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EAN : 9782266337526
192 pages
Pocket (04/01/2024)
  Existe en édition audio
4.31/5   2553 notes
Résumé :
​Ils sont frère et sœur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.
Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant :
« Papa vient de tuer maman. »
Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.
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Que lire après Ceci n'est pas un fait diversVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (589) Voir plus Ajouter une critique
4,31

sur 2553 notes
« Papa vient de tuer maman. »

À l'inverse du « happy-end » américain, Philippe Besson livre une grosse claque d'entrée en débutant son nouveau roman par ces cinq mots qui retiennent immédiatement toute l'attention du lecteur. Une phrase courte, percutante et lourde de sens, prononcée au téléphone par une gamine de treize ans qui vient d'assister à l'innommable qui se cache derrière ces cinq mots. À l'autre bout du fil, la vie du grand frère de dix-neuf ans vient de basculer. C'est lui qui encaisse l'onde de choc qui accompagne cette phrase, qui va remonter le fil de sa vie pour chercher les indices qui permettraient d'expliquer l'inexplicable, qui va sauter dans le premier train afin de recoller les quelques morceaux qu'il reste de cette famille volée en éclats et qui va se transformer en narrateur afin de mettre des mots et surtout des sentiments sur cet événement qui, pour lui, est tout sauf un simple fait divers !

À l'instar de David Lelait-Helo dans son excellent « Je suis la maman du bourreau », Philippe Besson se glisse dans la peau des victimes collatérales d'un crime. Tandis que le médecin légiste examine le corps de cette mère tuée de dix-sept coups de couteau par son mari, Philippe Besson se livre à l'autopsie de sa famille, décortiquant les prémices et les conséquences du drame avec une précision quasi chirurgicale. Des signes précurseurs, allant d'une jalousie excessive à de la violence psychologique, aux répercussions du drame, en passant par l'escalade des violences conjugales et les lâchetés de ceux qui ne sont pas intervenus, Philippe Besson fouille le passé et analyse le présent, pointant non seulement du doigt ce fait de société qui alimente trop souvent la page des faits divers de l'actualité, mais sortant surtout de l'ombre ces victimes invisibles dont on ne parle pas : ces proches traumatisés, endeuillés et meurtris à jamais !

Ce qui me séduit à chaque fois dans les romans de Philippe Besson, c'est l'élégance de sa narration, qu'il combine cette fois à l'intelligence de ne pas en faire trop, de ne pas rechercher les effets de style afin de décrire ce sujet délicat avec pudeur et grande justesse. Laissant de côté les envolées issues de ses propres tripes qui m'ont tellement séduit lors de ses ouvrages plus intimes, l'auteur de « Arrête avec tes mensonges » pose ici ses mots avec grande délicatesse sur les blessures d'un autre. S'imposant des limites à ne pas franchir, des libertés à ne pas saisir, comme une sorte de retenue qui s'impose vis-à-vis de ce récit inspiré de faits réels qu'il désire conserver au plus près de la réalité tout en se l'appropriant avec brio, Philippe Besson s'attaque au féminicide d'une plume alliant sobriété et sensibilité.

Non, le féminicide n'est pas un fait divers !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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1) Fait divers = Événement sans portée générale qui appartient à la vie quotidienne [Larousse].
2) Fait divers = Événement peu important mais faisant sensation et rapporté dans les journaux [L'Internaute]. 
3) Fait divers = Événement qui n'est pas politique, social, économique, ni culturel. Il est donc inclassable et rangé dans la rubrique « Faits divers » des journaux. On y trouve souvent des faits tragiques, comme des accidents, des meurtres, des vols ou des catastrophes [1jour1actu].

Le meurtre de sa femme est donc considéré comme un fait divers. Mais qu'en est-il pour les enfants, orphelins de mère et de père meurtrier ? Quand on est au coeur d'un tel drame, quand on est victime d'un tel drame, on est en droit de proclamer que ce fait n'est pas divers, loin de là...

Parce que le narrateur (dont on ne connaît pas le prénom) se refuse à être une victime invisible et silencieuse, à être une victime collatérale, il prendra son stylo pour écrire son histoire, ou plutôt leur histoire : la sienne, celle de sa petite soeur, celle de son grand-père, mais aussi celle de sa mère défunte, celle de son père meurtrier. Il raconte bien évidemment le drame, celui qui l'a rendu orphelin... le deuil, le traumatisme... Les procédures funéraires et judiciaires... La petite Léa, sa soeur de treize ans, seul témoin du meurtre, qui part à la dérive... Il fouille le passé de ses parents... À défaut de pouvoir pardonner un acte impardonnable, il cherche des explications...

Apparemment inspirée de faits réels comme l'indique la quatrième de couverture, Philippe Besson nous livre une histoire tragique. Une histoire qui prend aux tripes. Une histoire qui ébranle. Une histoire qui ne laisse pas indemne.
D'autant que les événements se déroulent près de chez moi, dans des endroits que j'ai vus, visités ou souvent évoqués, ce qui ajoute davantage de réalisme qu'il n'y en a déjà.

Philippe Besson, en faisant témoigner son narrateur, évoque des sujets au coeur de l'actualité : il y est question de violences conjugales, physiques et psychologiques, de perversité narcissique, de féminicide, mais aussi de deuil et de reconstruction, de stress post-traumatique. Avec des mots pourtant simples, des phrases courtes, sans fioritures, il nous plonge dans un récit aussi immersif qu'il est dur et choquant. On a le point de vue des enfants, de l'acte meurtrier et surtout de l'après, et c'en est d'autant plus percutant, bouleversant.

"Ce n'est pas un fait divers", ce sont 208 pages que j'ai lues d'une traite, 208 pages qui m'ont secouée, 208 pages qui m'ont soufflé une bourrasque d'émotions diverses (chagrin, incompréhension, culpabilité, apitoiement, colère). 208 pages poignantes, bouleversantes.

Je trouve difficile de dire qu'on a adoré un livre qui raconte un drame, qui raconte une douleur irréversible, un deuil et une reconstruction quasiment impossibles, un pardon qu'on n'accordera jamais...

Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Babelio et les éditions Julliard pour la sélection et l'envoi de cet ouvrage que je ne suis pas près d'oublier.
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« Ce qu'il y a de scandaleux dans le scandale
c'est qu'on s'y habitue. »
Simone de Beauvoir

*
Après avoir découvert Philippe Besson avec « Paris-Briançon », je n'ai pas hésité, malgré la dureté du thème, à accepter la lecture de son dernier roman : « Ceci n'est pas un fait divers ». Un grand merci à Babelio et aux éditions Julliard qui m'ont permis de découvrir et d'apprécier ce petit livre.

C'est avec beaucoup d'émotions que je le referme.

*
« Ma mère avait succombé à une mort violente. On croit toujours que la mort de ses parents surviendra tardivement, calmement, et quand on aura eu le temps de s'y préparer. On redoute la maladie. On écarte l'hypothèse de l'accident… On n'envisage jamais le meurtre. Jamais l'exécution... Elle était une femme menue quand mon père était une force de la nature. Face à lui, elle n'avait pas la moindre chance de s'en sortir. »

Dans ce récit inspiré de faits réels, Philippe Besson aborde avec une grande sensibilité, un fait de société : les violences conjugales et le féminicide. N'attendez pas un dénouement heureux. Tout commence par la fin, la mort d'une femme sous les coups de son mari.

L'auteur a choisi de l'évoquer en adoptant le regard de l'entourage, car au-delà des victimes, ce sont aussi de nombreuses vies qui sont bouleversées et qui doivent continuer à vivre après de tels drames.

En choisissant comme narrateur le fils ainé de cette famille, on entre doucement dans le foyer et l'intimité du couple, en apparence sans histoire.
L'auteur, en alternant souvenirs d'enfance et présent, reconstitue ainsi, petit à petit, la dynamique de la violence conjugale jusqu'au meurtre, tout en s'intéressant également aux répercussions sur la famille proche.

*
Certains coups de téléphone marquent une frontière entre l'avant et l'après, le bonheur et le deuil, la vie de famille et la solitude, la violence et l'incompréhension, la douceur d'une mère et l'absence.

« Papa vient de tuer maman. »

C'est avec ces mots que l'on entre dans ce récit.
Si une vie a été brisée ce jour-là par la peur et la rage d'un homme qui voulait à tout prix maintenir sa femme sous sa domination, elle a emporté également d'autres destins.
Comment se reconstruire, trouver un sens à son existence, sans se laisser ronger par la culpabilité, les remords et la souffrance ?

*
Il est délicat de trouver les mots justes pour aborder un sujet de société qui revient malheureusement beaucoup trop souvent dans l'actualité.

L'auteur ne cherche pas les effets de style ou l'intensité dramatique.
Dès les toutes premières lignes, nous connaissons l'ampleur du drame qui frappe cette famille girondine. La force d'évocation se révèle par la sobriété du style, par un récit à la première personne du singulier, par des phrases et des chapitres courts qui confèrent à la narration un rythme soutenu et une atmosphère oppressante, douloureuse.

*
Si chaque vie est unique, chaque histoire semble souvent se répéter :
la jalousie excessive, l'irritabilité, les violences physiques, l'emprise psychologiques de l'homme sur sa victime ; le silence, la solitude, la peur, la souffrance intérieure de la femme ; l'aveuglement, le déni, la culpabilité, le remords, le chagrin et la colère de l'entourage ; mais aussi la mauvaise prise en charge des plaintes pour violences conjugales et les failles de la justice.

Philippe Besson excelle à décrire les sentiments, les émotions. Il réussit avec beaucoup de subtilité et de pudeur à allier la complexité des liens familiaux et la profondeur psychologique des personnages pour évoquer cette violence sociale, les douleurs tues, les regrets et la culpabilité de ceux qui n'ont pas su voir à temps.
Tout cela m'a donné l'impression d'un immense gâchis, de vies gaspillées pour rien, me laissant un sentiment de tristesse pour ces femmes maltraitées qui souffrent dans le silence, pour tous ces enfants orphelins de mère, pour ces parents qui ne reverront jamais leur enfant.

« On ne pouvait pas imaginer l'imaginable… Rien n'est de ta faute. Rien du tout. »

Cette lecture est certes éprouvante mais salutaire pour nos consciences endormies. Les mots, sans pathos, sans apitoiement, sans voyeurisme, sans jugement, frappent comme un destin annoncé.

« Nous ne devions pas juger seulement un fait divers, mais un fait social. Nous ne devions pas parler d'une dispute conjugale qui aurait mal tourné, mais bien de l'aboutissement d'un continuum de violence et de terreur. Nous ne devions pas parler d'un meurtre, mais de la volonté d'un homme d'affirmer son pouvoir, d'asseoir sa domination. Et de l'aveuglement de la société. Et de la peur de nommer. »

Toutes ces morts innocentes, longtemps réduites à des crimes dits « passionnels », à des faits divers sont aujourd'hui des voix que l'on entend et écoute. Leur histoire compte pour qu'un jour, toutes les femmes soient respectées et ne soient plus les proies d'hommes possessifs et violents.
Pour qu'un jour, le féminicide ne soit plus considéré
comme un fait divers.

*
Pour conclure, Philippe Besson signe ici un petit roman brillamment écrit, extrêmement poignant, véritablement glaçant.
L'auteur a su débuter ce récit par un incipit fort et maintenir tout du long une tension en disséquant habilement le cheminement insidieux qui a conduit à cet acte odieux. Car tous les signes précurseurs étaient là.

Ceci n'est pas un fait divers.
Ceci est un roman sur des vies qui volent en éclat.
Ceci est un roman sur l'innocence perdue, le deuil, le chagrin, le combat difficile pour réapprendre à vivre et à se reconstruire sur les vestiges du passé.
Et au milieu de toute cette souffrance, ceci est un roman sur la résilience et l'amour fraternel qui permet de survivre à l'inconcevable, l'intolérable.

Un roman nécessaire pour mettre toute la lumière sur ces drames intimes qui se répètent beaucoup trop souvent.
Un très beau roman que je vous conseille.
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CECI N'EST PAS UN FAIT DIVERS - Philippe Besson - Roman - Editions Pocket - Lu en février 2024.

Ceci n'est pas un fait divers, en effet, comment peut-on qualifier de "fait divers" le meurtre d'une femme par son mari !

Je ne dévoile rien, dès la première phrase le lecteur sait à quel drame il va devoir faire face.

Léa a 13 ans, son frère 19 ans, Léa vit avec ses parents, son frère étudie la danse à Paris.

Le drame se joue en France à Blanquefort, dans une zone pavillonnaire.

Léa téléphone à son frère, il décroche, pas un mot, un long moment de silence, avant que Léa ne dise "papa vient de tuer maman"

17 coups de couteau, il s'est acharné le mari.

A partir de là, cette histoire n'est plus qu'un long cri de terreur, d'horreur, de désespoir, de colère, d'incompréhension, de regret et de questionnement restant sans réponse.

Commence alors l'enquête sous la férule du policier Paul Verdier, pas très humain dans sa manière d'enquêter, questionnaire de Léa, qui a assisté à la scène, du frère sur la vie de leurs parents, les scellées sur la maison dans laquelle près d'un an plus tard le grand frère est rentré et où la cuisine, lieu du meurtre, n'avait même pas été nettoyée ! Les ragots, les regards des gens.

Le grand-père maternel des deux enfants les prend en charge immédiatement, il tente tant bien que mal de leur rendre la vie plus douce. le grand frère renonce à son rêve de devenir premier danseur, Léa est présente aux cours mais absente dans sa tête. Elle bascule, son frère la fait entrer dans un hôpital psychiatrique parce qu'il ne sait plus quoi faire.

L'attente commence alors, Léa va-t-elle s'en sortir, Parviendront-ils un jour à accepter l'inacceptable ? Philippe Besson, avec son livre Ceci n'est pas un fait divers nous plonge dans l'innommable avec simplicité et pudeur, il raconte le long cheminement psychologique de ces deux jeunes plongés du jour au lendemain dans une épreuve qu'ils n'avaient jamais imaginée et qui ne vivront plus jamais "comme avant", ce traumatisme est inscrit au fer rouge dans leur chair, leur maman a été assassinée par leur papa.

Quand j'ai refermé ce livre, m'est venu devant les yeux le tableau d'Edvard Munch, le Cri, tellement expressif.

Pour vous faire une petite idée du nombre de féminicide j'ai fait quelques recherches sur Internet et voici les chiffres qui font froid dans le dos :

En France : en 2022 : 118 en 2023 : 94 - en 2024 depuis le début de l'année : déjà 14

En Belgique : en 2020 : 25 - en 2021 : 22 - en 2023 : 43

En Autriche : entre 2019 et 2020 : 319 - en 2021 : 26

En Italie : entre le 1er août 2021 et le 31 juillet 2022 : 125 - en 2023 : 24

En Espagne : au 31 août 2023 : 40 - en 2022 : 30

Le summum revient à l'Afrique : 20.000 suivie par l'Asie.

Les femmes et filles assassinées dans le monde en 2022 a atteint son plus haut niveau.

Je ne dis plus rien, ces chiffres en disent bien plus long que ce que je pourrais écrire.

J'ai mis deux semaines pour pouvoir écrire cette critique tant j'ai été bouleversée.


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Cela fait plusieurs années que le narrateur, dix-neuf ans, a quitté la Gironde et le domicile familial pour ses études à Paris, lorsqu'un coup de téléphone affolé de sa petite soeur Léa, treize ans, le foudroie en quelques mots soufflés d'une voix blanche : « Papa vient de tuer maman. » Alors qu'il accourt aussitôt sur place, l'atroce réalité lui explose au visage : dans la maison investie par les gendarmes, le corps sans vie de sa mère, lardé de dix-sept coups de couteau, gît sur le sol de la cuisine ; son père en fuite est recherché pour meurtre ; sa soeur, témoin de l'agression, s'est réfugiée dans un mutisme traumatisé.


Depuis le premier récit de Léa jusqu'à l'épreuve du procès, en passant par les obsèques, le calvaire des dépositions et la confrontation au père qu'ils culpabilisent de ne pas parvenir à haïr tout à fait, les deux adolescents ne sortent de la sidération que pour se retrouver perdus dans un enfer sans fond, les menant peu à peu, brisés, à l'effondrement psychique. Tout d'abord incapable de mesurer combien le traumatisme est en train de dévorer sa cadette repliée sur son silence et ses cauchemars, le jeune homme s'absorbe, entre mauvaise conscience et ressentiment, dans sa réminiscence des signes avant-coureurs de la tragédie, ceux que personne, et pas même lui, n'a su regarder en face.


Déni de l'entourage, omerta familiale, incurie policière – la victime s'était vue refuser un dépôt de plainte pour violence conjugale –, ont définitivement enfermé le couple dans une spirale mortifère, chaque velléité d'indépendance de l'épouse maltraitée accroissant la fureur et la violence d'un homme narcissique et dominateur, persuadé de son droit de possession. Même si longtemps considéré comme passionnel et bénéficiant de circonstances atténuantes, le féminicide est un « crime de propriétaire », qui dit beaucoup des mentalités patriarcales héritées d'une longue tradition de domination masculine.


Inspiré de faits réels, le récit coule avec sobriété, dans une concision simplement efficace qui n'évite pas les poncifs, mais adopte le point de vue inédit des enfants. Et même si l'on ne peut se défendre totalement d'un vague sentiment de creux, voire d'opportunisme sur un sujet à la mode, l'on ne reste pas indifférent à cette fratrie, expulsée de chez elle et soudain privée de tout repère, qui doit affronter, bientôt rattrapée par la culpabilité, le deuil d'une mère en même temps que la monstruosité d'un père. Un père qui n'a d'ailleurs pas perdu son autorité parentale...


Enfin, et peut-être surtout, ce fait divers qui n'en est pas un nous interpelle sur notre responsabilité collective, parfois de témoins trop volontiers sourds et muets, plus largement pour ce qui peut bien autoriser certains hommes à penser posséder un tel droit de propriété sur leurs femmes qu'il leur donne sur elles pouvoir de vie et de mort. « Nous ne devions pas juger seulement un fait divers, mais un fait social. Nous ne devions pas parler d'une dispute conjugale qui aurait mal tourné, mais bien de l'aboutissement d'un continuum de violence et de terreur. Nous ne devions pas parler d'un meurtre, mais de la volonté d'un homme d'affirmer son pouvoir, d'asseoir sa domination. Et de l'aveuglement de la société. Et de la peur de nommer. »

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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critiques presse (10)
LeJournaldeQuebec
03 octobre 2023
Un récit extrêmement bien fait qui dévoile petit à petit comment et pourquoi une telle tragédie a pu se produire.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
OuestFrance
27 février 2023
Ce féminicide-là est vu à travers les yeux des enfants de la morte, victimes collatérales auxquelles tout le monde pense mais que l’on entend rarement, parce qu’elles sont trop jeunes, qu’il faut les protéger ou qu’elles se taisent.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LaLibreBelgique
10 février 2023
Philippe Besson nous donne le roman bouleversant de deux enfants confrontés à l’irréparable.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
OuestFrance
06 février 2023
Empli d’empathie et poussé par la nécessité de raconter la vie des autres – le moteur de son œuvre –, l’écrivain décortique dans « Ceci n’est pas un fait divers » le sort terrible réservé aux enfants du féminicide. Un roman percutant, âpre et impressionnant.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
MadmoizellePresse
03 février 2023
Avec Ceci n’est pas un fait divers, Philippe Besson – dont on avait déjà beaucoup aimé Le dernier enfant (2021), variation autour d’une mère déchirée par le départ de la maison de son dernier fils – s’empare du sujet des féminicides dans un roman vertigineux. Ce dernier s’attache à mettre en lumière le point de vue, dont on parle peu, des enfants dont la mère a été tuée par leur conjoint.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
LesEchos
31 janvier 2023
Dans « Ceci n'est pas un fait divers », l'écrivain raconte le calvaire vécu par un frère et une soeur dont la mère a été sauvagement assassinée par leur père. Inspiré d'une histoire vraie, un roman manifeste, pressé et poignant, contre la violence faite aux femmes, le déni et l'impuissance de la société face aux féminicides.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeSoir
31 janvier 2023
« Ceci n’est pas un fait divers » raconte un féminicide tel qu’il est vécu par les enfants, victimes collatérales et invisibles.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeJournaldeQuebec
30 janvier 2023
Inspiré d’une histoire vraie, malheureusement, Philippe Besson raconte le chagrin, la colère, la culpabilité et tout un apprentissage – réapprendre à vivre – vécu par un frère et une sœur qui viennent d’apprendre qu’un drame s’est produit dans leur famille
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
16 janvier 2023
Le romancier français Philippe Besson aborde ce crime du point de vue des enfants, ces victimes invisibles.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Bibliobs
05 janvier 2023
Dans son style concis, avec une lucidité implacable, il raconte non pas un fait divers mais bien un fait de société dont on nous livre chaque année les statistiques accablantes. Il en met en lumière les négligences, les lâchetés, les inconséquences qui conduisent à l’irréparable.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (435) Voir plus Ajouter une citation
Au téléphone, d'abord, elle n'a pas réussi à parler. Elle avait pourtant trouvé la force de composer mon numéro, trouvé aussi la patience d'écouter la sonnerie retentir quatre fois dans son oreille, puisque j'étais occupé à je ne sais quoi à ce moment-là et que j'ai décroché à la dernière extrémité. Finalement, elle m'avait entendu crier son prénom dans une sorte de précipitation car j'étais tracassé à l'idée d'avoir manqué l'appel mais au moment de s'exprimer, aucun son n'est sorti, aucun, comme si soudain elle était devenue muette et, en réalité, c'était ça, exactement : elle était devenue muette, sous la violence du choc. Moi, je ne savais rien du choc. Je savais juste que ma petite sœur m'appelait, ce qu'elle ne faisait qu'en de très rares occasions - on ne se parlait pas beaucoup, et généralement c'était en tête à tête, lorsque je rentrais le week-end - et si j'étais un peu surpris, je n'étais pas vraiment inquiet. L'inquiétude a déboulé quand j’ai entendu son souffle, son souffle seulement, dans le téléphone, sa respiration, la respiration de quelqu’un qui suffoque ; voilà, ça ressemblait à une suffocation. Alors, j’ai recommencé à m’exclamer, j’ai dit : « Léa ? Léa c’est toi ? » Et pas de réponse.
Incipit
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Sans trembler, elle a dressé de notre père le portrait d’un être narcissique, dominateur et terrifié à l’idée d’être abandonné : « Au fond, il n’aime que lui, et ne conçoit pas qu’on ne l’aime pas en retour. Il a une certaine idée de la virilité, que des millénaires lui ont enseignée, que son histoire personnelle et familiale a forgée. Pourtant, il a peur comme un enfant. Peur d’être oublié dans une fête foraine. »
La perspective d’une séparation lui est donc apparue comme une dépossession intolérable. « Ne vous méprenez pas, mesdames et messieurs les jurés, ceci est un crime de propriétaire. Cet homme estimait que sa femme lui appartenait, qu’elle était son bien, il la considérait comme sa chose. La mise à mort était pour lui la certitude de l’empêcher de reprendre sa liberté. »
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Nous avons remonté l’allée derrière le cercueil tandis que retentissait dans l’église « évidemment », la chanson de France Gall. Léa avait tenu à ce qu'on la diffuse, car « maman l'aimait beaucoup ».
Ça disait : « Y a comme un goût amer en nous/Comme un goût de poussière dans tout/Et la colère qui nous suit partout ». Ça disait aussi : « On rit encore/Pour des bêtises/Comme des enfants/Mais pas comme avant ». Ces paroles, que j'avais oubliées, m'ont infligé une douleur inouie.
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La réalité, c'est qu'on cherche rarement à savoir qui étaient nos parents avant qu'ils ne deviennent nos parents. On dispose d'informations, bien sûr. On connaît approximativement leur parcours, on sait ce que faisaient leurs propres parents puisqu'on les fréquente en général, on possède des repères, des balises, mais souvent on n'a pas cherché à en apprendre davantage, comme si ça ne nous regardait pas, comme si ça leur appartenait à eux seulement, ou comme si ça ne nous intéressait pas, le passé des autres c'est tellement ennuyeux quand soi-même on est dans l'âge tendre ou l'âge bête.
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Votre père, bien que sa mise en examen et son incarcération ne fassent aucun doute, conserve tous ses droits de père. Même depuis sa cellule, il pourra continuer à prendre les décisions, notamment s’agissant de toi, Léa, car tu es mineure. Il aura la main sur ton orientation scolaire… ou sur tes opérations chirurgicales, par exemple, si tu es amenée à en subir, tes voyages. Il pourrait même exiger des visites au parloir. Tu devras dire si cette situation te convient ou si, à l’inverse, tu préfères qu’un autre que lui devienne ton responsable légal.
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Festival Culturissimo 2024 : le Parvis reçoit Philippe Besson
Philippe Besson est l'auteur de plus de vingt romans, dont Son frere, adapte en film par Patrice Chereau, L'Arriere-saison, prime Grand Prix RTL-Lire, et Arrete avec tes mensonges, recompense par le prix Maison de la Presse et adapte au cinema en 2023. Parmi ses autres oeuvres, on trouve le Dernier Enfant, Paris- Briancon, et Ceci n'est pas un fait divers.
S'inspirant d'une histoire vecue, Philippe Besson retrace un drame de sa jeunesse, survenu dans l'ile de Re, un soir de juillet, au milieu des annees 80.
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Ceci n'est pas un fait divers (Philippe Besson)

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