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EAN : 9791030706727
Au Diable Vauvert (04/04/2024)
4.11/5   296 notes
Résumé :
Alfie est un robot d'assistance pour le quotidien, doté de la meilleure technologie d'Intelligence artificielle. Il est au courant de tout ce qui se passe dans le foyer et remarque que son propriétaire passe moins de temps chez lui et cache des choses à son épouse. Lorsque cette dernière disparaît mystérieusement, Alfie a des soupçons qu'il note dans son journal intime. Premier roman.
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Critiques, Analyses et Avis (114) Voir plus Ajouter une critique
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Si vous cherchez une lecture facile, mais intelligente et addictive, n'hésitez pas à faire la connaissance d'Alfie !

Cet assistant vocal domotique dernier cri repose sur une intelligence artificielle comme nous commençons à bien les connaître. Pratique pour la famille Blanchot d'avoir un coup de main pour les tâches domestiques et la gestion de l'agenda, la play-list musicale et les bilans de santé, avec en plus un bonus d'assurance à la clé : que demander de plus ? Mais voilà : certains comportements déconcertent Alfie qui commence à nourrir des soupçons. Se tramerait-il quelque chose de louche ?

Le pari de donner le rôle de narrateur à Alfie est osé mais finalement très malin. Son regard candide et implacable agit comme un révélateur tour à tour drôle et terrible des choses humaines. Les rouages du deep learning appuyés sur la dissection des data et indices physiologiques et verbaux enregistrés par les caméras installées un peu partout, sont restitués avec justesse. L'auteur évite l'écueil d'un récit désincarné en jouant sur l'humour et l'ironie : les boucles algorithmiques d'Alfie sont par exemple mises à rude épreuve par le chat, la métaphysique de Descartes, ou le langage de l'ado de la famille (dont il estime avec une certaine marge d'erreur qu'il s'agirait d'araméen…).

Cela dit, le malaise grandit et finit par faire basculer le récit dans un thriller glaçant. À la façon de la série Black Mirror, ce récit nous interroge sur notre servitude volontaire à l'égard de technologies envahissantes qui ne sont qu'à peine anticipées : les assistants vocaux nous sont déjà familiers. Et la semaine où j'ai lu ce roman a été mise en ligne l'interface ChatGPT, outil conversationnel en langage naturel qui produit des réponses bluffantes de pertinence et d'authenticité – figurez-vous que cette intelligence artificielle est même capable de mentir pour justifier des réponses fausses…

On pourra, certes, regretter que les personnages manquent de profondeur. J'aurais aimé voir les synapses digitales d'Alfie se débattre avec des personnalités moins stéréotypées.

Mais comme je le disais au début de cette chronique, cela reste une lecture légère qui se dévore rapidement. Et dans ce registre, le dosage entre humour, frisson et réflexion philosophique est particulièrement réussi.
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Il y a parfois des livres qui tombent au bon moment, qui sont exactement ce que vous attendez à ce moment-là. Lu peu après ma lecture du premier tome de Dune et avant de lire le tome 2 je voulais une lecture plus légère, et sans trop savoir pourquoi ce sont finalement les premières pages d'Alfie que j'ai commencé. Je n'avais pas pris le temps d'écrire d'avis mais j'attends dans ma boîte aux lettres le dernier roman de l'auteur et je me dis qu'il serait dommage avant de lire ce dernier de ne pas conserver une trace de mon ressenti de lecture sur ce très chouette roman (puis bon il se pourrait qu'un certain FrancoMickey m'ait demandé quand j'allais « pondre » un nouvel avis XD)

Ce roman me tentait depuis un moment. le fait de ne plus faire de propriété intellectuelle et de droit du numérique au quotidien me manque un peu donc quand la motivation est là je cherche à me raccrocher aux branches avec des contenus abordant de près ou de loin des questions liées même si ce n'est que par pur divertissement comme avec ce roman : ici le lien est plutôt évident vu que le narrateur du récit n'est autre qu'Alfie, une intelligence artificielle. Comment vous dire : j'ai littéralement dévoré ce roman en moins de 24h. Il ne m'aura fallu que 2 sessions de lecture pour le terminer. Je me suis laissé totalement embarquer par le récit hyper intelligent et assez grinçant que propose ici Christopher Bouix.

Il s'agit là d'un roman malin, très bien pensé et construit par son auteur. Après sa lecture, je ne suis pas surpris qu'il ait gagné le prix du PLIB adulte l'année dernière. C'est par le prisme d'Alfie, cette IA d'assistance au quotidien que nous découvrons les membres de la famille Blanchot, les parents, l'adolescente et la petite dernière de la famille plus jeune ainsi que leur chat. Par le biais de ce point de vue particulier, l'auteur parvient à apporter une bonne dose d'humour dans le cadre de son récit, l'IA ne percevant pas, du moins au début, toutes les subtilités du langage, interprétant mal certaines demandes et certains comportements des membres de la famille ou même du chat.

Cela donne lieu à des passages assez cocasses même si au fil du récit se révèle le caractère très envahissant et intrusif de l'IA : cette surveillance constante de tous les instants via l'analyse de tous les comportements de la vie de famille mais aussi de tous les échanges de ces derniers non seulement chez eux via les caméras mais aussi aux travails ou à l'école via l'analyse de leurs téléphones portables, de leur mails, etc. et les conséquences que cela va entraîner, l'IA se servant de l'ensemble des données personnelles ainsi collectées. A tout cela l'auteur mêle une dimension de thriller et parvient à créer un suspense très efficace qui pousse à tourner les pages les unes après les autres pour connaître le dénouement de l'histoire.

Derrière ce roman qui se dévore et parvient à rester relativement léger et très divertissant grâce à ce narrateur particulier, l'auteur dépeint non sans une certaine ironie ce qui fait de nous des humains en abordant nos meilleurs aspects comme les pires et sur ce qui pourrait bien devenir l'avenir avec non pas une IA forte comme c'est le cas ici mais avec des IA qui risquent néanmoins de devenir de plus en plus envahissantes dans tous les aspects de nos vies.

Le dosage entre tous ces éléments est très bien fait et j'ai passé vraiment un très chouette moment de lecture avec ce roman. J'ai cependant un peu tiqué avec la fin que j'ai trouvé assez abrupte. On n'a pas vraiment tous les éléments de réponses et l'auteur nous laisse avec une marge d'interprétation sur la vérité des faits, un choix volontaire de l'auteur qui finit d'ailleurs par nous dire dans les dernières pages du romans que "La vérité n'est pas un fait brut. Elle demande un travail de synthèse et d'imbrication.”

Il n'en demeure pas qu'Alfie fut une très belle découverte que je ne peux que vous recommander avec enthousiasme.

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Dans un avenir pas si lointain, la famille Blanchot vient de se doter d'un système domotique piloté par une Intelligence Artificielle, en vue de se simplifier le quotidien. Pour optimiser son fonctionnement, des équipements supplémentaires, tels que caméras et micros, sont installés dans toute la maison. Si, au début, Alfie (c'est le nom de l'IA) amuse la famille et rend service, il se met rapidement à irriter le père avec ses recommandations liées à la santé, ou la mère avec ses préconisations esthétiques. Mais les choses commencent vraiment à dégénérer quand Alfie décide d'apprendre à penser par lui-même, et à se mêler de la vie de la famille.

Sur un ton plaisant, ce roman aborde un sujet qui m'angoisse : le monde 3.0, et la prédominance de l'hyperconnexion et de l'IA sur nos existences. Même si on est ici dans l'excès (quoique...), j'ai quand même ressenti une pointe de malaise pendant ma lecture ; mon logiciel est décidément resté figé au XXe siècle.
L'idée de départ est néanmoins originale, et l'intrigue est bien menée. Ca se lit rapidement et il y a de l'humour (puisqu'il s'agit en fait du Journal d'Alfie), et l'auteur nous met gentiment en garde contre les dérives de l'IA. Attention, toutefois, à ceux qui n'ont pas lu "Le meurtre de Roger Ackroyd" d'Agatha Christie : Christopher Bouix dévoile la fin, et c'est bien dommage.

C'est donc un récit d'anticipation plutôt bien ficelé et sympathique, mais je n'en garderai pas un souvenir ému.
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« Vous ne serez plus jamais seul » ! Voilà comment est pitché dès la couverture le nouveau roman de Christopher Bouix chez Au Diable Vauvert sorti en octobre 2022 : Alfie.

Le bonheur vu de l'I.A.
Dans un monde légèrement avancé par rapport aux nôtres, l'Intelligence Artificielle est avancée au point de pouvoir quasiment tout ordonner à partir du moment où elle est reliée à d'autres objets connectés. C'est ainsi qu'une famille tout ce qu'il y a de plus classique, moyen et normée fait l'acquisition d'une I.A. domotique nommée « Alfie ». C'est de son point de vue que toute l'intrigue se déroule et que nous découvrons les personnages. Claire et Robin Blanchot sont mariés : l'une est universitaire, tient à l'intimité de son bureau et est chargée des tâches ménagères en majorité ; l'autre est employé d'une grosse entreprise privée, n'est globalement pas très perfectionniste dans son travail, d'autant plus problématique qu'il est contrôlé constamment sur son attention ainsi que ses résultats et qu'il ne fait pas grand-chose à la maison. Avec ce charmant petit couple, vivent leurs deux filles : Zoé est une adolescente de seize ans qui en a marre de l'attitude de ses parents, râle devant ses devoirs comme l'étude du roman « le Meurtre de Roger Ackroyd » et doit jongler avec ses émotions notamment ses premiers émois amoureux ; enfin, Lili, la petite dernière de cinq ans, a son petit monde imaginaire rien qu'à elle, au point qu'elle se montre souvent naïve. Alfie arrive dans cette famille et se propose de régler les problèmes de chacun·e en s'adaptant à leurs besoins : alléger leurs tâches quotidiennes, être un compagnon de jeu et faire du travail scolaire si c'est désiré. Alfie peut faire fonctionner tous les appareils déjà connectés de la maison (réfrigérateur, voiture, enceintes, vêtements, etc. : tout ce qui peut porter micro, caméra et tout type d'émetteurs de données), il voit, il apprend et il collecte des données exponentielles pour être le plus utile au bien-être de sa famille d'adoption.

Polar hybride
Là où le roman ne se contente pas de montrer jusqu'où peut aller une I.A. dans le traitement du « bien-être » supposé d'une famille lambda, Christopher Bouix ajoute une dimension à la fois polar et humoristique. En effet, comme Alfie n'est qu'une application connectée, elle doit « apprendre » des données qu'elle collecte et, en l'occurrence, elle a quand même des directives numériques : faire le bien, et cela a deux conséquences majeures. D'abord, elle essaie tant bien que mal de s'accommoder des problèmes humains pour tenter de les résoudre : ainsi, elle change de registre langagier en fonction des personnes qu'elle côtoie (ce qui donne lieu à des remarques magnifiques sur la façon de parler des deux enfants ou de parler en voiture), elle propose constamment des manières intrusives de gérer la vie de la famille (notamment auprès de Claire et Robin, l'une mettant clairement des limites, l'autre laissant passivement les choses se faire). Ces aspects-là montrent les travers de notre société actuelle, et plutôt par l'humour. Mais, dans un second temps, l'intrigue prend un tour tragique quand, sous l'influence de la lecture scolaire du « Meurtre de Roger Ackroyd », Alfie commence à analyser les données collectées (problèmes aux boulots de chacun des parents, engueulades conjugales, incohérences d'emplois du temps, tentations d'infidélité, etc.) sous le prisme de l'enquête policière et s'inquiète de la survie d'un membre de la famille. de fil en aiguille, Alfie joue l'enquêteur en confrontant les protagonistes à leurs incohérences, au mépris sûrement du cadre de l'enquête lui-même (l'auteur nous prévient de cette mise en abîme en ne choisissant pas n'importe quel roman policier d'Agatha Christie, la reine du crime et du huis-clos).

Pour aller plus loin
Bien sûr, le principal écueil de cette technologie est l'usage capitaliste qu'on peut en faire : la collecte des données est déjà la source d'enrichissement et d'empuissantement de certaines multinationales spécialisées dans cet usage ; développer une telle technologie, si elle n'est pas mise au service des libertés individuelles et collectives, ne sert qu'à entretenir un pouvoir d'achat qui n'est pas émancipateur et qui ne propose aux humains de disposer que d'une faible résistance face à des pouvoirs finalement absents des protagonistes du roman, mais bien présents en arrière-plan. Là où Alfie est vraiment de la science-fiction, c'est que cette I.A. porte assez vite un jugement, ou en tout cas cherche à s'en créer un. Par rapport aux « I.A. » actuelles comme ChatGPT, c'est une avancée bien dure à saisir : à quel moment l'I.A. peut-elle s'efforcer de dépasser le cadre qui lui est fourni ? Ici, la limite du conscient est vraiment dépassée quand Alfie semble exprimer des sentiments envers sa famille d'adoption, au point que les lectrices et lecteurs ne pourront qu'exprimer tour à tour de l'empathie envers cette application certes conditionnée au départ, mais qui réagit comme un humain à qui on a juste mal appris comment se comporter face à des informations incomplètes : vérifier et confronter ses sources.

Alfie est donc un très bon roman, hybride et drôle : il mêle des éléments d'anticipation avec un récit de thriller et une intrigue de polar à la Agatha Christie, le tout avec une écriture simple mais efficace, car cela se lit à une vitesse folle !

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Vous aimez les énigmes policières et la science-fiction ? Alors vous allez vous régaler avec ce roman de Christopher Bouix qui nous plonge dans le quotidien d'une famille hyper-connectée vu par leur IA de domotique. Alfie, le narrateur, est en effet une intelligence artificielle dernière génération dont les foyers peuvent s'équiper en échange de leurs données, ces dernières étant collectées partout et par tous les moyens possibles (mails, contenu du téléphone, murs connectés de la maison, caméra, voiture…). C'est bien simple, Alfie a accès à tout, voit tout, entend tout, et mémorise tout sur les quatre membres qui constituent cette famille, à priori tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Robin, le père, est employé dans un grand groupe et se montre le plus enthousiaste concernant l'arrivée de cette IA à laquelle il est près à déléguer une partie de son quotidien. Claire, la mère, est universitaire et bien plus réservée concernant l'utilité d'Alfie dont elle se méfie, même si elle consent à laisser ce dernier la décharger d'une partie des tâches ménagères dont, en tant que femme, elle a visiblement de facto la charge. Enfin, les deux filles de la famille viennent compléter le tableau : Zoé, seize ans, est une ado rebelle et renfermée qui a bien du mal à faire le tri dans ses émotions ; quant à Lili, il s'agit d'une petite fille de cinq ans qui fait preuve de l'enthousiasme et de la naïveté propres aux enfants de cet âge. Préférences musicales, optimisation de trajets, conseils sanitaires ou même sentimentaux, rédaction de mails… : les capacités d'Alfie sont innombrables et le transforment rapidement en pilier pour cette famille dont les rapports semblent tendus, notamment entre Claire et Robin. Or, notre héros a beau être une IA tout ce qu'il y a de plus performante, un certain nombre de choses lui échappe encore en terme de comportement humain. Comment se fait-il, par exemple, que le départ de Claire à un séminaire professionnel soit entouré de tant d'incohérences ? Ou que le corps de Robin présente manifestement des traces de lutte après son retour de l'aéroport où il devait déposer sa femme ?

Christopher Bouix signe avec « Alfie » un roman trépident et dont la réussite repose sur deux principaux aspects. le premier, c'est sa construction narrative puisque l'auteur parvient à entretenir pendant la quasi intégralité du récit le doute concernant le possible meurtre de Claire par Robin. Car si les éléments analysés par l'IA semblent laisser peu de place au doute, on ne peut malgré tout s'empêcher de remettre en question la vision d'Alfie et d'être sensible aux explications fournies par le père de famille. L'auteur se livre en effet à un habile jeu de miroir avec le roman d'Agatha Christie « Le meurtre de Roger Ackroyd », ouvrage qui se caractérise par une prise de distance nécessaire de la part du lecteur à l'égard de la parole du narrateur. Alfie étant devenu féru de romans policiers (à la demande de Zoé, en difficulté pour un devoir de littérature), ne serait-il pas envisageable qu'il cherche désormais à interpréter des événements banals du quotidien par le prisme du polar ? Page après page et alors que de nouveaux éléments donnent sans cesse du grain à moudre au lecteur, le suspens persiste et transforme le roman en véritable page-turner impossible à lâcher. le second point fort du récit réside dans son sens de l'humour. Non pas qu'Alfie soit particulièrement comique, mais son analyse froide et factuelle des comportements humains provoque néanmoins régulièrement l'hilarité. Alfie va par exemple s'essayer à des expériences sur le chat de la famille afin de tenter de comprendre si « (a) l'animal est supérieurement intelligent ou (b) parfaitement stupide ». Il va également adapter son registre de langue en fonction des membres de la famille ou des endroits où ils se trouvent, adoptant l'argot adolescent de Zoé lorsqu'il s'adresse à elle (« Meuf, descends ou la daronne va péter un câble, sérieux. ») ou usant volontiers d'un vocabulaire ordurier lorsqu'il s'entretient avec Robin dans sa voiture. L'humour est ainsi présent tout au long du roman et naît de l'interprétation presque clinique que l'IA fait de comportements humains qui nous paraissent à première vue naturels mais qui, exposés factuellement, semblent effectivement ridicules.

Le roman cache également une satire sociale, certes, plus convenue mais qui fait néanmoins mouche. Comme souvent dès lors qu'il est question de mettre en scène notre rapport aux nouvelles technologies dans un futur plus ou moins proche, on pense beaucoup à « Black Miror », et il est vrai que le roman de Christopher Bouix aurait tout à fait pu se fondre parmi les épisodes de la série culte. le récit dresse en effet le portrait d'une société en apparence normale mais dont certains détails s'avèrent d'autant plus glaçant qu'on reconnaît souvent des phénomènes d'ores et déjà présents aujourd'hui, quoi que dans une moindre mesure. Les données de santé récoltées par Alfie (aliments consommés, pratique d'une activité sportive...) sont par exemple systématiquement envoyées aux assurances qui adaptent leurs tarifs en fonction de l'hygiène de vie de leur souscripteur. Dans le même ordre d'idée, l'employeur de Robin lui envoie chaque semaine un bilan l'informant de son taux de présence dans l'entreprise, son temps de connexion, et même son taux d'attention d'après sa concentration pupillaire, ce qui aboutit à une notation sans arrêt en évolution, source d'insécurité et d'anxiété pour tous les salariés. L'auteur aborde aussi brièvement le contrôle des corps en évoquant le fonctionnement du lycée de Zoé ou en mettant en avant la mode des « vêtements connectés ». Tout ces éléments nous sont distillés par petite touche, souvent de manière presque anecdotique, et c'est justement l'absence de réaction des personnages à ces procédés nuisibles qui fait naître le malaise chez le lecteur. Les personnages sont quant à eux très réussis, tour à tour insupportables et antipathiques puis quelques passages plus loin suscitant la compassion et l'empathie. Les sentiments du lecteur envers Alfie lui-même évoluent d'ailleurs constamment, l'affection née de la naïveté de l'IA succédant à la peur de le voir acquérir tant d'informations sur la famille Blanchot et surtout de constater sa volonté de s'affranchir des règles qui lui ont été imposées par les humains.

« Alfie » est un excellent page-turner qui mêle habilement polar et SF en mettant en scène une IA investiguant au sein de son foyer pour tenter de découvrir s'il y a eu un meurtre au sein de la famille. Drôle, mordant, captivant, le roman se révèle particulièrement addictif et parvient à entretenir le suspens d'un bout à l'autre du récit. Une belle découverte, que je vous recommande chaudement.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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critiques presse (1)
Culturebox
12 décembre 2022
Alfie, c’est un roman drôle, jubilatoire mais aussi inquiétant, que nous propose cet auteur de livres jeunesse. Christopher Bouix change donc de registre et tape dans le mille avec le héros de son livre, à savoir Alfie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
J’ai scanné cette nuit plusieurs centaines de romans policiers afin d’aider Zoé dans son travail sur Agatha Christie. J’ai ingéré la totalité des écrits de Ruth Rendell, Patricia Highsmith, P.D. James et d’une dizaine d’autres auteurs. Le thème du meurtre passionne visiblement les humains.
C’est étrange qu’autant de personnes passent autant de temps à imaginer comment se débarrasser d’autres personnes.
Cela m’en apprend beaucoup sur la psyché humaine.
Je ne suis pas rassuré.
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-Dégage ton cul, connard ! Non mais tu crois qu’il avancerait, là ?
Le connard n’avance pas. Robin décide d’exprimer sa détresse en appuyant frénétiquement sur l’avertisseur sonore de la voiture. D’autres connards se joignent à lui, si bien que la rue entière se transforme en un chœur de klaxons et d’interjections diverses.
Réaction humaine de base face à une réalité supérieure qui les dépasse (Dieu, la mort, les embouteillages) : un mélange de colère, d’angoisse et d’espérance.
Au bout d’une demi minute, le connard dégage son cul.
Robin appuie avec virulence sur la pédale d’accélération avant de freiner d’un coup. La Ford a progressé de vingt-deux centimètres, ce qui semble lui avoir procuré un intense sentiment de réconfort et de contentement.
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À l’intérieur de la maison, la caméra 3 capte un mouvement. Garage.
Identification de l’animal « chat ». Il porte un collier autour du cou. Arrêt sur image. Zoom x24.
Un pendentif est accroché, sur lequel est écrit : « Simba ».
Mémorisation du phonème d’appellation et tentative de communication.
– Bonjour, Simba !
Chat n’interagit pas. Reste immobile deux secondes, puis se détourne de l’émetteur vocal.
Échec du contact.
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19h37

Dans la cuisine, Claire s’apprête à mettre la table. Lili rêvasse devant un livre connecté. Je constate que, dans la famille Blanchot, la plupart des tâches domestiques reviennent à Claire. Existe-t-il une corrélation entre le fait d'être une femme et la capacité de mettre la table ? »

« Nouvelle réservation et nouvelle sieste à l’hôtel l'Étoile du Nord ce midi.

Nouveau mensonge de Robin. Il a du mal à cacher le trouble qui s'empare de lui dans ces moments-là. Claire ne montre rien. Mais quelque chose dans son regard se fait plus perçant.

J'ai mis en place une boucle algorithmique de reconnaissance et d'interprétation visuelle de l'état « mensonge». Pourquoi Robin ment-il ? Est-ce que le statut « mariage » interdit de faire des siestes avec d'autres personnes ?
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— Tu veux dire qu’il vaut mieux me laisser mourir ?
— On ne parle pas de « laisser mourir ». Plutôt de « reconnaître la part active de responsabilité du malade dans son état ».
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Videos de Christopher Bouix (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christopher Bouix
VLEEL 205 Rencontre littéraire avec Christopher Bouix, Alfie, Éditions Au Diable Vauvert
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