côtes d'agneau bien grasses mélangées à toutes sortes de légumes, cela sans oublier de prélever régulièrement à l'écumoire la couche blanchâtre et mousseuse qui se forme à la surface, voilà la recette de la chourpa, qu'on sert plutôt l'hiver surmontée d'une belle poignée de coriandre fraîche. (p.114)
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