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3.45/5 (sur 86 notes)

Nationalité : Liban
Né(e) à : Beyrouth , 1992
Biographie :

Joy Majdalani publie en 2018 "On the rocks", son premier texte, dans la revue Le Courage. "Le Goût des garçons" est son premier roman.
Elle vit à Paris depuis 2010.

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Un texte collectif dirigé par Charlotte Pudlowski avec Emma Becker, Marina Rollman, Joy Majdalani, Wendy Delorme, Laurine Thizy, Emmanuelle Richard Éditions de l'Iconoclaste | septembre 2023

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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Chaque mère y allait de son style individuel. Au sujet de l’éducation des jeunes filles, chacune avait échafaudé un système de croyances contre lequel nous ne pouvons rien. Des années d’observations sociales minutieuses et une amertume tenace contre leur propre mère leur avait servi de laboratoire. Elles en avaient tiré un manifeste éducatif qui stipulait en termes très précis quand et comment autoriser les filles à porter des talons, s’épiler, ou sortir sans supervision.
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Au centre de la classe, le fief des insignifiantes .Chaussettes hautes bordées de dentelle ,lunettes orange ou vertes ,peu sexuelles , duvets de moustache , sous-pulls en flanelle portés sous la chemise, imposés par une mère inquiète ,de celles qui préparent des goûters à la symétrie militaire, qui ne laisse au vice aucun espace pour fleurir .
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J'avais appris, depuis, que les pantalons des garçons ne se deboutonnaient pas encore .Tout juste avait-on tâté le tissu là où il enflait .Je m'interrogeais beaucoup sur les caractéristiques de cette rigidité-là : serait-elle osseuse, comme un poignet ou musculaire comme un mollet ? Il fallait absolument le savoir car si l'opportunité, inattendue et belle ,se présentait à moi, il faudrait que je puisse l'empoigner sans risquer de la confondre avec un os ou un téléphone portable .
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Le désir que je rêvais de susciter n’avait pas de finalité précise. Je voulais être de celles qui causent des ébranlements incontrôlés. Les héroïnes des histoires racontées avaient la beauté violente qui provoque guerres et enlèvements. Une beauté pousse-au-crime. Là était mon programme. Nous en parlions sans honte : nous voulions d’un désir qui fasse perdre le contrôle.
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On ne pouvait, avec elle, faire des suppositions sur la manière convenable d’empoigner un pénis pour y générer du plaisir. Même sa joliesse avait perdu de sa valeur face aux poussées hormonales des Dangereuses.
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J'ai longtemps espéré un viol.
Je vous parle de l'enfance dorlotée qui ignore tout de la prédation des hommes. Ca remonte à la préhistoire du sexe.
Un récit d'un autre temps.
Un récit empêché par ce que je sais aujourd'hui de la violation des corps. Tout cela m'interdit le souvenir. Il me suffit pourtant de traverser sans frémir ce rideau de honte pour retrouver, intacte, la mémoire de cet espoir inaugural, la porte dérobée par laquelle j'accédai à la sexualité.
Un souvenir encombrant.
Que faire aujourd'hui de cette très jeune fille en uniforme catholique qui, confondant entre eux les interdits, clôt la porte de sa chambre pour murmurer à un très jeune garçon haletant [au téléphone] : 'Je veux que tu me violes, Alex'. Et Alex de demander 'Comment, dis-moi comment'. Je ne sais jamais quoi répondre. Je ne pouvais me figurer comment la chose se déroulait. Le viol avait pour intérêt de me décharger du fardeau de l'imagination. Ce n'était pas à moi de fixer le programme. J'avais juste à me soumettre aux ordres, à jouir de perversions qu'on ne pouvait pas me reprocher. La voix pucelle d'Alex rechignait soudain à endosser le rôle démiurgique que je lui réservais. Il s'arrêtait là pour jouir des mots qu'il avait réussi à me soutirer. Il me laissait furieuse de ne pas recevoir la brutalité que je réclamais.
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Nos mères cherchaient, à tâtons, ces brèches à travers lesquelles la tentation pourrait se faufiler. Elles nous interrogeaient sur les habitudes de nos camarades et de leurs parents, se délectaient de nos petites délations autour de la table du dîner. Les soupçons se portèrent rapidement sur Bruna, dont la mère, divorcée, vivait à l’occidentale.
Il faut dire que les vantardises de Bruna accablaient sa mère, qui avait également le tort d’être plus jeune que les autres mamans. Pour ses treize ans, Bruna racontait à tout le monde qu’elle avait reçu de sa génitrice son premier préservatif : un de ces gadgets touristiques agrémentés d’une tour Eiffel, qu’elle me montra dans sa chambre un après-midi. C’était la première fois que j’en voyais un. Au cours des mois qui suivirent, Bruna me fit découvrir bien des choses que je voyais pour la première fois, m’apprit des mots que je rougissais de répéter. On me l’avait désignée comme mauvaise fréquentation. Je m’étais précipitée vers elle pour raviver notre amitié ancienne, dans l’espoir de me faire éclabousser par cette influence et les sombres dangers qu’elle portait.
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Incipit :
Je vous parle de ces filles qui m’ont donné le goût des garçons.
Au fond de notre classe de 5ème, près du radiateur, des fenêtres, somnolent les Dangereuses : Soumaya, Ingrid et leur bande. L’uniforme du collège Notre-Dame de l’Annonciation enveloppe les fesses et les seins neufs. L’affreuse jupe portefeuille retroussée jusqu’au-dessus des genoux, une provocation quotidienne lancée à la surveillante : un apprentissage de désobéissance civile – une organisation souterraine, en maquis, la force du nombre en recours contre ce cerbère aux portes du collège, mesurant la longueur du tissu sur les cuisses et qui tous les jours peut punir deux ou trois déviantes, pas plus. Les autres sont laissées libres alors que leurs sœurs martyres sont cloîtrées à l’Aumônerie, attendant que leurs parents viennent les récupérer.
Au centre de la classe, le fief des insignifiantes. Chaussettes hautes bordées de dentelle, lunettes orange ou vertes, peu sexuelles, duvets de moustaches, sous-pulls en flanelle portés sous la chemise, imposés par une mère inquiète, de celles qui préparent les goûters à la symétrie militaire, qui ne laissent au vice aucun espace où fleurir. On reconnaît leurs filles à la lenteur qu’elles mettent à quitter cette zone de transit qu’on appelle l’âge ingrat, se laissant couver dans cet entre-deux, tandis que leurs nez, pressés de rejoindre l’âge adulte, se contorsionnent en déformations bizarres, qui préfigurent, au milieu d’un visage poupin, les grandes métamorphoses à venir.
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Les jeunes filles n’ont pas leur mot à dire dans ces grandes batailles. Elles en sont le butin. plus il est inaccessible, plus il est précieux. Nos corps servent à mesurer les prouesses guerrières des garçons. Notre corps fait résonner la geste épique de ceux qui nous conquièrent. L’épopée de leurs désirs nous a tant de fois été contée. Nous connaissons la bravoure qu’il leur faut déployer. On nous a dit d’applaudir en écoutant l’histoire du garçon qui finit par obtenir la fille. Notre rôle est de résister, puis de céder, à l’usure.
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Pour tenter d’exciter ma colère envers ceux qui m’ont offensée, je me force à dresser la liste de leurs méfaits, leur impute les intentions les plus viles, suppose de grandes conspirations les liant tous entre eux. Rien n’y fait. Je ne m’encombre jamais de mauvais sentiments. Rien ne peut durcir cette docilité pâteuse, toujours preste à pardonner.
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