Pendant que Mme Henning distribue les rôle pour ce cours, mon téléphone vibre. J’y découvre un message de Kelly :
- Tu me manques, c’est bizarre ?
Je prends une profonde inspiration et opte pour l’honnêteté.
- Non, parce que tu me manques aussi.
Je m’attends à ce qu’il transforme « gay » en accusation, voire en insulte. Qu’il arrête de me voir comme Kai et me réduise à gay. Je m’attends à tout ça en me rappelant qu’être gay n’est jamais un choix. Si c’était le cas, pourquoi tant d’être nous choisiraient-ils de se faire ostraciser, tout en sachant qu’on parle dans leur dos ? La réponse est simple : ce n’est pas un choix.
C’est très injuste : parce que tu es soi-disant différent, tu dois te lever et proclamer que tu es soi-disant différent. Qu’est ce qui fait que tous les autres sont normaux ? Qui en a décidé ainsi ?
- La vérité, c’est que je ne sais pas si je suis gay. Oui, tu me plais, mais est-ce que ça veut dire que je suis gay moi aussi ? Tu es le premier gars qui me plait. Le seul jusqu’à présent. Peut-être que je suis bi ? (Il lève les mains.) Je ne sais pas. Je devrais, non ? Mais, bon, j’ai toujours pensé que l’amour était l’amour.
- Ça ne doit pas nécessairement définir qui tu es. En plus, tu pourras toujours le découvrir plus tard. Ça fait moins d’une semaine. Crois-moi, ça m’a pris plusieurs années pour comprendre que j’étais gay. Et encore plus de temps pour l’accepter.
I don’t know how long this will last, but I choose to focus on the here and now.
I choose to be happy.
Because I can be.
Because I deserve to be.
Gay means happy, too, you know.
— C’est vrai quand on dit que les enfants ne connaissent pas la haine ou les préjugés à la naissance, commente papa. C’est nous qui leur apprenons ces choses.
-(...) Je n'ai pas ce talent d'acteur.
Ce qui est une sorte de mensonge, vu le rôle que je joue au quotidien. J'ai menti à propos de béguins que je n'ai jamais eus, de baisers donnés à des filles qui n'existaient pas. J'ai joué mes propres drames. Mais je n'explique rien de tout ça. On peut parler de tout, sauf de l'éléphant dans la pièce. Et ça me va très bien.
Une fois dans mon lit, je n’arrive pas à dormir.
Peut-être parce que, pour la première fois de ma vie, je suis complètement réveillé.
C’est le problème avec les étiquettes : elles ont tendance à vous coller comme un chewing-gum indésirable.
Et chaque gay a entendu des choses et vu des films. On nous a répété que nous n’étions pas normaux pendant si longtemps, on nous a tant punis et ridiculisés que cacher qui nous sommes est une seconde nature pour nous. Parfois, se cacher faut la différence entre la vie et la mort. C’est pourquoi le fameux placard existe toujours. Il nous permet de nous cacher et, plus important, il assure notre sécurité. Vivre sa vérité est important, mais parfois, vivre le mensonge est ce qui vous tient chaud, vous donne la sensation d’entré nourri et choyé… de respirer. « Détail » que beaucoup de non-gays ne comprennent pas.
Oh, les temps ont changé,
Tout le monde s’en fiche à présent.
Être gay, ce n’est plus un problème.
Mais si.
Gay signifie heureux aussi, tu sais.