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Biographie :

Gaëlle Bélem, née en 1984 à Saint-Benoît (La Réunion), est une professeure, assesseure du tribunal judiciaire et écrivaine française.
Originaire de l’est de La Réunion, Gaëlle Bélem grandit dans une famille modeste mais très unie composée de deux enfants. Jusqu’à l’âge de dix-sept ans, elle habite la ville de Saint-Benoît.
De 2002 à 2005, elle étudie en classes préparatoires aux grandes écoles, au lycée Pierre de Fermat à Toulouse. En 2005, elle intègre l’université Paris I Panthéon-Sorbonne avant de poursuivre sa scolarité à l’École pratique des hautes études.
En 2009, Gaëlle Bélem commence une carrière de professeure en Ile-de-France. Parallèlement, elle devient journaliste pigiste et rédactrice pour le Bondy Blog, entre autres.
De retour à l’île de La Réunion, elle continue d’exercer son métier de professeure au collège, puis au lycée. Elle a également enseigné en centre de détention.
Elle poursuit conjointement ses activités de journaliste pigiste et publie des articles sur le site d’Artistik rezo ou dans le magazine Bat’Carré.
En 2018, elle est chroniqueuse radio dans l’émission Culture 1ère diffusée sur la radio Réunion la 1ère, chaîne du groupe France Télévisions.
En 2017, Gaëlle Bélem est membre et secrétaire du jury de la première édition du Prix du Roman Métis des Lecteurs de la Ville de Saint-Denis.
En 2020, elle publie son premier roman Un monstre est là, derrière la porte. Elle est la première femme réunionnaise dont le roman est publié par la maison d’édition Gallimard, dans la collection Continents Noirs. Son roman est édité pour les vingts ans de cette collection dirigée par Jean-Noël Schifano.
À l’occasion du lancement de son roman en mars 2020, elle collabore avec l’illustrateur Franck Meynet alias Hippolyte et le musicien Jean-Pierre Joséphine pour une lecture théâtralisée organisée à Kab’Art, auditorium de l’Espace culturel E. Leclerc (Saint-Leu) dans l’ouest de La Réunion.
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Interview à l'occasion de la journée des droits de la femme du 8 mars


Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
L’arôme vanille part à la conquête de la planète entière après celle de la France. Partout dans le monde, un vent de vanille souffle ; les gousses circulent, se vendent, s’achètent, se consomment sans qu’on sache qu’un esclave de douze ans qui n’a jamais vu de planisphère en a percé le secret pour les siècles à venir et ce, d’un simple geste de la main. Edmond ne sait pas encore que trente-neuf ans durant, des deux côtés de l’équateur, on s’enrichira grâce à ses doigts, et sur son dos.
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Dans toutes les capitales d’Europe s’ouvrent des troquets où les buveurs s’agglutinent devant une tasse emplie d’un marigot noir corbeau qu’ils appellent chocolat chaud à la vanille ou café à la vanille. Sur les chemins en terre battue qui mènent au centre des villes, des calèches conduites par des épiciers proposent une gousse noire longue de quinze à vingt-quatre centimètres qui, promettent-ils, est de l’or en bouche. À Paris on met la gousse de vanille d’Edmond dans de la meringue, à Genève dans du lait, à Londres du pudding, à Palerme de l’huile, en Inde du thé, à Bourbon du rhum, à la Martinique du sucre, en Syrie du nougat, en Espagne le crémeux gâteau de San Marcos, à Lisbonne les petits flans que tous appellent pasteis de nata.
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C’est peut-être cela l’amour ; vingt-trente ans, on dessine l’être idéal de pied en cap, la couleur de ses yeux, l’arrondi de ses mains, son tempérament, sa famille, son pays, son gagne-pain – on ne transige pas, tout lui, tout elle, sinon rien – pour finalement s’amouracher de l’absolu contraire et implorer le pardon de l’univers d’avoir jadis été si couillon.
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Pour le moment, Edmond n’est qu’un inventeur sans brevet grâce à qui l’île Bourbon devient le premier producteur du fruit le plus rare du monde entier. En 1848, l’île devenue La Réunion exporte quelques dizaines de kilos de vanille qui deviennent deux cents au début des années 1850, trois tonnes en 1858, deux cents tonnes en 1898. À la fin du XIXe siècle, la vanille rapporte autant que le sucre. Elle rafle même le grand prix de l’Exposition universelle de 1867. Environ quatre mille hectares – soit huit mille quatre cents terrains de football – sont plantés en vanille.
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Il s’appelle Edmond, il a douze ans. Dans un XIXe siècle fade comme la pluie, où le peuple mange utile, loin de tout souci de goût, de présentation ou de parfum des aliments, Edmond vient de produire une nouvelle épice. Dans un siècle donc où on n’a l’habitude que de deux saveurs, l’amer des margozes et l’acide du citron-galet, où le sucre de canne est rare, dans un siècle disions-nous où la patate douce, le pain et les aigreurs d’estomac triomphent, lui Edmond, douze ans, apporte au monde occidental une saveur nouvelle, un arôme oublié depuis le XVIe siècle. L’arôme vanille.
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Depuis qu’Edmond a reçu le baptême des mains du père Dalmond, il a officiellement remplacé le Mulungu de ses frères esclaves par un certain Jésus attaché à une croix comme à un tuteur et que Ferréol considère comme le Père tout-puissant, au-dessus de Pamphile, au-dessus de son arrière-grand-père Martin Joseph. En secret Edmond prie à tout vent et fait un bouillon de sa double culture catholique et makondé, créole et zoreil. Le ciel est trop grand pour abriter un seul trône, la vie trop âpre pour n’amadouer qu’une idole.
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Les premiers Bellier de Bourbon aimèrent l’est de la colonie où le sol était humide, les rendements meilleurs, la vie pas encore chienne.
On était alors au XVIIIe , un siècle presque doré où la terre appartenait au premier qui s’y établissait. Un colon fichait un piquet en terre, criait à pleins poumons « ceci est à moi », et ceci c’est-à-dire tout un tas d’hectares était à lui. À charge au nouveau propriétaire de les cultiver avec la bénédiction de la Compagnie des Indes.
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Volcy-Focard est impressionné par les connaissances de ce jeune Cafre naturaliste d’à peine douze ans. Vingt ans après, il vante encore son talent à tous ses amis, parlant d’un botaniste africain analphabète qui ne cause que le créole mais désigne les plantes dans le jargon scientifique des Linné et Jussieu. Edmond reste toute sa vie fier et heureux de ce témoignage.
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Durant quelques semaines, les rares journaux disponibles s’ouvrent sur cette découverte inédite. Dans L’Indicateur colonial, les autres feuilles hebdomadaires de l’Île Bourbon, la fraîcheur des varangues, l’effervescence des marchés, on parle de la pollinisation manuelle de la vanille. Edmond, un petit créole de douze ans à peine, vient de trouver l’ingénieux moyen de féconder les fleurs du vanillier à la main après s’être inspiré des citrouilles. C’est une nouvelle épice qui vaudrait bien plus que le café, le sucre et même l’or.
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1529. Cortés prend le chemin du retour. En longeant les potagers flottants de sa nouvelle Espagne, il arrache quelques boutures de vanille pleines de fleurs. Chose promise, chose due. Il avance au milieu des oiseaux-mouches, des coccinelles et des abeilles sans se douter que celles-ci sont les gardiennes d’un très grand secret. C’est une abeille qui féconde la vanille. Sans elle, point de fruit. Tandis que les Aztèques emportent dans leur tombe le secret de leur plante sacrée, Cortés écrase d’un coup de pied une saleté d’abeille qui fait mine de lui barrer la route. Sous son bras, une caisse emplie de gousses de vanille noir de jais, un peu grasses, à la fois souples et brillantes. Dans l’autre main, des lianes de vanille aux feuilles encore vertes. Il sourit déjà aux pesos que cette épice va lui rapporter, à la renommée qui s’attachera à son nom.
Debout sur le pont du bateau, il pense une dernière fois à ces barbares d’Aztèques si réfractaires au christianisme. À son second qui demande que faire des derniers survivants de cette civilisation crépusculaire, Cortés par l’entremise d’Edmond qui connaît par cœur cette histoire répond simplement :
— Massacrez-moi ces égorgeurs ! Et cap sur Séville.
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