La romancière britannique Kate Mosse salue la Galerne et présente son nouveau roman, "La Cité de larmes" (Sonatine éditions) qui plonge le lecteur au coeur des tourments de l'Histoire de France pendant les Guerres de Religion.
Les morts laissent une ombre derrière eux, l’espace où ils vécurent résonne encore de leur écho. Ils nous hantent, sans jamais s’effacer ni vieillir comme nous le faisons. Ce n’est pas seulement leur futur que nous pleurons, c’est aussi le nôtre.
Non, Meredith ne comprenait pas qu'on puisse considérer que l'avenir était d'une certaine façon déjà écrit. C'était absurde, et bien trop fataliste à son goût. Une manière de ne pas assumer pleinement sa propre vie, de s'en remettre à une instance supérieure, et non à soi-même, pour mener sa barque.
Alaïs se rapprocha. La lumière des chandelles dansait dans sa prunelle.
« L'histoire commence en terre d'Egypte, il y a de cela plusieurs milliers d'années. C'est l'histoire véridique du Saint-Graal. »
Alaïs se tenait sur les murs de la citadelle de Montségur, silhouette gracile et esseulée dans son épais manteau d'hiver. La beauté lui était venue avec le passage des ans. Si mince qu'elle fût, la grâce se reflétait dans son visage, son port de tête, son maintien. Elle regarda ses mains : dans la lumière matinale, elles semblaient bleutées, presque translucides.
Des mains de vieille femme.
Alaïs sourit. Vieille, non. Plus jeune que son père quand la mort l'avait emporté.
Alaïs n'avait jamais quitté les terres du vicomte Trencavel et, partant, avait grand-peine à se représenter les grandes ville du Nord, comme Paris, Amiens ou même Chartres, ville où sa mère avait vu le jour. Pour elle, ce n'était que des noms sans couleur ni saveur, aussi rudes que la langue qui s'y parlait, la langue d'oïl. Mais même sans le comparer, elle ne pouvait imaginer plus beau pays que celui, pérenne et intemporel, de la région de Carcassonna.
L'Histoire est écrite par les vainqueurs, les menteurs, les plus forts et les plus résolus. La vérité se découvre souvent dans le silence et les lieux tranquilles.
Ce que nous appelons civilisation est juste une façon pour l'homme d'essayer d'imposer au monde naturel ses propres valeurs. Les livres, la musique, la peinture, toutes ces constructions qui ont tant occupé nos compagnons de ce soir cherchent à capturer l'âme de ce qui nous entoure. Une façon de donner du sens, d'ordonner nos expériences humaines en quelque chose de mesurable, de maîtrisable.
Avril 1912,
Église Saint-Pierre et Sainte-Marie
Marais de Fishbourne
Sussex
Mercredi 24 Avril
Minuit.
Dans le cimetière de l’église Saint-Pierre et Sainte-Marie, des hommes se rassemblent en silence, au bord des marais noyés de brume. En attente, aux aguets.
Car, selon la croyance, la vieille de la Saint-Marc, les esprits de ceux destinés à mourir durant l’année à venir apparaissent.
- Je ne la juge pas, répliqua Léonie, piquée au vif. C'est juste que... je n'ai pas envie de mener ce genre de vie.
- L'amour, le véritable amour, est une chose infiniment précieuse, Léonie, continua Isolde. Il est douloureux, inconfortable, il nous fait faire des folies, mais c'est lui qui donne couleur et sens à l'existence. Oui, l'amour est la seule chose qui puisse nous tirer de notre morne condition pour nous amener à une dimension plus haute, plus sublime.
Au centre du labyrinthe est l'illumination. Au centre du labyrinthe réside l'entendement. Alice se prit à songer aux pèlerins chrétiens sur le Chemin de Jerusalem, dans la nef de la cathédrale de Chartres, suivant les spirales décroissantes du labyrinthe pour y trouver l'illumination.
Ici, dans le labyrinthe du Graal, la lumière dans toute son acception se trouvait au cœur des choses.