« J'avais envie de retrouver un homme et une femme capables de se jeter dans le vide par amour. Parce que c'est vivre sans amour qui est l'enfer ».
Une nuit particulière n'est rien d'autre qu'un hymne à l'amour. le sauvetage de deux âmes à la dérive.
Aurore, la cinquantaine attend sur un trottoir parisien que son mari Olivier soit parti. Ce soir, il la quitte. Effondrée à cette idée après trente ans d'amour fou, il lui faut un amant de sauvetage, un amant du deuil. Ce sera cet homme à côté qui fume, Simeone. Un homme marié mais qui osera suivre cette sublime créature.
Découpé en deux points de vue, féminin et masculin, ce livre désarçonne. La notion de réel est obscure, les gestes, les mots, les regards nous rappellent ce temps des années folles où l'on se devinait encore du bout des yeux. Roman clos dans l'intimité la plus totale de ces deux amants comme en apesanteur dans leur rencontre romantico-tragique.
Une nuit particulière, c'est un autre monde où plus rien n'a d'emprise si ce n'est d'être aimé, mordu, léché avec des mots bleus comme seule ballade nocturne.
Dans ce 21è siècle, il m'a fallu un effort pour imaginer Aurore plus toute jeune qui croit dur comme fer que l'amour peut la sauver du vide. Ses manières, ses propos, ses répliques sont d'un romantisme tantôt impressionnant tantôt affligeant, je suis sceptique voyez-vous. C'est que j'ai perdu le goût à l'amour avec les années, surtout cet amour-là, romantique et absolu. Paris, ça fait longtemps, ne m'en veux pas mais je ne te connais plus vraiment. Tu en vois souvent toi des inconnus d'un soir qui s'accrochent à tes réverbères et tiennent ta nuit en otage ?
Aurore est sculptée comme une veuve éplorée dont la mélancolie semble infinie ; elle ne joue que sur des notes tristes et désenchantées.. Oui trente ans d'amour c'est lamentable. Ses pensées sont l'une après l'autre tragiques, ça plaira aux vaccinés de l'amour.
Il y a dans
une nuit particulière un goût de trop, de lourd, d'une chappe de plomb comme trop d'artifices pour dire si peu. Je ne trouve ni trop long ni trop court ce roman – c'est déjà ça… Il ne me touche pas autant qu'il aurait pu – parce que je ne possède plus la fièvre amoureuse ardente de mes trente ans – je suis quelque peu immunisée face à ces mots passionnés qui surabondent… Quand je lis j'aime souligner quelques passages marquants mais ici j'ai fini par abandonner – chaque phrase semblait taillée dans du cachemire.
Ca me rappelle un temps que les moins de quinze ans ne peuvent pas connaitre – Est-ce qu'on aime encore ainsi ? A l'ère du texto et des MDR, je ne sais pas s'il existe encore certains érudits qui peuvent rêver à cet absolu amour. le vivre encore moins.
Grégoire Delacourt a imaginé une parenthèse dans la vie de deux étrangers qui avaient besoin d'amour et de sauvetage. Il déploie tout son talent littéraire pour composer des lignes empreintes soit de mièvrerie sentimentale pour certains ou bien de la prose solitaire des grands poètes. Vous vous ferez votre propre avis.
J'ai lu ce livre avec un peu de nostalgie au creux du ventre car j'ai connu une vie où l'amour était tout pour moi. Je lui aurai donné mon sang et ma vie et des phrases entières d'envolées d'espoir fou.
Grégoire Delacourt est resté un éternel amoureux pour qui le mot doit danser avec la nuit, doit s'ouvrir comme une peau d'orange pour extirper ses saveurs exquises et qui oui, dégoulinent quelque peu.
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