Une évocation en BD de la (courte) vie et carrière de
Robert Johnson.
Robert Johnson, je résume pour les gens qui ne connaissent pas trop le blues, c'est un peu l'archétype du bluesman qui attire la mouise: Enfance misérable dans une plantation, une mère abandonnée avec ses enfants par son premier mari qui tente de joindre les deux bouts avec le père de Robert.. qui la quitte à son tour, le travail aux champs de coton pour un salaire de misère, un mariage qui se solde par un veuvage à 19 ans, et la tentative d'oublier tout ça en se réfugiant dans l'alcool.
L'alcool et la musique. Car Robert a une énergie vitale et une ténacité hors du commun, qui lui permettent de rebondir même après avoir essuyé des critiques négatives par le grand bluesman de l'époque, Son House.Non seulement il continue la musique qui lui permet de gagner quelques sous vites dépensés avec des filles ou en bouteilles, mais il se fixe l'objectif de devenir meilleur que les autres.
Un personnage donc pas très fréquentable, orgueilleux, provocateur, menteur qui entretien une fausse parenté avec Lonnie Johnson ( un presque homonyme assez célèbre à l'époque) et qui apprécie de se faire entretenir par les femmes, mais au vu de son passé, on pourrait difficilement le blâmer, lui.. et les autres musiciens évoqués dans cet ouvrage: Charley Patton, Peetie Wheatstraw, Memphis slim, Howlin' wolf, Elmore James.. qui tous ont puisé dans leur vécu pour alimenter leur répertoire.. sans même se rendre compte qu'ils apportaient individuellement une contribution à une oeuvre commune: la musique noire américaine, ici évoquée dans ses prolongements jusqu'à Clapton et aux Stones qui ont abondamment mis en avant cet héritage musical
Le tout étant, cerise sur la gâteau, narré par un personnage.. avec qui
Robert Johnson comme plusieurs autres prétendaient avoir passé un contrat, un soir, près d'un carrefour.. Vous le connaissez, je suis sûre que vous devinez son nom, il est ici depuis très longtemps et a damné beaucoup de gens...
j'ai donc choisi cette BD non pas tellement pour son sujet, puisque je connais assez bien les enregistrements de l'authentique robert Johnson et les grandes ligne de sa vie, mais pour l'ensemble: un beau livre relié, papier bien épais de qualité et un graphisme assez spécial, à la
Robert Crumb, où
Gilbert Shelton. du coup, à la lecture, j'ai eu l'impression que
Love in Vain est presque autant un hommage à la BD underground américaine dans sa forme qu' une évocation d'un lieu et d'une époque ( les états du sud dans les années 30) et d'un personnage réel, un des plus célèbres, parmi toute une foule d'autres musiciens, connus ou anonymes.
A lire donc, qu'on soit amateur de blues, de BD underground, d'humour noir ( l'accident de Peetie wheatstraw ne manque pas d'ironie!), ou simple curieux.
En écoutant bien sur le standard ultime de
Robert Johnson, "sweet home chicago",
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