Age tendre nous est raconté par la voix de Valentin, un jeune adolescent d'un futur pas si loin du nôtre. La Présidente a voté une loi imposant à chaque jeune de réaliser une année de Service Civique (Serci de son petit nom) entre la 3e et la 2nde. Et comme c'est un algorithme qui décide des affectations, Valentin, le jeune homme timide du Sud Ouest qui souhaitait travailler dans la culture se retrouve affecté dans une maison de retraite d'un genre nouveau dans le Nord. Une drôle d'année en perspective qui lui permettra de grandir et de changer au contact des pensionnaires et de l'équipe soignante.
L'auteure imagine pour son roman des maisons de retraite dans lesquelles on reconstitue pour les pensionnaires perdant un peu la tête l'époque qui fut la leur et dans laquelle ils croient parfois encore vivre. Valentin se retrouve ainsi parachuté directement dans les années 60, déco psychédélique, chansons yé-yés et robes vintages compris ! Une bonne dose de nostalgie donc et un univers inconnu qui s'ouvre à cet adolescent très timide, renfermé et peu sûr de lui (sujet à des crises d'angoisse, il essaye de les calmer en essayant diverses techniques vues avec son psy et note régulièrement son niveau de stress sur une échelle de 1 à 10).
J'ai d'abord adoré ce roman avec des premières pages particulièrement loufoques et ironiques sous forme de fausses circulaires de l'Education Nationale (bien sûr truffées de termes incompréhensibles et de jargon administratif) puis cet algorithme - dont toute ressemblance avec un certain ParcoursSup est bien sûr fortuite - complètement stupide et enfin ce roman qui est en fait le rapport de Serci de Valentin. Malheureusement passé les fous rires du début, ce roman m'a très vite lassée. La forme du rapport de stage est certes amusante mais l'accumulation d'allusions au fait que Valentin "ait dépassé" (son rapport fait 300 pages au lieu des 30 maximum), ses petites notes destinées au professeur qui va le corriger et le noter, ses réflexions postérieures ajoutées à son journal, tout ce format très stéréotypé et extrêmement répétitif, rendent la lecture de plus en plus fastidieuse. Même chose pour le fait que l'adolescent est d'un naturel très inquiet et stressé, évaluant ainsi à longueur de page son niveau de stress et son ressenti (des lignes et des lignes sur quasi chaque journée de "Ma première impression fut : très positive / très négative / assez positive / etc"), se sentant obligé de décrire par le menu tout ce qui l'entoure via de longues énumérations ultra précises. C'est amusant au début et sans doute intéressant pour mieux nous faire comprendre le personnage mais ma lecture m'a ensuite souvent semblé bien longue une fois le procédé compris.
Alors que j'adore d'habitude l'écriture de
Clémentine Beauvais et que le thème des années 60 se prêtait particulièrement bien à un roman plein de peps et d'humour, je l'ai trouvée ici bien peu inspirée. C'est long, c'est lourd, ça se répète beaucoup (oui, je sais, je l'ai déjà dit, mais vraiment ma lecture a été fastidieuse) et finalement j'ai trouvé que cela faisait bien beaucoup de pages pour ne pas dire grand chose. L'histoire de Sola, la médecin avec qui Valentin se lie d'amitié, n'a pas réussi à m'émouvoir réellement (peut être parce qu'elle a été trop délayée au fil des pages) et le parallèle avec ce que vit Valentin m'a paru assez téléphoné. Il m'a aussi semblé que là où d'habitude l'auteure réussit à parodier les genres littéraires ou réaliser des figures de style de manière très fluide, sans donner l'impression d'une écriture très travaillée, le procédé paraissait particulièrement voyant dans ce roman : le faux rapport de stage déjà évoqué, le faux récit de Sola écrit et réécrit en jouant sur les pronoms (je raconte, elle raconte, je raconte au discours indirect, etc), cela n'apporte pas grand chose et m'a paru un peu lourd.
Bon ma critique est sans doute un peu dure pour un roman qui garde quand même quelques bons côtés, des passages très drôles, beaucoup de tendresse pour tous les pensionnaires de la maison de retraite, très touchants et attachants, des relations entre adolescents qui sonnent plutôt justes. Mais je crois que j'ai vraiment été très déçue de m'ennuyer autant et de trouver le temps long dans un roman de
Clémentine Beauvais alors que d'habitude je les dévore en regrettant qu'ils soient déjà finis. Les autres retours sur ce roman semblent plutôt positifs, peut être est-ce juste moi qui n'ai pas lu ce livre au bon moment ou qui n'est pas été sensible à son charme. Ce n'est pas grave, je retenterai quand même ma chance avec un prochain ouvrage de l'auteure !