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Critiques de Julien Dufresne-Lamy (733)
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Les bienheureux

J’avais déjà repéré les précédents romans de Julien Dufresne-Lamy, mais je n’avais jamais franchi le pas pour une raison particulièrement subjective : je n’étais pas fan des couvertures. Derrière celle-ci, qui ne m’attirait de nouveau pas spécialement, l’auteur s’intéresse au sort d’enfants touchés par une maladie orpheline : le syndrome de Williams-Beuren. Difficile de rester indifférent à un tel sujet !



En suivant neuf enfants atteints de cette maladie rare, Julien Dufresne-Lamy livre un témoignage aussi bouleversant qu’instructif, qui permet de mieux cerner ce syndrome dont on ne guérit pas. Un petit morceau de chromosome en moins qui transforme la vie de Marius, Arthur, Enzo, Thomas, Maléna, Axelle, Romain, Marie, Svetlana et de leurs familles en parcours du combattant. Des gosses souffrant d’hyperacousie, d’hypercalcémie, de problèmes cardiaques, de difficultés d’alimentation, d’insomnies et d’un retard intellectuel, et qui se retrouvent de surcroît piégés dans un corps aux allures de lutin.



En livrant leurs histoires personnelles, l’auteur partage également leur combat au quotidien, du diagnostic parfois beaucoup trop tardif au regard des autres sur cette différence qui s’accentue au fil des ans, en passant par leur courage, leurs victoires, leurs désillusions, leurs souffrances et leur engagement afin de faire évoluer la recherche et d’obtenir plus de reconnaissance pour cette maladie orpheline.



En portant un regard rempli de tendresse et débordant d’humanité sur ces enfants, l’auteur propose un récit dénué de pathos et pas larmoyant du tout. Le portrait qu’il livre est même particulièrement lumineux car l’altération dont ils sont victimes résulte certes en plusieurs handicaps, mais également en plusieurs qualités dont on ferait bien de s’inspirer. Outre une oreille absolue, qui leur confère un lien particulier avec la musique, ces enfants pleins de joie débordent également d’empathie et font preuve d’une sociabilité extrême, qui réchauffe le cœur tout au long de la lecture.



« Les bienheureux » ne rend pas seulement hommage à ces enfants débordant d’amour, mais également à leurs proches, qui mettent souvent leurs propres vies de côté pour se transformer en véritables héros !
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Mon père, ma mère, mes tremblements de terre

Charlie, jeune adolescent a un père et une mère, jusqu’au jour où les premiers doutes s’installent quand il voit son père dans le garage affublé d’une perruque blonde et les pommettes saillies de rouge. Peu de temps plus tard, c’est le séisme, son père Aurélien veut devenir une femme. Parce qu’il se sent femme à l’intérieur de lui.



À la clinique où l’on opère son père pour sa transformation finale, Charlie se remémore les cataclysmes qui ont précédé ce jour, tout en tremblant silencieusement l’arrivée d’Alice.



Julien Dufresne-Lamy s’élance à pas de géants et dans une lumière fracassante à la contrée des tremblements d’une famille aimante. Mais il n’est pas facile ni pour la mère ni pour Charlie de tituber entre l’homme et la femme en devenir. L’auteur relate avec une certaine tendresse les remous émotionnels d’un tel séisme.



Si j’ai aimé la globalité de ma lecture, j’émets un petit bémol sur ce père détaché de ses responsabilités au sein de cette famille. Tel un seul but à atteindre, ce père semble oublier combien il est bouleversant pour les siens de suivre, subir et tout doucement accepter une telle métamorphose. Les plus lucides sont terrés à l’extérieur, un médecin qui s’inquiète de l’image masculine à trouver pour Charlie, les collègues de travail qui rejetteront en bloc cet homme mi femme. J’aurai été proche du coup de cœur si l’auteur s’était peut-être attardé plus en détails sur les conséquences chez un jeune pré pubère, chez une mère obligée d’aimer une femme plutôt que l’homme qu’elle a toujours connu.



À côté de ces petits détails peu conséquents, ce livre se lit avec grand plaisir grâce à ses chapitres courts et aérés, grâce à une plume dépourvue de toute superficialité et revêtue de beaucoup de tendresse et d’amour.
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Deux cigarettes dans le noir

J’avais envie de découvrir cet auteur qui semble plaire à beaucoup notamment grâce à son roman, Jolis jolis monstres.

Première incursion donc dans l’univers de cet écrivain.



Clémentine s’apprête à donner la vie lorsqu’elle percute quelqu’un sur la route. Une femme aux cheveux longs et gris, une cigarette dans le noir.

Aux nouvelles, on apprend le décès de la chorégraphe Pina Baush. Clémentine en est persuadée, en mettant au monde son fils, elle est aussi l’assassin de Pina.



Ce roman dessine les contours d’une maternité titubante, d’une obsession pour la danseuse Pina, il y a de la vie dans cette histoire mais beaucoup d’ombres et de fantômes.



J’ai malheureusement été déçue par ce roman que j’ai lu sans que ni l’histoire ni l’écriture ne m’attrapent, sans pouvoir m’attacher ni à Clémentine ni à Pina. Un roman pas fait pour moi que j’ai trouvé trop sombre et aseptisé, trop abstrait aussi. Le parallélisme entre la vie de Clémentine et Pina dans ses débuts de danseuse ne m’ont ni convaincue ni passionnée.

Pourtant, c’est bien écrit, c’est un style qui se tient, presque hypnotique, assez aérien mais la magie n’a malheureusement pas opéré dans ma petite bulle.
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Jolis jolis monstres

Visite guidée d’un monde particulier, et qui pourtant bien présent sur notre planète, et même de plus en plus visible, même s’il reste nocturne, en marge, autant pour mieux s’épanouir sous les lumières artificielles ou pour se protéger des menaces bien réelles.



L’histoire se déroule en deux phases. C’est d’abord James, alias Lady Prudence, reine des cabarets new-yorkais qui confie ses souvenirs à Victor Santiago, un père de famille qui se sent prêt à franchir le pas pour se faire un nom sur les scènes célèbres de New-york. Habilement, l’auteur donne la parole à chacun en miroir, James nous contant l’histoire de Victor en rapportant ses proposera le biais d’un tutoiement qui souligne le lien d’affection entre eux.



Les rôles s’inversent dans la deuxième partie puisque c’est Victor qui prendra la main pour compléter le récit.



Deux personnages, deux époques, l’ambiance générale et les règles du jeu ont changé. Si le Sida a modifié la donne en décimant aveuglément amis et ennemis, encore dans l’ignorance de la réalité de la maladie, ce microcosme est aussi sorti de l’ombre et se montre en plein jour dans des parades colorées et décomplexées.



Le récit orne des mêmes paillettes les soirées mythiques, les amitiés sincères, la joie des acteurs, mais aussi la souffrance, à peine évoquée mais présente en filigrane. Souffrance physique, souffrance des rejets, il faut le plus souvent renoncer à la famille et aux anciens amis, souffrance liée à la maladie. Viendra plus tard celle du temps qui passe, mais personne n’échappe à celle-là.





C’est un récit en délicatesse, démonstration d’une affection sincère pour ceux et celles qui s’auto-proclament monstres. Ils sont profondément attachants, ces personnages qui ont voué leur vie à l’apparence, pour l’amour du spectacle.



Evoquées par nos deux interlocuteurs, les fantômes des plus célèbres drag queens de New-york traversent le récit, qui s’appuie sur des faits réels.



C’est instructif aussi, le lexique est bien spécialisé, ne serait qu’en ce qui concerne les chorégraphies de la Vogue dance.



Excellent choix des Blogueurs littéraires, qui ont élus fin 2019 ce roman original et émouvant.


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Jolis jolis monstres

« Nous sommes un secret enfermé dans une boîte qu'il ne faut surtout pas ouvrir. »



En lisant ce roman, j'ouvre la fameuse boîte et ce n'est pas Pandore qui me pète au visage.

Non, c'est Prudence qui fait irruption et vient m'éblouir.



James est Lady Prudence, drag queen de son état que nous allons suivre durant trente années de sa vie. Loin du cliché, au plus près d'une communauté avec ses codes, ses valeurs, ses peines et ses combats. Un monde qui s'étend sous nos yeux ébahis entre faux cils, talons vertigineux et drames intimes.



Feu d'artifices, monstres éblouissants et comédie humaine sont au rendez-vous. IL FAUT LIRE CE LIVRE.



Ici, vous risquez de croiser Madonna, David Bowie, Keith Haring ou Ru Paul au détour d'une virée nocturne, mais sachez qu'ils ne sont que des personnages secondaires.



Il y a tellement à dire pour que vous ne passiez pas à côté de cette lecture. J'ai trouvé entre ces pages absolument tout ce que je recherche en littérature. Vous savez, ce moment où vous ouvrez un livre et vous ne pouvez plus vous arrêter de lire et, en même temps vous ne voulez jamais voir arriver la fin. Ces livres où après, tout paraît si fade.



J'ai ri. J'ai pleuré. J'ai appris. J'ai grandi. J'ai dansé. J'ai tremblé.

Je suis ressorti changé, chamboulé, bluffé et heureux. Tout ce que la littérature a de meilleur à offrir est là. Un regard, une excitation, un étonnement, aucune page ne vous laissera insensible. Une fête grandiose et intime à la fois. Une prouesse de livre. Un putain de bon livre !



Un hymne à la tolérance, à la vérité, un plaidoyer contre l'indifférence. Un roman d'apprentissage et une fresque flamboyante aussi haute en couleur que ses protagonistes aux perruques folles !



Julien Dufresne-Lamy signe là LE roman de cette rentrée littéraire.



Ébouriffant, tendre et indispensable, il raconte une époque, un mode de vie et nous entraîne dans un univers fantasque et fabuleusement humain.



Et si après ça, vous ne le lisez pas, je rends mon tablier et je deviens blogueur beauté !


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907 fois Camille

« Pourquoi écrit-on ? Quel besoin accomplissons-nous lorsque à tous crins nous choisissons de superposer une histoire sur la nôtre, de draper une vie sous nos yeux ? »



Cette question, l’auteur se la pose en permanence tout au long de ce récit, qui explore le parcours de Camille. Fille d’un tristement célèbre bandit, Dodo la saumure, qui fut l’un des « fournisseurs » de prostituées pour le non moins tristement célèbre DSK.

Raconter Camille, c’est aussi raconter l’histoire de ses parents, de son enfance entre honte et fascination pour ce père très peu présent.



Mais l’auteur a un double discours, biographique, et autobiographique. On assiste pratiquement à la création du roman, et cette création fait partie intégrante de la narration. Il revient sur ses motivations, sur ses scrupules, sur ses doutes sur la légitimité de se saisir de ce récit d’une intimité qui ne lui appartient pas, sur ses craintes d’éventuelles plaintes pour diffamation.



« Ces « je crois » comptent. Ces « sans doute », ces selon moi, ces peut-être. Parce que mon doute est partout. »



« A quel moment du livre Camille est-elle devenue mon personnage, mon Anna K. ? Est-ce dans l’histoire, ou dans l’effort artisanal que je produis jour après jour pour que mon amie s’efface, pour que le personnage se saisisse de ses droits ? »



On assiste ainsi à une mise en abyme, alors que réalité et littérature se confondent de part de d’autre d’une frontière mouvante et brumeuse.



Le récit est porté par une touchante sincérité, et une écriture sans effet de manches, et le lecteur flirte entre la restitution de la vérité et le processus qui y conduit.





Très agréable lecture.



Je remercie Netgalley et les éditions Plon.
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Mon père, ma mère, mes tremblements de terre

Tremble, lecteur, tremble !



Le nouveau roman de Julien Dufresne-Lamy est enfin là et je ne vais pas faire durer le suspense … Je suis comblé. Profondément touché et un peu déboussolé …



Une nouvelle fois, et ça devient une habitude, j'ai été emporté par la plume de cet auteur hors normes.



Julien Dufresne-Lamy nous revient avec un huis-clos familial cataclysmique, émouvant, captivant et profond comme lui seul sait faire ! Chronique d'une mort annoncée ou renaissance salvatrice, plus rien ne sera jamais comme avant pour Charlie et ses parents …



L'univers de Charlie, adolescent de notre époque, a vacillé depuis le fameux tremblement de terre émotionnel qui a bouleversé la cellule familiale et dont je ne dévoilerai pas ici la teneur pour ne pas gâcher le plaisir de lecture …



Un père, une mère, un fils. Chacun de ces êtres m'a touché en plein coeur, m'a ému. Tant d'amour. Tant de renoncements. Tant de vérité …



Un regard sans fard et plein d'une vérité bouleversante sur les bouleversements intimes et dévastateurs au sein du foyer. Un grand cri d'amour au-delà des apparences, au-delà de la société qui juge et rejette, un regard empli de vérité.



J'ai été emporté par les mots, toujours si bien choisis de Julien, par cette modernité et par ce sujet. Ce roman, par certains aspects, m'a rappelé BOOM, du même auteur, qui m'avait ébranlé.



La structure, la construction, du roman m'a également comblé puisque nous sommes enfermés dans la salle d'attente d'un hôpital, où nous suivons les pensées de Charlie, qui revient, dans son esprit, sur les mois écoulés et sur toutes les conséquences du séisme qui a touché sa famille. Chapitres courts, percutants qui nous entraînent au sein d'un tumulte silencieux.



Julien Dufresne-Lamy s'attaque, une nouvelle fois, à un sujet difficile, sans simplifier les choses, sans les dénaturer, avec son phrasé unique et son regard sur le monde. Il montre du doigt, encore une fois, ceux qu'on n'ose pas regarder en face et livre un roman d'utilité publique, sincère, honnête et un peu dingue.



Oui, Julien Dufresne-Lamy est de retour et, j'en tremble encore …


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Boom

BOOM BOOM BOOM (Le bruit de mon coeur à la lecture de ces quelques pages)



L'amitié dure trois ans.



Celle d'Etienne et de Thimothée. Deux inséparables qui vont devoir se lâcher la main.



« Tu t'appelles Timothée. Mais ta famille, tes amis, tout le monde t'appelle Tim. Parceque c'est plus simple. (…) Moi, à la différence des autres, je t'appelle toujours Timothée. Je n'ai pas envie de diminuer qui tu es. »



Rares sont les écrivains qui, en une petite centaine de pages, offrent un tel panel d'émotions. Brutes et délicates à la fois.



Econome de mots, toujours si bien choisis, Julien Dufresne-Lamy raconte une absence, un deuil, une amitié. Il fait aussi bien plus. Il bouleverse, émeut, touche et embarque.



J'ai renoncé à noter sur un carnet les formules qui m'interpellaient car je me suis aperçu que je recopiais consciencieusement le livre dans son intégralité.



BOOM est un livre jeunesse, parcequ'il donne à entendre un adolescent de notre époque.



BOOM, c'est à la fois le bruit d'une porte qui claque à l'intérieur d'un coeur qui chavire mais aussi le bruit que fait un peu l'absence lorsqu'elle tremble encore.



BOOM est un livre, tout simplement, qu'il faut lire. Pour se pencher un peu par-dessus le parapet. Sentir le vide et cette dernière phrase qui danse devant nos yeux, une fois le livre refermé.



BOOM est un roman sur l'absurde ironie de la vie, sur la beauté des liens et la vérité des êtres.



Julien Dufresne Lamy entre définitivement dans la petite liste des écrivains qui me bouleversent. Tant de pudeur, tant de poésie. D'un roman à l'autre, il tisse une oeuvre, une vraie. Il raconte, il écrit. Il marque.


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Trois fois rien (ça fait toujours rien)

Ce roman fut ma première lecture terminée en 2024. A l'origine, je ne voulais pas en écrire de retour, mais en le reprenant en main ce soir, je me dis que ce serait injuste de ne pas consacrer quelques instants à ce beau roman jeunesse de Julien Dufresne-Lamy (qui écrit plutôt dans le registre "adulte" en général).



L'histoire est simple et touchante, elle pourrait être celle de beaucoup de jeunes que j'ai croisés pendant toutes ces années en collège ou lycée. Nelly a eu un fils à l'âge de 18 ans, elle l'élève seule, ce n'est pas facile. Mais le jour où elle perd son emploi de secrétaire médicale parce que son patron prend sa retraite, et qu'elle ne parvient à décrocher que des petits boulots qui suffisent à peine pour survivre, Sacha et Nelly tombent sous le seuil de pauvreté, et la dégringolade ne fait que commencer. Par fierté, Sacha ne laisse rien paraître à ses "amis" du collège, la bande des "A", qui eux ne pourraient pas comprendre pourquoi à la rentrée Sacha n'a pas inauguré les dernières "air-max" à 300€. Il fait face, aide sa mère autant qu'il le peut, et cache son désespoir le jour de ses 15 ans, alors que l'électricité vient d'être coupée et que la seule lumière est celle des bougies chauffe-plat de son gâteau d'anniversaire, le gâteau au chocolat que Nelly a tenu à lui faire parce que c'est celui qu'il aime.



Nelly et Sacha vont devoir quitter leur petit appartement et emménager dans un foyer, une petite chambre pour eux deux, au milieu d'autres femmes et enfants dont la misère est le quotidien. Sacha va entrer au lycée, il est bon élève, et très doué en dessin, c'est son sauf-conduit pour s'évader. Il va choisir une formation de souffleur de verre, pour changer d'univers et donner vie à la beauté dont il rêve.



Sacha est un garçon extrêmement attachant, positif, toujours prêt à donner de son temps aux autres et à aider ceux qui en ont encore plus besoin que lui. Son amour pour Nelly est tel qu'il va devenir celui qui la protège et l'empêche de sombrer dans le désespoir. Et Nelly le lui rend bien, même si on la sent plus fragile, moins résiliente. On a vraiment envie qu'ils s'en sortent, ces deux-là, on se dit qu'ils le méritent. Mais après tout, quel enfant ne mérite pas de vivre à l'abri, de manger à sa faim et d'aller à l'école sereinement ? Pourtant pas besoin d'aller bien loin pour croiser des familles qui vivent sous une tente en plein hiver, même avec des températures négatives, dont les parents sont pourtant "en règle", et pourraient travailler si on voulait bien leur donner une chance. A Strasbourg, plusieurs dizaines de gamins étaient encore dans ce cas il y a quelques jours...France terre d'accueil, où es-tu passée ?



Je vais acheter ce livre et le faire lire à mes collégiens, les mieux lotis comme ceux qui sont dans la galère avec leur famille, et j'espère que chacun y puisera un peu d'empathie ou de réconfort, selon le cas. Parce qu'on peut en sortir, parce que l'espoir et l'entraide existent, comme nous le prouvent Sacha et Nelly.



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Jolis jolis monstres

On explore le monde des Drag Queens à deux époques différentes, sur trois décennies, en fait. D’un côté on fait la connaissance de James devenu Lady Prudence en entrant dans la maison Xtravaganza, où elle fait la connaissance de Venus et Angie mais aussi de Lady Bunny. Ces maisons permettaient à ces femmes de trouver une deuxième famille, car elles avaient été exclues sans ménagement par leur vraie famille.



Le « père Xtravaganza, Hector par exemple a été humilié dans l’enfance : « Sa première expérience avec un gars, Hector avait sept ans. Du genre précoce, l’enfant béni. Quand sa mère l’a appris, elle a commencé à le traiter comme de la merde. Tu veux être une femme, commence à nettoyer. Hector est devenu son esclave. Puis il s’est enfui… »



On découvre ainsi la manière dont elles vivaient, les spectacles avec le côté paillettes, les heures passées à se maquiller mais aussi à faire disparaître tout signe de masculinité avec des méthodes de « scotchages » barbares. Mais il y a aussi l’envers du décor, les moqueries, les insultes, les agressions quand elles sortent des clubs après le spectacle. Elles passent parfois tout près de la mort.



De nos jours on a Victor Santiago, marié à Kate, une petite fille, une famille comme tout le monde alors que lui sent au fond de lui autre chose… L’achat de sa première robe, qu’il n’ose pas mettre. La fête foraine où il emmène sa fille, même sur la grande roue alors qu’il a le vertige, comme un cadeau d’adieu, car il sait qu’il va s’en aller et tenter de se trouver en Mia de Guadalajara.



Victor Mia rencontre alors James qui a tout laissé tomber pour s’occuper d’un ranch, mais revient sur les traces de ce qui fût sa vie autrefois. Il va lui servir de mentor, lui apprendre à marcher sur des talons aiguilles, s’habiller, se maquiller et en même temps évoquer pour lui sa vie du temps de la célébrité, ses relations avec Angie, Venus et d’autres.



Toutes ces Drag-Queens ont eu des enfances particulières, et se sont heurtées à l’incompréhension, au rejet et les relations de Victor avec sa mère Maya sont vraiment très particulières.



Tout change brutalement quand le Sida fait son entrée en scène, avec les dénis de l’époque, les ravages que cette maladie a pu faire. Il y aura un avant et un après.



Le choix du nom de scène est important : « Victor, ton nom de scène est ton identité. Dans le milieu, chacun son blase, chacun sa planète d’origine. Si tu ne te bénis pas, tu ne peux pas savoir qui tu deviendras. »



On croise au passage des personnalités connues, Madona, David Bowie ou encore RuPaul, compagne de route de la famille Xtravaganza, qui sera une vedette de la télévision, ce qui donne encore (s’il y en avait besoin) du piquant au livre.



Ce livre bouleversant rend hommage à ces drags Queens célèbres (et les autres) sans jamais tomber dans le sensationnel, ou le voyeurisme. Il décrit leurs parcours, leurs souffrances, leurs vies et nous propose à la fin du livre toute une série de photos… j’ai beaucoup aimé entrer dans cet univers que je ne connaissais pas. Je les ai côtoyées, accompagnées au fil des pages et je n’avais pas du tout envie de les quitter…



Donc un livre bouleversant, qui va rester longtemps dans ma mémoire. Un des romans de cette rentrée littéraire qui m’a particulièrement touchée. La plume de Julien Dufresne-Lamy est pétillante et dégage une énergie très communicative, nous met des paillettes dans les yeux… Bip-bip ! je deviens lyrique, alors je m’arrête là…



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui ont permis cette découverte.



#Rentreelitteraire2019 #NetGalleyFrance



Je vous propose deux photos en annexe dans le livre
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Deux cigarettes dans le noir

La vie. La mort. La danse.



On pourrait s'arrêter là. Et résumer ainsi ce livre atypique.



La vie. La mort. La danse.



Pourtant, je dois tenter de m'approcher un peu de ce que j'ai ressenti à la découverte de ce roman.



Clémentine s'apprête à donner la vie. Sur le chemin vers la maternité, dans un état second, elle heurte quelqu'un avec sa voiture …



Une fois chez elle, elle apprend la mort de la chorégraphe Pina Bausch et fait le rapprochement.



Elle a tué. Elle a donné la vie. A quelques heures d'intervalle …



Un roman organique, qui semble prendre aux tripes, comme une chorégraphie de Pina Bausch. Je reste fasciné par le résultat. Moi qui ne connaissais rien de l'illustre chorégraphe, j'ai passé des heures à visionner son univers après avoir lu ce livre.



Clémentine, fictionnelle, suit les traces de Pina, réelle.



La chair et le sang se mêlent à l'encre et sur le papier s'animent de drôles de fantômes. Chorégraphie macabre, presque divine. Tour à tour, inquiétante, bouleversante et merveilleuse.



Entre réalité et fiction, Julien Dufresne-Lamy fait danser les mots en une mélopée hypnotique et cadencée qui enflamme l'esprit du lecteur. Ce livre fait de l'effet, par son rythme, où les mots s'égrènent en une mécanique viscérale et inexplicable.



Mêlant belle littérature et danse fascinante, les mots virevoltent et offrent une sensation unique. Un roman qui vibre, qui fait appel à des émotions fortes. La maternité et la mort comme un tango dangereux.



Dans les remerciements du livre, l'auteur écrit « J'ai écrit cette histoire, parceque cette femme que je n'ai pas connue me manque. ».



Car on peut rencontrer de tant de façons. C'est peut-être ça que je retiens de ce roman. Une rencontre. de celles qui vous changent. Sans jamais avoir croisé la personne concernée…



Dans le paysage littéraire français, Julien-Dufresne Lamy semble ne jamais vouloir cesser de bousculer, de fasciner. Il emporte sur des chemins d'humanité. D'un roman à l'autre, il prend des risques et aborde des thèmes différents. le point commun entre ses livres, une plume inimitable que l'on quitte à regret.



Vous lisiez.

Et bien, dansez maintenant.


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907 fois Camille

Alors que j’ai terminé ce livre depuis une quinzaine de jours, j’ai du mal à rédiger ma chronique. Peur qu’elle ne soit pas la hauteur du texte ? De le dénaturer voire de l’abîmer ?



Bon, je me lance. L’auteur nous raconte l’histoire de Camille, fille de Dodo la saumure, proxénète, mafieux sur les bords que l’on connaît mieux depuis les affaires de DSK. Originaire du Nord de la France, il tient des « maisons closes » qu’il appelle bars à filles, organise des « soirées » de l’autre côté de la frontière, car la législation est différente en Belgique.



On fait la connaissance de la matriarche, Antoinette, la mère de Dodo, en extase avec son fils et qui divise pour régner, des femmes qui ont compté ( ?) dans sa vie ou du moins avec lesquelles il a eu des enfants, dont Marie, la mère de Camille. Son rôle de père se limite à leur donner un prénom, et ensuite il ne s’intéresse plus à elles, et le choix est inspiré de personnes peu recommandables : Camille tient le sien d’un mafieux corse.



Julien Dufresne-Lamy nous propose des périodes de la vie de Camille, comme des instantanés : Camille à 12 ans 9 mois et 28 jours et ce qu’elle ressentait à l’époque vis-à-vis de son père, qui pour asseoir son autorité la dévalorisait sans cesse. On va la voir grandir, faire remonter ses souvenirs, ce qui n’est pas toujours simple, auto-censure oblige. Elle fait ses confidences à l’auteur, qu’elle connaît bien dans son salon par exemple.



Je ne vous explique pas le titre, car avec tout ce que je viens de dire, c’est assez facile à deviner….



C’est sidérant, mais pas trop surprenant, de voir le déni dans lequel s’enferment toutes ces femmes. On ne peut qu’admirer la manière dont Camille a réussi à se construire, à surmonter cette forme de maltraitance psychologique qu’exerce le père sur la tribu. Pour lui ses trois filles sont :



« Des filles inutiles, qui ne lui rapportent rien, qui ne servent à rien, sinon à montrer inlassablement son jeu de mauvais père, si mauvais qu’on ne pourrait même pas le qualifier d’indigne. »



J’ai apprécié la tendresse avec laquelle Julien Dufresne-Lamy évoque Camille, ses réticences parfois, ses peurs, ses interrogations quand elle va devenir mère à son tour, mais aussi le questionnement autour de l’écriture, comment naît et se construit un livre avec des coupures, dans lesquelles il nous propose des extraits du discours de Patrick Modiano, lorsqu’il reçoit le prix Nobel.



L’auteur est attentif, tout au long de son livre, à ne pas faire la part belle à Dodo pour plusieurs raisons : il ne n’agit pas de faire un livre sur lui et aussi, il redoute et Camille aussi les possibilités de plaintes pour diffamation car Dodo est toujours à l’affût de se faire de l’argent.



Je redoutais un peu cette lecture, au départ, car on sait grâce à l’affaire DSK, aux divers procès qui ont défrayé la chronique, la manière dont Dodo la Saumure traite les femmes y compris ses filles. Mais, le récit est axé sur Camille, la fille, la femme puis la mère, et rien n’est sordide, et on ressent l’amour fraternel que l’auteur lui voue.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur que l’ai découvert avec « Jolis, jolis monstres » puis « Mon père, ma mère et mes tremblements de terre » et que j’apprécie toujours autant, dans des registres différents.



#907foisCamille #NetGalleyFrance
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907 fois Camille

J'ai tourné 907 fois ma plume dans l'encrier avant de pouvoir rédiger ce que je pensais de ce livre.



Je dis de ce livre car je ne sais pas bien comment le nommer.



Est-ce un roman, est un récit, est-ce une biographie ? En fait, on s'en fiche un peu. Nul besoin de le faire rentrer dans des cases. Car ce livre donne de la voix, et plutôt deux fois qu'une, à Camille, cette amie chère au coeur de son auteur, à Camille donc, et aux femmes.



Car oui, c'est une sorte d'hommage, follement bien écrit, à ces femmes dans ce monde d'hommes étriqués. A travers le portrait tendre, bienveillant, presque amoureux que dresse l'auteur, il ébauche un cri d'amour pour les femmes.

Julien Dufresne-Lamy est au auteur prolixe, oui, et souvent, il arrive là où ne l'attend pas, à force de travail, et de volonté, il me semble, à vouloir laisser une oeuvre.



Dans ce livre, il écrira donc 907 fois Camille, il parlera d'elle, mais également de lui. de son métier d'écriture, de sa façon de l'appréhender. Il parlera de cette amie, fille et fille de. de Dodo la Saumure. Il parlera de l'écriture et de la vérité qu'elle revêt parfois.



Une nouvelle fois, les mots, les phrases de Julien sonnent comme une musique intime et peut-être ici, sûrement même a-t-il décidé de se livrer, donnant à cet ouvrage une place particulière dans sa bibliographie.

Ce portrait d'une fille comme les autres, avec pourtant sa propre histoire familiale et personnelle, est l'occasion de faire entendre la voix d'un auteur discret et c'est ce qui m'a le plus séduit entre ces pages, vous l'aurez compris.



En attendant de découvrir le prochain ouvrage de Julien et en espérant en compter au moins 907, je vous invite à faire cette rencontre. Pour la beauté des mots. Toujours.


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Les indifférents

Ils sont l'adolescence. Cet âge de toutes les inconsciences.



Ils sont des enfants qui grandissent. Ils sont « les indifférents ». Arrogants, et insolents, comme on peut l'être à 17 ans. Surtout lorsqu'on est bien né.

Pourtant leur histoire va vous emporter.



Comme ce jour là, sur la plage …



Dés le départ, le lecteur sait qu'un drame est arrivé. Mais il ne saura qu'à la toute fin la nature exacte des événements. Tout juste si le lecteur comprend que l'indifférence tue …



Alors, tout va aller crescendo, on fait connaissance avec cette bande de jeunes « bourges » qui vient d'inclure en son sein Justine, issue d'un milieu plus modeste … Elle va découvrir la plage et intégrer cette bande.



Hiérarchies inavouées, jalousies souriantes. Julien Dufresne-Lamy décrit avec un brio un âge, un milieu, un lieu.



Un thriller peut être. Un très bon livre, c'est certain dans une construction implacable qui pousse à dévorer les pages.



Roman captivant sur une période charnière de l'existence, cette adolescence par certains aspects insupportable et pourtant si émouvante, si éprouvante.



Je découvre une plume. Percutante. Ironique. Insidieuse.



Et je sais déjà que je ne vais pas m'arrêter là.

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Mon père, ma mère, mes tremblements de terre

Le livre s’ouvre directement sur la salle d’attente de l’hôpital où Charlie, adolescent de quinze ans patiente en compagnie de sa mère. Son père, Aurélien, subit une intervention chirurgicale, radicale, une vaginoplastie qui va durer plusieurs heures. C’est l’étape ultime de cet homme, âme de femme égarée dans un corps d’homme, pour devenir Alice et être enfin en accord avec lui-même.



Durant cette attente angoissante, Charlie remonte le cours du temps : l’annonce de son père, sous la tente lors d’un week-end d’escapade qui le prend au dépourvu ainsi que sa mère, mais au fond, il se doutait bien qu’il y avait anguille sous roche. Un jour, il avait surpris son père habillé en femme, perruqué dans le garage. Il avait alors évoqué une soirée Halloween avec des voisins…



Ce week-end où tout bascule, Charlie va parler alors de séisme et comparer les secousses d’un tremblement de terre qu’on ne voit pas venir, à part sur les tracés des sismographes, à toutes les souffrances, guerres intérieures qui vont se succéder, chez lui comme chez sa mère, mais de façons différentes, mais qui vont laisser des traces.



Durant ces longues heures, Charlie se souvient de tout le processus de transformation de son père : les hormones, notamment avec leurs effets secondaires, la lutte contre la pilosité avec des rituels de rasage aussi énergiques que cause de souffrance, les achats compulsifs de bijoux qu’il ne porte pas forcément, cette voix masculine qui l’exaspère car au téléphone, on lui dit encore « monsieur », le tout sur fond de suivi par, Madame Folle, une psy qui tient plutôt bien la route malgré son nom :



« Une psy qui s’appelle Folle, t’as pas un peu peur de virer camisole. Mme Chtarbée suit l’état psychique de Papa depuis deux ans. Depuis les tremblements de terre. Papa l’a choisie sans avoir le choix. Obligation formelle d’être suivi… »



En fait, l’acceptation se fait très progressivement, un peu comme les étapes du deuil, avec bien-sûr la colère qui l’envahit au début, car Aurélien, tout à son projet, ses consultations multiples chez différents médecins pour avoir ses prescriptions, ne se rend pas compte que si, pour lui, tout est clair et résulte d’une évolution remontant à l’enfance, ce n’est pas la même chose pour Charlie ou pour son épouse.



Il s’agit bien d’un deuil : celui du père aimant qui devient Alice, alors il faut s’habituer à dire « Elle » à construire les phrases au féminin (teinté de masculin : mon père, elle…).



Julien Dufresnes-Lamy explore aussi les réactions de l’entourage, la famille de la mère de Charlie, (notamment sa sœur Rita) est italienne ultra-catholique, et tente de la forcer à divorcer par exemple un comble chez les ultras, les voisins qui se moquent et jugent, les tags sur la voiture, la maltraitance au collège…



« Il y a deux sortes de gens affreux dans la vie. Les gens qui ont un avis sur tout. Et les gens qui tendent la main à tous sauf à ceux qui en ont besoin. Rita et Jo, c’était la combinaison hypocrite des deux. »



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur que j’ai découvert avec « Jolis, jolis monstres » et que j’ai retrouvé avec énormément de plaisir. J’attends le prochain livre de pied ferme…



#Monpèremamèremestremblementsdeterre #NetGalleyFrance
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Jolis jolis monstres

- COUP DE FOUDRE ! -



Des monstres ?! N’ayez crainte !

Point de nez crochus, de dents pointues ou de griffes acérées. Ces monstres là sont jolis, très jolis même. Vous ne pourrez d’ailleurs pas les rater : ils sont très haut perchés, le port altier et surtout raffinés.



C’est guidée par une certaine Lady Prudence que j’ai découvert ce p’tit monde extraordinaire qui s’éveille lorsque la ville est endormie : le monde des Drag Queen !



Faisant fie de mon ignorance, cette reine m’a accueillie les bras grands ouverts, dans son royaume de strass et de paillettes. Une immersion totale dans les sous-sols new-yorkais des petites salles sinistres aux fêtes grandioses et extravagantes



Ma chère Lady s’est confiée à moi, sur ses 30 dernières années, de folies et de fracas. Car oui cachées sous le fard, j’ai lu les fêlures du passé, les insultes et les coups d’une société bien trop étriquée et aveuglée dans sa normalité. Lu aussi le traumatisme laissé par cette maladie du sang insidieuse, qui a frappé à la porte de tant de jolis monstres.



Mais surtout, j’ai ressenti comme une incroyable rage de vivre, une énergie époustouflante d’un p’tit monde uni pour le meilleur et pour le pire, avec pour mot d’ordre la bienveillance.

En refermant ce roman, frappée par le coup de foudre, une envie subite de crier : « À nos si belles différences !!!! »



Donc un grand OUI, littéralement happée j’ai été, par la plume de Julien Dufresne-Lamy @jdl.jdl. Il y a incontestablement du génie dans cette écriture si vibrante dans sa modernité. Cette plume est incisive, tendre et poétique. Plume divine qui rend là un hommage bien mérité à ces, si attachants, jolis monstres.

Alors merci encore Juju @labibliothequedejuju pour cette très belle découverte !



Et vous ? Cette rencontre, délicieusement monstrueuse, vous tente-t-elle? Déjà lu peut-être ?









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Darling, tome 1 : #automne

DARLING #AUTOMNE



Quoi ?



Une série en quatre tomes avec Julien Dufresne-Lamy aux commandes ? OK. Je suis faible.



Je plonge dedans la tête la première et c'est mon coeur qui s'en prend plein la tronche ! Voilà qu'un de mes coups de coeur de cette rentrée qu'on dit littéraire, est un roman destiné à la jeunesse !



DARLING est annoncé comme une série en quatre volumes, quatre saisons pour raconter la vie d'une bande d'ados bien de chez nous !



Ecrit à quatre mains par Julien Dufresne-Lamy et Charlotte Erlih, j'ai littéralement dévoré ce premier tome !



May et Néo sont aussi différents que peuvent l'être deux jumeaux. Elle, c'est l'étoile du lycée, lui, le vilain petit canard, geek et mal dans sa peau, qui se refugie dans les jeux vidéos. Autour d'eux gravitent ces adolescents qui ont appris le sexe sur Youporn, ont leur propre langage, leurs codes et leurs réseaux finalement pas si sociaux.



A la croisée de Gossip Girl et de Skins, ce premier volume se lit comme on mate une bonne série, les clichés en moins et un vrai ton en plus. Car on sent immédiatement que les auteurs ont tenté de parler Vrai, dans les préoccupations de cette jeunesse pleine de contradictions.



Ni manichéen, ni donneur de leçons, ce premier tome emporte, étonne et émeut beaucoup. La dernière partie m'a souvent bouleversée.



J'aurai aimé, à quatorze ans, avoir la chance d'ouvrir ce livre. Il faut l'offrir aux jeunes, aux moins jeunes, aux lecteurs de tous horizons.



Car il est important, je trouve, ce roman dont on ne peut rien dire de l'intrigue pour ne pas le gâcher.



Le deuxième tome est prévu pour cet hiver et ce sera bien la première fois que je vais attendre impatiemment de mettre ma doudoune !


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Les bienheureux

Ils sont neuf. Neuf tranches de vies de ces enfants différents, touchés pas le syndrome de Williams-Beuren, cette drôle de maladie qui fait d’eux des êtres différents.



Si l’enfance est un terreau fragile, la leur semble immensément friable. Ils s’appellent Marius, Thomas, Maléna, Lauriane, Enzo, Romain, Axelle, Marie ou Arthur et à travers sa plume, Julien Dufrene-Lamy laisse entendre un peu de leur voix, beaucoup de leur belle singularité.

L’auteur suit pendant plusieurs semaines ces enfants, ces parents, souvent démunis face à un diagnostic que peu d’entre nous peuvent appréhender tant ce syndrome reste peu connu.



C’est l’histoire de combats, de petites victoires, de désillusions intimes que Julien Dufresne Lamy porte avec un bel élan, comme une main tendue à l’autre. Ce sont des visages souriants d’enfants bienheureux. Ce sont les regards graves de ces parents qui aimeraient qu’on les entende. Ce sont la bêtise et la méchanceté gratuite, toujours et encore, celles qui naissent du regard porté sur l’autre et sa différence.



Si la couverture indique roman, il s’agit bel et bien d’un témoignage, d’un récit, d’une vérité, dure à entendre parfois, émouvante s’il en est. Un ouvrage précieux qui nous rappelle combien nous pouvons être si mal heureux, effleurant à peine du bout du doigt notre chance. Un récit, loin du pathos, qui offre aussi de ces émerveillements simples face à ces enfants aux qualités presque magiques, cette capacité d’aimer tellement fort.



Un livre qui offre un peu de lumière à ces enfants-là, qui leur donne cette petite voix, emplie d’espoir, pour que le monde s’intéresse à leur cause. Passionnant, émouvant, documenté et follement vrai, on ressort de cette lecture avec l’envie d’étreindre ces enfants, de s’envoler avec eux dans un grand éclat de rire, pour faire la nique à ce syndrome.



Je vous invite follement, à prendre ces enfants extra ordinaires par la main et à les suivre, à travers ce livre qui ne laissera personne indifférent, et qui mérite tellement d’être lu.


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Boom

C'est pas « La Boum » avec les oeillades en coin de Vic & Pénélope sur fond de chansonnette sirupeuse (Richard Sanderson ou Cook Da Books).



C'est « Boom » :

- coup de foudre,

- explosion,

- onomatopée (le tic de langage façon 'zou', 'toc', 'hop').

Un peu tout ça. Et surtout les deux premiers, en fait.



Ce roman pour adolescents parle d'amitié 'à la vie, à la mort', de complicité, complémentarité et respect entre deux copains, de lycée, de deuil.



Et je ne l'ai pas aimé, ce bref texte, pas du tout, malgré la pertinence des propos sur l'adolescence, les relations parents-ados, la déglingue, le chagrin, le sentiment de culpabilité des 'survivants'...



La narration à la deuxième personne du singulier me rebute fréquemment, même s'il s'agit de rendre hommage à un disparu, comme ici.



Et surtout, le nombrilisme occidental autour des attentats me paraît souvent indécent et disproportionné.

L'équation peut sembler malvenue, mais j'ai tendance à comparer la mortalité dans les pays en guerre et le nombre de victimes du 'terrorisme' en Europe, aux Etats-Unis.

Même calcul autour des probabilités respectives de mourir d'un accident de la route ou sous les bombes/coups de poignard d'un intégriste (y compris dans des villes-cibles comme Paris, Bruxelles, Londres)...



Encore une fois, si j'avais lu plus avant la 4e de couverture, je me serais abstenue, puisque j'évite ce sujet.

Ce livre va continuer à vivre, promis 😉, je sais qu'il peut toucher d'autres lecteurs.



• Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud Junior.
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907 fois Camille

Merci à NetGalley et aux Editions Plon pour cette lecture

Après avoir lu de bonnes critiques et des mauvaises aussi, j'ai hésité à lire 907 fois Camille. J'ai beaucoup aimé ce livre en réalité : l'histoire d'une fille de., pas une fille de star, mais d'un proxénète notoire, avec les réflexions de l'auteur qui écrit sur un écrivain en train d'écrire le passé de Camille.

L'auteur montre qu'il n'est nul besoin d'être battu(e), que le mépris suffit pour qu'un enfant ait des difficultés à se construire.

La scène la plus prenante du livre se déroule avec Daphné, la soeur aînée de Camille. La maison de la jeune mère de famille est fouillée par les policiers. Son seul tort ? Être la petite-fille de sa grand-mère, la fille de son père. Elle est là, avec ses deux jumeaux dans les bras à regarder les policiers entrer et sortir. Et ce n'est que le début. À cette occasion, sa belle-mère apprend qui est le père de Daphné.

Si Camille reste un peu mystérieuse pour le lecteur, et après tout, comment ne le resterait-elle pas ? Elle est un personnage de chair et de sang et non un personnage de roman, la plume sensible de Julien Dufresne Lamy lui rend un bel hommage, malgré un début un peu laborieux. Une jolie histoire d'amitié.


Lien : https://dequoilire.com/907-f..
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