C 'est poussis et laborieux, j'ai eu du mal à aller au bout
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Et je t'ai laissé envahir ma vie, grignoter jour après jour l'espace dans lequel je m'étais glissée pour me protéger du monde et des hommes. Je t'ai permis d'entrer. Je t'ai ouvert grand la porte. Je ne me suis pas méfiée. J'ai pensé que le grand jour était arrivé...
La marée noire tournait en boucle dans les esprits…les hommes remâchaient entre eux la marée qui arriverait bientôt, dix jours, huit jours, personne ne savait…Pas de sortie en mer, pas de pêche, pas de projet…Ils étaient désespérés mais leur désespoir était teinté d’un sentiment pas ordinaire qui les maintenait en vie, ils vivaient un évènement tellement exceptionnel que cela suffisait à les faire tenir debout. Ils existaient plus que jamais, victimes innocentes sacrifiées sur l’autel du profit.
Mais tu t'es relevé au milieu de la nuit. Tu es sorti sur la terrasse et j'imagine que tu es resté là longtemps, assis à même le sol, à triturer des brindilles. Je ne suis pas venue te rejoindre comme je le faisais quand je t'ai rencontré. J'ai appris à t'abandonner. Je savais que tu pensais à elle, que tu tentais de lutter contre l'oubli, te remémorant les mots prononcés avant sa mort.
Les vacances s'écoulaient ainsi, tantôt paisibles, tantôt inquiétantes, et faisaient de moi un otage docile près de se briser à chaque instant. A force d'interpréter le moindre signe, de lire dans les pensées de chacun et de vouloir soulager les problèmes de tous, j'étais comme un linge qu'on essore. J'encaissais tous les coups.
Pour construire une vie nouvelle, il faut oublier. Il faut se souvenir aussi. Il faut accepter la part d'inconnu qui s'installe comme un danger. Comme une promesse aussi. Tu étais mon inconnu, mon énigme, celui que je ne parvenais pas à débusquer. Tu respirais près de moi mais ta respiration t'appartenait.
« Éditeur en marchant, écrivain en courant »
Avec Justine Lévy, Marie Modiano & Peter von Poehl, Éric Reinhardt, Anne Plantagenet, Isabelle Jarry, Teresa Cremisi, Capucine Ruat, nicole Lapierre, Jean-Louis Fournier...
Animation : Sandrine Treiner
Jean-Marc Roberts fut l'une des figures les plus flamboyantes des lettres françaises. Écrivain précoce, il publie son premier roman à dix-sept ans et découvre alors ce que sera sa vie : se mettre au service des auteurs et des livres. Immense découvreur de talents, il insufflera à la littérature audace et élégance, ne se souciant jamais de la bien-pensance. Pas de ligne éditoriale, plutôt un air de famille joyeusement recomposée qui lui ressemble. Il publie notamment Vassilis Alexakis, Didier Decoin, Christine Angot, Erik Orsenna, et aussi Nina Bouraoui, Philippe Claudel, Aurélie Filippetti, Jean-Louis Fournier, Brigitte Giraud, Luc Lang, Justine Lévy, Eric Reinhardt, François Taillandier…
À l'occasion du 70e anniversaire de sa naissance, cette soirée composera un portrait à son image, vivant et éclectique. Il y sera question de music-hall, de football et de cinéma, de Michel Piccoli et de Nathalie Baye, d'une petite femme et d'un père américain, des émissions de Jacques Chancel, Bernard Pivot et Pierre Desproges, de Hervé Guibert et de Jean Cayrol, de poker, de variétés française et italienne… et bien sûr de fêter la littérature.
À lire – Collectif, sous la direction de Capucine Ruat, “Je vous ai lu cette nuit”. Hommage à Jean-Marc Roberts, Albin Michel, 2023.
Son par William Lopez
Lumière par Iris Feix
Direction technique par Guillaume Parra
Captation par Claire Jarlan
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