Superbe et bouleversant !
C'est un vrai coup de coeur de cette fin de juin !
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J'avais découvert
Camille Anseaume, dernièrement avec sa nouvelle qu'elle avait écrite dans « le bruit des secrets »
Son style m'avait plu et je m'étais fié au résumé de la 4e page de cet excellent roman ; «
Ma belle », pour le commander. J'étais curieux de lire cette auteure.
Et mon intuition fut la bonne !
J'ai plongé dans le livre, qui m'a tout de suite hypnotisé. Et lorsque j'ai relevé les yeux, j'avais déjà avalé les 250 pages. Que dis-je ? J'avais humé chaque page, je les avais goutées et pour chacune les savourer .
J'aurais même demandé du rab !
Parce que le roman m'a complétement séduit. Il est écrit avec une grande justesse, une grande sensibilité, une grande tendresse, parfois une belle poésie.
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Mais pour moi ce qui donne toute la force à cette histoire, c'est le style très personnel de
Camille Anseaume. L'auteure a un bel humour sarcastique et décapant, un humour que j'apprécie personnellement.
Et elle sait habilement s'en servir.
L'auteure a saupoudré avec une juste dose, tout son récit de ses petites phrases ironiques déstabilisantes et ses expressions humoristiques. Ce qui permet d'éviter que les instants tragiques et les laps de temps graves viennent « râcler » l'esprit du lecteur avec trop de pathos.
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Pourtant le sujet, lorsqu'on s'y penche, est très délicat, très profond et ne prêtre pas souvent à sourire. Beaucoup de personnes, notamment des femmes qui se sont trouvées confrontées à cette situation parfois insoutenable et parfois irrésolvable, se retrouverons dans ce roman.
Car les problèmes sont sérieux et importants, ceux que rencontre le beau-père ou la belle-mère, lorsqu'il ou elle s'installe dans une famille recomposée.
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Dans ce roman, j'ai accompagné Louise, cette belle-mère dotée d'une grande lucidité.
Elle m'a semblé d'une bonté infinie, d'une grande classe et surtout qui s'est montrée d'une patience hors norme, face à Blanche son exécrable belle-fille.
Louise, courageuse, qui se refuse de prendre le rôle de la méchante belle-mère comme dans les contes, face à Blanche, enfant idolâtré comme une princesse et réduite à une image parfaite par toute sa famille et surtout par sa mère Irène.
C'est au moment où Louise entre dans la vie de Erwann le papa, qu'elle va se poser mille questions pour savoir où est vraiment la place qui lui est réservée, entre le père et sa fille.
Et surtout comment faire pour l'avoir, pour peut-être la gagner ? Comment faire pour être digne de l'occuper ? Où trouver un juste équilibre à trois ? Comment établir et faire durer des rapports cordiaux qui éviteraient tous conflits et même toutes disputes avec son conjoint ?
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D'autant que la tâche sera très compliquée et semée d'embûches avec la beauté extraordinaire de sa belle-fille Blanche. Une beauté saisissante qui deviendra le propre miroir de Louise. Un miroir cruel qui lui fera mal, qui lui fera chaque jour comprendre qu'elle a un physique d'une grande banalité et qu'elle est peut-être une femme médiocre.
Louise se sentira blessée et même diminuée, surtout lorsqu'elle constatera le comportement d'Erwann face à sa fille. Un papa, aveuglé aussi par la beauté de Blanche. Un papa qui la sublime et qui lui pardonne tout. Un papa qui pire, est tombé en mimétisme avec sa fille.
Mais c'est aussi Louise, qui dépassera parfois, sa jalousie, sa rivalité avec sa belle-fille, qui seule se rentra compte de la santé de Blanche.
Blanche qui ne parle pas, qui ne sourit pas, qui ne semble pas avoir de rêve, est qui est peut-être une petite fille en énorme et profonde souffrance.
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Camille Anseaume n'a pas seulement soulevé avec brillance, les problèmes que rencontrent les belles-mères. L'auteure nous interroge aussi sur la définition de la beauté chez une femme dans la société actuelle.
Une société où l'apparence est mise encore trop souvent en avant.
Une société minée par encore trop de paradoxes, avec d'un côté ces milliers de femmes qui sont en combat permanent contre l'hypersexualisation des femmes et des filles.
Et de l'autre, des pubs, des magazines, des podiums de mode, des sites qui continuent d'exhiber des modèles comme des poupées parfaites et bien sages. Où aussi ces centaines de nommées « influenceuses », qui pour dire qu'elles existent, prennent des poses lascives, parfois lubriques et salaces devant leur écran. Et vendent à tous ces gogos mâles, l'eau de leur bain ou la sueur de leurs aisselles.