Une belle édition en grand format pour cette histoire terrible racontée aux enfants et jeunes ados . L'histoire vraie de Tsimiavo, comme son titre l'indique, échouée sur l'île de Tromelin avec les siens, voués à l'esclavage, naufragés de l'Utile, drôle de nom pour un navire. De 1761 à 1777, ces ex-futurs esclaves vont survivre, abandonnés par les blancs qui sont repartis sur un bateau construit des mains de tous. Oubliés pendant toutes ces années, comment expliquer un drame pareil aux enfants, et aux adultes ? Mais s'il est vrai que Tsimiavo y a gardé sa liberté, c'est des éléments sauvages de l'île qu'elle est devenue esclave . Les dessins sont épurés, à l'image de cette île où il n'y avait tout simplement rien, mais l'émotion y est forte dans l' expression des visages.
La fin est étayée de quelques rappels historiques et de photos de l' île et de ses vestiges .Beau livre .
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C'est un album jeunesse magnifique. C'est l'histoire de Tsimiavo, ce qui signifie celle qui n'est pas orgueilleuse. Tsimiavo, jeune esclave malgache, échouée sur l'île de Sable au coeur de l'océan Indien.
Le bateau des blancs a fait naufrage. Beaucoup ont péri. " les blancs ont fait les comptes. Nous sommes un peu plus de 200 à avoir échoué sur cette île : 223 fotsy et 88 Malgaches."
Ils sont sauvés ! Mais comment subsister au milieu de l'océan ? L'entraide entre blancs et esclaves est indispensable pour se nourrir, se protéger des vents violents et construire un bateau pour quitter l'île. Mais les fotsy ont embarqué, laissant derrière eux les esclaves avec une promesse, revenir les chercher.
Cet album est un voyage sur cette île qui s'appelle désormais l'île Tromelin. Il relate un récit historique du 18ème siècle, l'histoire de ces esclaves originaires de Madagascar embarqués clandestinement sur un navire de commerce français.
De très belles et nombreuses illustrations ainsi qu'un complément documentaire enrichi de photos font de cet album le trésor de Tromelin récompensé entre 2017 et 2019 par cinq prix littéraires.
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Un joli ouvrage illustré qui revient sur les oubliés du Tromelin.
Pour commencer, j'aime beaucoup les illustrations de ce livre. Je ne suis pas douée en technique d'art, mais j'aime beaucoup les effets que donnent les coups de pinceaux (?). Je trouve que certaines planches (et surtout la première) ont un petit côté Gauguin dans la mise en couleur et la manière d'être peinte. Bref, une belle réussite servit par un grand format bien adapté.
Pour le contenu, j'ai un peu de mal à juger. En effet, j'aime beaucoup cette triste histoire et j'ai déjà lu plusieurs ouvrages à ce sujet. Il me semble cependant que le récit est bien adapté à son public.
Le point de vue de la jeune fille, la mère du nourrisson qui sera sauvé à la fin de cette aventure, a déjà été utilisé, mais je pense que c'est un très bon moyen de mettre le jeune public dans le bain. La qualité d'écriture est bonne. de plus, l'auteur a fait des recherches puisqu'elle intègre du vocabulaire malgache, ce que je trouve très bien.
Malgré tous les moments sombres que vit notre héroïne, l'ouvrage est positif. Il y a des moments de détresse, de colère, mais l'ensemble reste optimiste et ne sombre pas dans une forme de misérabilisme.
Il y a juste un défaut pour moi, c'est la signalétique du temps qui passe. Juste mis en avant par les dates. Or je pense que ce n'est pas toujours évident entre deux chapitres de voir ce temps qui s'écoule. J'ai trouvé qu'on sentait plus les années passées par les paroles de la jeune héroïne. Une petite frise chronologique aurait pu être la bienvenue.
À noter un sympa petit dossier « découverte » à la fin de l'ouvrage.
J'ai apprécié ma lecture de cet ouvrage jeune très beau. Je pense que c'est un beau moyen de faire découvrir cette triste histoire aux jeunes publics
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Tout d'abord merci à Babelio de m'avoir sélectionné pour ce livre.
Je l'ai fort apprécié, j'adore les histoires vraies et les tranches d'histoire tout court.
J'ai beaucoup apprécié découvrir ce pan de notre histoire que je ne connaissais pas, découvrir comment ils avaient fait pour survivre.
J'ai juste un gout de trop peu dans la gorge, j'en ai appris plus dans les 4 pages de fin de livres expliquant la démarche que réellement dans l'histoire elle-même. D'accord que c'est un livre jeunesse mais ça n'empêche qu'on peut expliquer convenablement sans survoler le reste. Dommage qu'on ne sait pas ce que sont devenus les autres esclaves qui ont essayés de fuir l'île par leur propre moyen.
Comme j'ai été heureuse de voir que les blancs qui les avaient abandonné sur l'île ont fait des pieds et des mains pour leur venir en aide, qu'ils n'ont pas renié leur promesse de venir les chercher
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VIVANTE !
- Tsimiavo, Tsimiavo...
Qui m'appelle ? J'ai l'impression de flotter, je ne sens plus mon corps.
- Tsimiavo, Tsimiavo...
Une larme s'écrase sur mon cou. Derrière mes paupières mi-closes, le visage familier de Marna peine à se former. Elle sanglote et sa voix me parvient à travers un brouillard cotonneux. Chaque parcelle de mon corps me fait souffrir. Prudemment, je remue mes orteils, je bouge un pied, puis l'autre, un bras, puis l'autre... On dirait que tout fonctionne...
Vivante ! Je suis vivante !
Je distingue mieux à présent le visage de Marna. Dans son dos, des dizaines de silhouettes s'animent. Le comportement de ces hommes et de ces femmes est étrange. Certains marchent comme s'ils étaient saouls. D'autres sont recroquevillés sur eux-mêmes, le regard perdu dans le vide, face à la mer...
Où sommes-nous ?
La face pâle et grimaçante d'un blanc, un fotsy, tranche au milieu de tous ces visages noirs. Je le reconnais... Il fait partie des hommes qui nous ont fait monter de force sur leur bateau, moi, Marna et tous les autres.
Moi-même j'ai parfois du mal à réaliser ce qui s'est réellement passé. Et comment j'ai réussi à survivre quinze ans sur un îlot de sable perdu au milieu de l'océan …
Quinze ans à vivre au jour le jour, à lutter contre les tempêtes et le désespoir .
Quinze ans à n'entendre que les cris des oiseaux, le chant du vent et le fracas des vagues.
Les blancs ont fait les comptes. Nous sommes un peu plus de 200 à avoir échoué sur cette île : 123 fotsy et 88 Malgaches , dont Jean…
-Celui qui sait occuper ses mains ne rumine pas d'idées noires ! serine-t-elle aux recalcitrants.
Depuis mon arrivée ici, sur l’île de France, tout le monde me regarde comme une bête curieuse.