À l'occasion de la 25ème éditions des correspondances de Manosque, Antoine Wauters vous présente son ouvrage "Le plus court chemin" aux éditions Verdier. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2887254/antoine-wauters-le-plus-court-chemin
Note de musique : © mollat
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J’étais un vieux bonhomme et l’âge, tu le sais, fait
qu’on est moins enclins à se laisser berner
par les fanaux des rêves de liberté.
Vieillir, c’est devenir l’enfant que plus personne ne voit.
L’enfant dont on dit qu’il a les cheveux gris.
La nostalgie, c’est un applaudissement du passé. Dans une main, il y a des larmes. Dans l’autre, beaucoup de joie.
Est-ce cela vieillir ?
Mieux voir hier qu’aujourd’hui ?
Mieux voir jadis que maintenant ?
Chercher à oublier mais voir tout revenir ?
Le passé est une bombe. Il explose.
Eux, c’est cela qu’ils nomment oubli, qu’ils nomment vieillir.
Je ne peux que fermer les yeux et me souvenir,
une main dans mon amour de toi et l'autre dans
le regret.
Nos enfants aussi sont partis aux quatre coins du pays.
Se battre.
Être le père d’enfants partis se battre n’est pas
seulement étrange.
C’est une chose insensée.
Comme l’est le fait de ne plus voir celles
et ceux que l’on a un jour aimés.
D’un autre côté, elle se faisait un sang d’encre à la
moindre occasion.
Encore maintenant (il fixe le ciel). Ainsi sont faites les
mères : taillées dans le bois du souci.
Inquiètes, toujours, de ce qui va nous tomber dessus.
Mais qu’est-ce que le vouloir d’un père
contre la soif de liberté d’un enfant ?
Il s'efforçait de rire.
Et eux aussi riaient, ne se doutant pas un seul
instant du gouffre que cache parfois le rire d'un père.
Peu respirer.
Peu dire.
Peu penser.
Je regarde la vie contenue dans un seul brin d’herbe,
L’architecture d’une fleur dont j’ignore le nom,
la perfection de ses pétales, un scarabée courant
se réfugier dans l’espace clos
d’une pomme de pin.
Je converse avec le pin qui abrite une nuée d’oiseaux.
Et avec les balles qui sifflent et envoient leur plumage
au ciel.
D’où viennent-ils ?
Qu’ont-ils vu ?
Et toi, vieux pin, que ferais-tu à ma place ?
Reprends ton souffle, idiot.
Et cesse de te tourmenter.
Qui te tuerait, hein ? Qui tuerait le vieil Elmachi
assis sur sa souche ? Face au ciel. Face à rien.
Avec un peu de chance, tu n’es même plus visible. (p.107)