Fi de l'auto-censure dans ce billet ! On y parle de sexes (notamment de prépuces), de religions, et de politique...
Alors que
Guillaume Meurice est victime des tentatives de censure de la part de son employeur, ce sujet est d'actualité. Il est reproché à l'humoriste d'avoir constaté que le premier ministre israélien se comporte à l'égard des Palestiniens de la bande de Gaza et de ceux de la Cisjordanie d'une manière incluant des abus autrefois commis par les nazis. A moins que l'état de la verge de
Benyamin Netanyahou ne préoccupe la direction de
Radio France ?
Malheureusement, le sujet de la censure est continuellement d'actualité.
Comme l'explique la revue, elle est souvent imputable aux pouvoirs politiques et à des autorités religieuses (ainsi qu'à quelques "fidèles) de confessions diverses.
Ainsi, les musulmans ont l'interdiction de représenter des images de Mahomet (570-632), et certains d'entre eux étendent cet interdit à tous... Je m'interroge à propos de cet interdit. le personnage était-il un petit gros avec un gros nez rond et de grandes oreilles, qui aurait pu conduire certains à le comparer à un cochon ? Ou bien était-il un grand chauve avec une cicatrice sur le dessus du crâne qui l'aurait fait ressembler à un gland lorsqu'il portait un col roulé ? Pour être franc, cette seconde hypothèse me semble très peu probable compte tenu du climat qui régnait là où le grand homme vécut. En tout cas dans chacune de ces hypothèses un lien ne pourrait-il pas être établi avec l'interdiction faite aux musulmans de manger du porc et avec la pratique de la circoncision ?
A défaut de mutilations génitales, la revue montre que l'iconoclasme était aussi de mise pour certains protestants, comme en témoignent des statues de Saints décapités sur la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Lyon. Il s'agit bien de mutilations, mais symboliques celles-ci. Ailleurs, ce sont les seins qui sont proscrits ("Absurde censure" de
Charlotte Abramow en 2018).
La revue montre la toile "Le Christ dans la maison de ses parents" (1850) du peintre anglais John Everett Millais, qui fût décrochée de l'exposition à la Royal Academy, probablement car elle montrait le Christ sous un aspect trop humain. A moins que ce ne soit parce que le titre de l'oeuvre pouvait laisser supposer que Joseph aurait été le père biologique de Jésus ? La revue n'avance pas cette hypothèse, et je la trouve pour ma part moins désobligeante qu'elle n'en a l'air, puisqu''elle rétablirait une fidélité de Marie dont je doute beaucoup (du fait des fariboles inventées autour de la conception de Jésus...). Voilà une toile qui aurait pourtant pu éviter à
Zola d'utiliser l'expression "Marie-couche-toi-là" dans "L'Assommoir" (1876) à propos des fleuristes.
L'"Icône Caviar" (1996) d'Alexander Koslapov représentée dans la revue dénonce avec habilité la collusion des représentants de la religion orthodoxe en Russie avec le pouvoir politique de ce pays.
Comme indiqué au début de ce billet, la censure n'est pas l'apanage des dictatures : le dessin "L'Hirondelle" de Banksy" (2014) fut effacé des murs d'une station balnéaire anglaise par la municipalité conservatrice. de gros pigeons faisant face à une frêle hirondelles y manifestaient avec des panneaux "Migrants not welcome", "Go back to Africa" (tiens, cela me rappelle les propos d'un député d'extrême droite française sur un banc de l'Assemblée nationale...), et "Keep off our worms" (laissez nous nos vers de terre).
Les dessins "Tracer une ligne" (2006) de Ann Telnaes, et "Climat tendu après l'incendie criminel des locaux de
Charlie Hebdo" (2012) de Bénédicte sont particulièrement subtils et méritent d'être vus (vous pouvez les rechercher sur internet).
La censure est atemporelle et omniprésente, et cette revue nous rappelle avec force que l'on peut compter sur le génie des artistes (et sur le courage de certains d'entre eux) pour nous inviter à réfléchir. Bravo à eux et à Dada !