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Citations de François Garde (344)


«Mon frère,
Puisque avec votre cavalerie légère vous prenez les forteresses les mieux défendues, il faudra que je licencie le génie et que je fasse fondre mes pièces ! »
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Depuis deux jours, Narcisse songe à la mort.
...
Narcisse avait repensé au mousse, le gamin de Quimper qui avait agonisé dans la bonace pendant une semaine.
...
Entre le mousse de Quimper et le matelot de Saint-Gilles, lequel devait s'estimer le plus heureux ? Leurs parents ne recevront-ils pas la même lettre et ne partageront-ils pas le même chagrin ? Tant que Narcisse n'a pas réussi à revenir vers le monde des Blancs, il est enseveli dans les sables du désert tout autant que le mousse dans les profondeurs de l'océan. Lui est resté vivant, mais d'une certaine façon qu'il n'arrive pas à comprendre, il sait qu'il est mort. Et la mort ne lui est plus ni étrangère ni autant effrayante.
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Kerguelen est voué au vent. Son souffle ne semble jamais devoir cesser, ni devoir cesser de nous suprendre. Il varie en force et en direction selon des logiques qui m'échappent, où se conjuguent perturbations océaniques, effets du relief, influence du soleil et pur caprice. Imprévisible et souverain, il décide de nos journées. Au-delà de trente noeuds, il rend la progression pénible ; allié à la pluie, il nous accable de froid ; virevoltant il prend appui sur les sacs à dos pour nous infliger de rudes bourrades ; bavard, sifflant, hurlant, grondant, il nous empêche de parler ; tourbillonnant, il nous aveugle.
Et lorsqu'il cesse, que rien ne bouge ni ne vibre dans l'air, que le murmure du ruisseau devient perceptible, et le rebond du caillou dérangé, et le bruit sourd des bâtons de Bertrand devant moi, son absence provisoire fait ressortir plus encore sa domination --- absence aussi étonnante, aussi déconcertante qu'une éclipse.
Le vent n'est pas un élément du paysage de Kerguelen, il en est l'essence même...
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Qui aurait le cœur de renvoyer un évadé dans sa prison --- prison si perverse et cruelle que le prisonnier ne la perçoit plus ?
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Tu dois apprendre à marcher sur les deux pieds : le savoir et l'expérience. Privilégier l'un ou l'autre, c'est choisir de boiter, et donc d'avancer moins vite.
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Une vie, ce n'est pas seulement la somme des choix que l'on a faits. Elle est cette somme, multipliée par le regard des autres, et divisée par le coefficient indescriptible du hasard.
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Tu es de race blanche, comme moi. Ton père est blanc. Ta mère est blanche. Tous deux sont vivants. Je ne sais pas qui est cette femme dont tu parles et qui est morte.
Une négresse australienne ne peut pas être ta vraie mère. Si elle t'a pris en affection et t'a aidé pendant que tu étais là-bas, tu peux dire "ma mère adoptive" ou, si tu veux "ma mère noire".
A ces mots, il me regarda avec fureur, voire avec une haine qui me laissa interdit. Je crus même un instant qu'il allait me frapper.
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Alors que les déferlantes glacées s'abattent et balayent le pont, dans un vacarme de tous les diables où tu entends souffrir les membrures de la coque, une lumière livide et sans espoir ne montre que la furie de l'océan redoublant celle des dieux.
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La compétition religieuse laissait peu de place à l'observation scientifique. Je voulais décrire des sauvages allant nus, et les bons pères tentaient de les rhabiller et de leur apprendre le Veni Creator.
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S'il répondait à mes questions, il se mettait dans le danger le plus extrême. Mourir, non pas de mort clinique, mais mourir à lui-même et à tous les autres. Mourir de ne pas pouvoir être en même temps blanc et sauvage.
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L’image d’un Narcisse progressant vers notre monde, sortant de la caverne de Platon et marchant vers le soleil du XIXème siècle est erronée. Il y a deux personnages en lui : un matelot enfermé au cachot depuis des années et qui lutte pour en sortir ; et un diablotin sauvage qui bataille pied à pied pour l’en empêcher. Le matelot l’emporte, mais pas toujours et pas sans concessions. De même que les tatouages marqueront sa peau jusqu’à son dernier jour, de même son esprit restera marqué par ce qu’il a vécu et ne s’en libérera peut-être jamais complètement.
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Il s'habituait peu à peu à la misère physique, à l'incertitude sur son sort, à la nudité, à l'infecte nourriture. Infiniment plus dure était l'absolue solitude : il comprenait qu'il était condamné à une privation complète de relations humaines. Amitié, camaraderie, amour, complicité, respect, séduction, sexe, toute la gamme des sentiments lui était désormais interdite. Personne avec qui partager - là était le plus profond désespoir. Et pleurer sur lui le consolait un peu.
Le curé du village disait aux garçons que s'ils faisaient certaines vilaines choses le soir dans leur lit leur ange gardien pleurait. Et bien, qu'il pleure lui aussi ! qu'il pleure, ou qu'il lui vienne en aide, au lieu de rester là-haut tranquille dans le ciel !
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Dans ce continent jeune et neuf, il n'est plus considéré comme le grand garçon du directeur de l'usine électrique, le neveu ou le cousin, le filleul, le voisin ou le camarade de lycée.Toutes ces étiquettes, tous ces liens ont disparu.Doit-il le regretter? En débarquant il est devenu une page blanche.
Ici, il sera qui il veut, un aventurier, un promeneur, un chercheur de trésors, le fondateur de Dieu sait quoi (...)

( p.53)
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J'aime qu'un homme soit courageux au-delà du raisonnable.
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Nous sommes pauvres d'une pauvreté choisie. En somme nous avons prononcé des voeux temporaires. Pauvreté, donc. Chasteté évidemment. Obéissance, non au chef que nous nous sommes donnés, mais au projet.
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La première maxime est que voyager est un métier, et non un loisir. Je n'ai pas compris tout de suite, ni même dans la première année, la force et la justesse de cette remarque. Mais combien ensuite j'ai éprouvé la valeur de cet aphorisme ! Il m'a fallu apprendre, humblement, à voyager les yeux ouverts, à me tromper beaucoup, à être trompé souvent, à perdre du temps pour en gagner, à rester immobile pour observer le mouvement de la vie. Vous-même qui avez voyagé plus et mieux que moi, savez tout cela, et savez également que chaque voyageur doit commencer comme apprenti : nul ne saurait faire l'économie de cette initiation.

2664 – [Folio n° 5623, p. 32/33]
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Pourquoi l'espoir se réveillait-il au prétexte le plus improbable, et faisait-il aussi régulièrement naufrage -- allées et venuees, montées et descentes comme le ressac, comme une vague qui brise sur un rocher, repart, se reforme, grossit et se fracasse à nouveau...
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Loin devant moi j'aperçois un objet que d'abord je n'identifie pas, un O posé verticalement en travers de notre marche, un O blanc, festonné. Ce sont des bois de renne, blancs et blanchis par le soleil et la pluie. Mais pourquoi ne gisent-ils pas à terre, après être tombés à l'automne de la tête d'un mâle ?
Il faut arriver à leur niveau pour comprendre: deux carcasses de rennes se font face, et se tiennent par les bois. Ne subsistent que les poils, la peau, les os, tout le reste a été nettoyé par les skuas. Et les bois, indissolublement liés. En regardant mieux, nous constatons que dans leur rivalité au moment du rut, le plus fort a percé la boîte crânienne de son rival, le tuant sans doute sur le coup dans la violence du choc. Sa victime est tombée à terre, toujours liée par les bois à son assassin, lequel, ne pouvant ni se dégager ni manger, est mort de faim.
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"Votre roman, c'est d'après une histoire vraie ?"
Cette interrogation m'a longtemps décontenancé. Je n'ai jamais osé rétorquer : " Si vous ne voulez que des histoires vraies, contentez- vous de lire des actes notariés, des biographies ou des rapports de police !"
Les premières fois, je bredouillai: " Est-ce donc si important pour vous ?"
Désormais, je réponds d'une boutade qui n'amuse que moi: " Ce roman- là ? C'est d'après une histoire fausse."
La véracité d'un récit est-elle un atout ou une pesanteur ?

( p.176)
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Le choix du métier de marin lui avait paru une évidence, pour un fils cadet qui n’avait pas sa place dans l’atelier familial. Céder à l’appel du large, ou rester toute sa vie dans le canton, comme valet de ferme célibataire ? Il n’avait guère hésiter, choisi la mer, et il se retrouvait le domestique de cette vieille, chargé de son eau.
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