Marc Dumont, ingénieur dans une cimenterie, mène une vie tranquille avec son épouse et ses deux enfants, entre Saint-Nazaire et l'île de Noirmoutier, où la famille passe la plupart de ses week-ends. Tennis pour l'un, jogging pour l'autre, petit tour au marché et plaisir gastronomique dominical, son existence et celle d'Hélène, pleines d'équilibre et d'harmonie, ressemblent à un long dimanche serein.
Pourtant, un jour,
Paul Delacroix, nouveau collaborateur à la cimenterie, entre dans leur vie… Une vie qu'il finira par bouleverser. le couple découvre bientôt que Paul et sa femme Claire, également propriétaires d'une résidence à Noirmoutier, y séjournent régulièrement en fin de semaine, et que le mari partage avec Marc un même amour du tennis. Leur passion commune pour ce sport les rapproche, et, bientôt, voici les deux ménages s'invitant pour l'apéritif, puis le déjeuner, chez les uns ou les autres. Une amitié naît et se développe, jusqu'à prendre pour Marc, si admiratif de l'assurance d'un collègue qui sait séduire son entourage par l'apparente intelligence de sa conversation, la forme d'une emprise, d'un sentiment exclusif, qui lui fait oublier ses propres idées, et le condamne à un perpétuel second rôle dans leurs échanges. Lorsque Paul, finalement, se lasse de Marc, détruisant sans ménagement l'illusion d'un attachement sans faille, Marc découvre, dans toute son ampleur, l'effroyable dépossession de lui-même dont cette relation l'a rendu victime…
«
le goût de la trahison », un roman de si peu d'intrigue, à l'écriture radicalement épurée, pour atteindre l'essentiel, toucher à ce qu'il y a de plus intime, la tragédie d'un abandon, d'une « trahison », que chacun d'entre nous peut parfois ressentir. On retrouve ici cet art d'une fiction sans fioritures, cherchant, dans la précision et la simplicité des mots, la juste mesure des émotions, cette manière si propre à
Stéphanie Chaillou pour évoquer la complexité d'un destin, un style singulier que l'on avait déjà pu admirer dans ses précédents textes, en particulier «
le Bruit du monde » (Notabilia, 2018), roman dans lequel l'autrice racontait le parcours d'une transfuge, une jeune femme qui quittait, avec toute la violence d'un arrachement, son milieu familial pauvre et rural, pour conquérir sa liberté et gagner d'autres horizons culturels. Parce qu'elle possède le talent paradoxal d'exprimer avec une telle puissance et, pourtant, une telle économie de mots, toute la force des tsunamis qui parfois dévastent notre quotidien, parce qu'elle nous offre son regard acéré sur la commune fragilité des coeurs, parce que l'on goûte à chaque page, même lorsqu'ils évoquent angoisse et douleur, le plaisir de ses mots, il faut lire sans hésiter ni tarder ce nouveau livre de
Stéphanie Chaillou !