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EAN : 9782290400845
160 pages
J'ai lu (06/03/2024)
3.73/5   453 notes
Résumé :
C'est par la traque puis la vengeance d'un fugitif que débute ce recueil de récits, et c'est dans l'énigme d'un meurtre inexpliqué qu'il se referme. Comme si une part de la vérité du monde — la plus inhumaine, celle qui stigmatise l'histoire intime ou collective —devait à jamais défier notre raison. De toutes époques et de tous lieux, les personnages de ce livre ont cette expérience en partage, qu'ils assument dans la proximité de la mort. Désespérés ou lucides, ils... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (56) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 453 notes
C'est un recueil de quatre nouvelles que nous offre ici Laurent Gaudé. On voyage avec lui, de Saint-Malo à New-York, en passant par Lisbonne et Maputo, la capitale du Mozambique. Mais ce n'est pas un voyage comme on pourrait l'entendre mais plutôt une exploration de l'âme humaine.
Dans «Sang négrier», Gaudé nous raconte l'histoire de ces esclaves noirs qui profiteront d'une escale à Saint-Malo pour s'enfuir et celle-ci mettra le capitaine du navire dans l'embarras.
Au «Grammery Park Hotel», on rencontrera ce vieil homme nostalgique de la femme qu'il a tant aimée et qu'il tentera de retrouver dans les couloirs de cet hôtel.
Le «Colonel Barbaque», détruit par la guerre, décidera de quitter la France pour s'installer en Afrique, emportant avec lui l'ivresse meurtrière.
Dans «La nuit Mozambique», on fait la connaissance de quatre amis qui ont pris l'habitude de se réunir autour d'un convivial petit plat préparé par l'un deux pour se remémorer les bons comme les mauvais souvenirs.

Même si j'ai trouvé ces quatre nouvelles inégales, il n'en demeure pas moins que tout le talent de Gaudé est avéré ici. Il réussit à donner une force incroyable à ces récits, empreints de nostalgie, d'amour, d'amitié mais aussi de complexité, de remise en question de soi, de la mort et de la nostalgie. La magie opère comme à chaque fois avec Gaudé... Il possède ce don de nous entraîner avec lui dans ses histoires, aussi cruelles soient-elles.

Dans la nuit Mozambique... lumineux...
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J'ai récupéré ce livre avant qu'il ne passe au pilon, en même tant que plusieurs autres. Donc, la couverture avait été retirée, ce qui donne à cet objet-livre un aspect un peu triste, simples feuillets brochés qui se déchirent à la moindre occasion. Mais l'essentiel, le texte, est préservé. de Gaudé, j'avais lu, il y a quelques années, "Sous le soleil des Scorta". Je n'avais pas vraiment aimé. Je trouvais l'écriture très prétentieuse. Comme si l'auteur avait voulu faire encore plus italien qu'un roman italien, usant de tous les clichés possibles pour nous faire ressentir le Mezzogiorno. du coup, ça sonnait faux. du moins pour moi. Et depuis, je me suis toujours interdit de relire du Gaudé. Mais là, à voir ce pauvre livre partir au pilon, je me suis dit que j'étais prêt pour retenter l'aventure Gaudé. Et bien m'en a pris car je dois reconnaître que ces quatre nouvelles sonnent cette fois très juste. L'écriture est toujours un peu trop baroque à mon goût, mais sert beaucoup mieux ces récits. Comme j'ai pu le lire dans d'autres critiques, on sent le questionnement et la quête existentielle des personnages. A part pour le deuxième récit, l'Afrique sert de toile de fond même indirectement pour provoquer ce questionnement. L'esclavage, la guerre, la nostalgie, sont des thèmes forts qui amènent tous les lecteurs à s'interroger sur le but de l'existence. Les intrigues sont bien menées et la chute toujours surprenante. Mais c'est le deuxième récit, celui de ce vieil homme à New York qui, à l'approche de sa mort, se souvient de la femme de sa vie et de sa folie, m'a le plus touché. Les nouvelles sont décomposées en courts chapitres, ce qui en facilite la lecture et donne l'envie d'en connaître la fin.
C'est donc un petit recueil de nouvelles que je ne peux que recommander.
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Quatre récits.
Quatre régions du monde : Saint-Malo, New-York, Afrique, Portugal.
Quatre hommes au déclin de leur vie, et même au seuil de leur mort.
Des vies lestées de souvenirs de traque, d'errance, de folie, d'amour, d'amitié.
Peur, nostalgie, violence, tout ceci traverse ces récits contés avec le brio et la poésie chers à Gaudé.

J'ai eu envie de les lire à voix haute, de les clamer, de les murmurer, de les mettre en scène, ces moments spéciaux.
Je me suis transportée dans ces endroits décrits avec justesse, avec amour, par Gaudé.
J'ai réfléchi au sens de la vie. Aux rencontres qui l'infléchissent. Aux expériences traumatisantes qui l'orientent vers un présent ébranlé.

Comme d'habitude, l'auteur catalyse l'essentiel de la vie.
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Etant d'un naturel à dire oui dès qu'on essaye de m'imposer non (ou le contraire), je dois dire que les auteurs à succès, dans leur majorité, me laissent froid, enfin pas intéressé. J'en ai vu passer de la critique de titres de Laurent Gaudé et forcément avec cet esprit de contradiction (un peu chiant pour tout le monde parfois^^) j'ai toujours fui, jusqu'à ce qu'un billet sur « de sang et de lumière » provoque un désir du genre vital. Ayant succombé avec délice au recueil de poésie, j'ai déposé les armes et suis allé enrichir ma PAL avec trois Gaudé. Restant sur une mauvaise expérience sur un bouquin de nouvelles d'un certain R. et n'ayant peur de rien, j'ai attaqué « Dans la nuit Mozambique », un recueil de… nouvelles.

Là, comme ça, à chaud… quel pied!!!
Quatre nouvelles où souffle un chaud effroi, quatre nouvelles où les vents contraires dépoussièrent les âmes consumées, quatre nouvelles ou la mort flirte avec le berceau de l'humanité, l'Afrique. Quatre fins de règne, quatre destins, des dizaines de souvenirs, des milliers de regrets, montant tels des volutes de fumée ressusciter les actes manqués.
Une profonde humanité parcourt ces pages malgré les lâchetés, la bêtise, l'innommable. Un rayon de soleil perce au coeur de la tempête intérieure de chacun, que ce soit par une vieille nappe en papier griffonnée sortie d'un placard de trente ans jusqu'à la mort attendue comme une délivrance.
Chacun est là devant ses faiblesses et trouve la force de ne rien oublier dans la confession de fin de parcours, chacun trouve le courage d'assumer ce qu'il a fait de sa vie.
Gramercy Park Hotel, la deuxième nouvelle, m'a juste laissé KO ou chaos, je ne sais plus très bien, tant l'impression d'avoir déjà baigné dans une atmosphère semblable par certains cotés a été présente. Secoué, essoré, j'ai adoré… avoir la gorge serrée.
Si Dans la nuit Mozambique la tragédie épuise le rêve, l'écriture de Laurent Gaudé permet au lecteur
de ne pas sombrer dans le cauchemar en restant éveillé au monde.
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Recueil de plusieurs nouvelles dont on retiendra surtout la merveille le sang négrier. On est plongé dans les tréfonds de l'âme d'un ancien commandant d'un navire négrier qui, alors qu'il mouillait à Saint-Malo, a vu son équipage d'esclaves disparaître.
Il nous raconte la chasse à l'homme qui en a suivie, l'aide apportée par une population enragée, prête à tout pour les retrouver, de leur capture, de leur châtiment, de leur condamnation. Sauf que l'un d'eux en réchappa. Un esclave qui, assoiffé de vengeance, jettera sur chaque membre de l'équipage une étrange malédiction, clouant sur leur porte, semaine après semaine, un doigt, accusateur, comme une menace, un avertissement, leur signifiant qu'il ne les laissera jamais en paix, qu'ils ne trouveront le répit qu'à l'heure de leur mort, qu'ils paieront pour les horreurs qu'ils ont commises pour abreuver les Européens de sucre, de fruits, de café, de coton.
Le texte de Laurent Gaudé (un de mes auteurs favoris) est fort, nous fait souvent froid dans le dos, nous prend à parti dans l'écoute de ce récit de l'horreur, de la violence de l'homme sur l'homme, de son comportement insensé.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (1)
LeFigaro
21 septembre 2011
Laurent Gaudé réussit à donner une force et une profondeur à ses récits. L'auteur excelle dans les portraits : ils ne sont jamais faits d'un seul bloc, il cherche à rendre la complexité de l'être humain.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Nous débarquâmes à Maputo la nuit même, comme prévu. Maputo, le diamant puant du Mozambique, la ville ivre où je voudrais mourir, assis à la terrasse d'un café crasseux d'où l'on voit la mer.
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Il fallait que croisse la démence pour que nous sortions de nous-mêmes.
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J'aurais du mourir là bas, dans les tranchées.
(...)
Et M'Bossolo... Le seul qui méritait d'avoir son nom gravé dans le marbre. M'Bossolo, disparu à jamais avec la fin minable des vrais désespérés. Je me souviens encore de la force de ses bras qui me tenaient serré sur son dos. La boue. Tout autour de nous. Il avançait, lentement, et je sentais,moi, qu'il ne céderait pas, que rien ne pourrait plus l'arrêter. Les tranchées s'ouvraient devant lui pour le laisser passer. La voix chaude de M'Bossolo me tirait des limbes et lavait déjà mes plaies. Cette voix que je n'ai plus jamais entendue.
(...)
Je suis devenu noir ce jour là. Lorsque le médecin a constaté le décès. Je n'ai rien dit. Je l'ai regardé une dernière fois. Je suis devenu noir dans la petite pièce étouffante de l'infirmerie où les malades toussaient comme des tuberculeux. Les nègres crèvent entassés les uns sur les autres. Ils crèvent d'être venus chez nous. Ils crèvent de subir cette pluie qui vous glace les os. Et d'obéir aux ordres de cette guerre dans laquelle ils ne sont pour rien. Ils crèvent là. Par obéissance. Et générosité. Et rien. Ni médaille. Ni merci. On constate leur décès avec la rigueur d'un gendarme. Renverra-t-on les corps aux familles? Non. Ces nègres là n'ont pas de famille. La patrie. Juste la patrie. Un cimetière municipal fera l'affaire. Je suis devenu noir en pensant que M'Bossolo allait avoir froid pour l'éternité.
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Je suis le dernier. Tous ceux à qui je pense, tous ceux qui peuplent ma mémoire, tous ces noms que je connais, qui me rappellent un visage, sont des noms de disparus. Je suis un vieux drogué. La longue pipe de ma mémoire, sur laquelle je tire des bouffées de passé, emplit mon âme de visages morts et de sourires blessés. Tu règnes au milieu d'eux tous, Ella. Vous m'avez tous abandonné. Je suis le seul en vie. Le dernier à tenir. C'est horrible de solitude. Plus personne qui se souvienne. Personne à qui je puisse dire ton nom. Vous êtes tous partis. Je pense parfois que j'aurais mieux fait de mourir avec toi. J'aurais évité trente ans d'oubli et de vieillesse. Si j'étais mort avec toi, nous aurions presque pu dire que nous avions vécu heureux. Ta vie fut trop courte et la mienne trop étirée. J'aurais pu abréger cette attente, mais je n'ai pas eu la force. J'aime la vie, même seul, même comme ça. Lorsque je serai mort, c'est vous tous qui, une seconde fois, disparaîtrez. Je vous repasse, un à un, dans mon esprit. Il n'y aura bientôt plus personne pour se souvenir de nous, pour savoir comment nous étions fiers et ambitieux, comme le monde était léger entre nos doigts d'enfants. Nous allons rejoindre le peuple des morts. Pourtant nous avons été jeunes, comme tous ceux là. La ville était à nous.
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C'était comme d'entrer dans un lieu saint . Il n'y avait pas d'orgue , pas de famille ni d'amis , nous étions seuls , mais c'était comme une cérémonie . Ce jour-là , à l'instant où nous sommes entrés , je t'ai épousée d'un serment secret . Dans cette cathédrale feutrée où des grooms diligents s'agitaient en tous sens , dans cette église du monde moderne , nous nous sommes mariés , sans apprêt ni prière , avec , simplement, le regard partagé des amants qui se désirent et se taisent . Une nuit de beauté . Nous avons mangé dans notre chambre . C'était une pièce vétuste . Le téléviseur était suranné , l'air conditionné faisait un bruit effrayant , mais la chambre était immense . Le lit aussi . Nous avons fait l'amour . Les cris poussés dans ces draps furent les plus beaux cris de ma vie . Tu as dansé sur le lit , à moitié nue , à moitié ivre . Je t'ai regardée longtemps . J'étais heureux . Tu le savais .Cette nuit est la nuit gagnée de notre vie . La seule , au fond , que nous ayons sauvée . Mais elle est là , dans mon corps , sur mes lèvres , au bout de mes doigts . Elle est là .Nous avions décidé de ne pas dormir . Tu me parlais de ce que tu voulais faire . Tu parlais d'un nouvel appartement , des enfants que tu voulais . Je te caressais les seins , tu me caressais la main . Au petit matin , nous nous sommes endormis . Tes rêves , alors , ont dû avoir la douce splendeur du sommeil des vainqueurs . La nuit du Gramercy , nous l'avons bue jusqu'à la dernière goutte .
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Vidéo de Laurent Gaudé
Au Grand Théâtre de la Colline se joue du 24 mai au 16 juin 2024 "Terrasses", un texte de Laurent Gaudé mis en scène par Denis Marleau. Un récit choral qui nous plonge au coeur des événements qui ont bouleversé Paris et la France entière le 13 novembre 2015.
À cette occasion, il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye.
Visuel de la vignette : THOMAS COEX / AFP et JOEL SAGET / AFP
#theatre #litterature #paris ______________ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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