Avec "Le livre des secrets", sous-titré "La vie cachée d'Esperanza G.", Michael Cox redonne vie à certains protagonistes de "La Nuit de l'infamie" . Ce très très bon premier roman donnait à lire la confession d'Edward Glyver, l'assassin du poète Phoebus Daunt. Vingt ans ont passé depuis le meurtre quand, en 1876, la jeune Esperanza Gorst quitte Paris où elle a grandi pour rejoindre l'Angleterre et un emploi de femme de chambre. À dix-neuf ans, cette orpheline sera désormais au service de la baronne Emily Tansor, dont le fiancé, Phoebus Daunt, avait été tué un mois avant leur union. Mais sous des dehors auréolés de puissance et de richesse et un impressionnant pouvoir de séduction, la baronne se révèle esclave du souvenir de ce grand amour dont elle entretient toujours la flamme.
Envoyée sous un prétexte fallacieux à Evenwood, Esperanza doit y accomplir le "Grand Dessein" que lui a confié celle qui l'a recueillie après le décès de ses parents. le pourquoi de sa présence, elle ne l'apprendra qu'au fil de lettres qui bouleverseront sa trajectoire. Dans la majestueuse et envoûtante demeure, Esperanza est une actrice qui doit combattre avec sa vraie nature car, découvre-t-elle, le coeur humain est ainsi constitué qu'il peut être à la fois attiré et repoussé par le même objet. La docile femme de chambre de la capricieuse baronne, avide d'amitié vraie, va vite devenir sa dame de compagnie. Une proximité parfois ambiguë qui permet néanmoins à Esperanza de mener au plus près l'enquête qu'elle consigne avec assiduité et minutie dans un "Livre des secrets", son plus fidèle compagnon. Tourmentée par la tentation de succomber aux vanités du monde qui s'ouvre à elle et les doutes sur sa capacité à réussir sa mission, Esperanza est bientôt écartelée dans un savant réseau d'intrigues, de meurtres, de mensonges et de trahisons.
Avec ce roman noué par un suspense très captivant, Michael Cox a signé un drame en cinq actes rythmés par une écriture maîtrisée, qui peut se savourer indépendamment de son premier volet. Et, l'on tremble, l'on vibre, l'on s'émeut avec Esperanza au fil d'une quête qui va la mener à la réappropriation de son destin et de son identité. Une belle fresque victorienne qui rappelle qu'au nom de l'amour, l'homme peut être capable du pire comme du meilleur.
Même si l'on n'éprouve pas autant de surprises que dans La Nuit de l'Infamie, cette suite est très réussie et on est tenu en haleine jusqu'aux révélations finales... On ne peut que regretter que Michael Cox ne nous régale encore avec des intrigues aussi complexes et bien menées puisqu'il est décédé en 2009.
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Tout d'abord, ce livre peut se lire indépendamment du premier comme le stipule le résumé : "le lecteur adorera ce " vingt ans après " sans avoir lu le premier volet. La Nuit de l'infamie. " Par contre, soyons honnête, pour en apprécier la saveur, le contenu et comprendre l'histoire dans ses profondeurs les plus noires, avoir lu le premier aide beaucoup
Bon, autant le premier tome m'avait par moment lassé par ses longueurs, ses descriptions en longueur, ses tergiversations par lesquelles le narrateur passait et sa naïveté ; autant ce second opus est un RÉGAL
J'ai adoré ce deuxième tome qui apportait une sorte de revanche à notre personnage sous les traits de sa fille. Elle est envoyée auprès de Lady Tansor comme femme de chambre officiellement, mais, officieusement afin de venger son père. le récit est relaté par la fille sous la forme d'un journal en 5 actes (comme une pièce de théâtre) où l'on voit petit à petit les différents éléments de l'intrigue se mettre en place.
Bon, sachez que si vous avez lu le premier tome auparavant, vous comprenez tout de suite les choses et vous êtes moins plongé dans l'enquête, dans les raisons de telle ou telle action ... par contre, pour quelqu'un n'ayant pas lu le premier tome, l'enquête et l'embrouillamini de la situation peut être un vrai plaisir à résoudre.
Note perso : 5/5 (normal j'avais supporté avec stoïcisme la lecture du premier tome et le second m'a récompensé par sa qualité )
Info à savoir : l'auteur en rédigeant cette saga était déjà mourant et, son récit, il l'a achevé sur son lit d'hôpital. Pour ma part, il a écrit une merveilleuse saga avec une fin comme on les aime.
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Un bon gros roman comme je les aime.
Les ingrédients sont les suivants : une orpheline dont la parenté est mystérieuse, une belle demeure anglaise avec son lot de maitres et de domestiques, une vengeance, des personnages dont on ne sait s'ils sont sincères ou perfides, de la manipulation, le tout dans une ambiance victorienne proche de l'univers gothique.
Ce roman ne se lit pas, il se dévore.
C'est dense, bien écrit, les personnages sont intéressants et subtils, il y a de l'action et du suspense....bref, un excellent moment de lecture, blottie dans un canapé, les pieds sous un plaid en laine, une tasse de chocolat chaud à portée de main.
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A la fin de "la nuit de l'infâmie" le lecteur a laissé Edward Glyver en proie à la culpabilité et au remords , car malgré son acharnement à faire valoir ses droits il n'a pas pu rentrer en possession de l'héritage de Lord Tansor dont il était le fils légitime premier né et la mort de son ennemi juré Phoebus Daunt n'a fait que lui confirmer la perte définitive de son amour la belle Emily Carteret.
Le temps n'a pas suffi à calmer les rancoeurs et voici dans le second volet de ce magnifique roman victorien, la fille d''Edward Espéranza qui se trouve chargée par sa tutrice et son percepteur, agissant en lieu et place de son père disparu de rentrer en possession de son héritage et du fabuleux domaine d'Evenwood.
Elle devient femme de chambre pour Emily Carteret devenue Lady Tansor et elle doit découvrir les sombres secrets de la femme impitoyable qui a spolié son père le poussant au désespoir.
La courageuse Espéranza obéissant aux instructions précises de ses mandants, aura bien du mal à conserver son intégrité car elle ne peut se détacher de la fascination qu'exerce sur elle Emily . Pourra t'elle continuer à la considérer comme sa plus implacable ennemie alors qu'elle ne cesse de lui donner des preuves de bienveillance ? Et pourra t'elle rester indifférente aux deux fils d'Emily, le beau et sombre Perseus héritier du titre et l'aimable Randolph qui parait nourrir pour elle de tendres sentiments ?
Alors que le premier des deux volumes était très sombre , Edward étant accablé de coups du sort plus tragiques les uns que les autres, on assiste à un retournement de situation avec la montée en puissance de sa fille qui malgré son jeune âge et son inexpérience, triomphe des obstacles semés sur sa route et parvient à mettre à jour les secrets les plus profondément enfouis.
Ce roman impeccablement écrit parait tout droit sorti de la plume d'un auteur victorien et ses multiples rebondissements tiennent le lecteur en haleine .
Les changements de trame narrative, passant du journal intime, aux correspondances privées voire au récit de tiers, son particulièrement bienvenus et relancent inlassablement l'intérêt ce qui fait que ce gros roman de presque 600 pages se lit avec un plaisir qui ne se dément jamais.
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- Que lisez-vous? me demanda-t-elle ensuite.
...
"J'aime beaucoup Stendhal, dis-je en réponse à la question de Lady Tensor, avec cet empressement spontané dont je fais toujours montre quand je parle de mes auteurs favoris, et Voltaire.
- Voltaire! m'interrompit Lady Tansor avec un rire amusé. Le stade supérieur, assurément. Quoi d'autre?
- Eh bien j'adore M.Balzac et George Sand; ah, et puis Mr Dickens, et Mr Collins, sans oublier Miss Braddon..."
A nouveau, elle m'interrompit, levant la main pour m'empêcher de poursuivre.
"Vos goûts semblent quelque peu inconséquents et indisciplinés,dit-elle, mais cela est peut-être excusable chez quelqu'un d'aussi jeune, et puis le goût est quelque chose qui se corrige aisément."
Je vis alors qu'il existait un chemin pour l'enfer depuis les portes memes du paradis
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Des avis différents sont le signe que la vérité existe quelque part à condition de savoir où la chercher