Tu te souviens de cette maison parce que tout s'y aimait, parce que le soleil y jouait de la musique, parce que les fleurs s'enlaçaient dans le jardin. Il n'y avait pas de barrière. Il était possible de dormir n'importe où, de marcher pieds nus dans la rosée glaciale, d'aller courir après les papillons. Vous trouviez des œuvres d'art dans les ronces, là où la pluie s'était posée sur des toiles d'araignées.
L'homme n'a pas deux cœurs, un pour l'homme et un pour les bêtes. Il a du cœur ou n'en a pas du tout.
On a tort de sous-estimer la force des mots. Seuls les coups passent. Les os se ressoudent, les chairs se referment. On guérit aussi de la solitude. Mais certaines lettres laissent des marques que le temps lui-même n'arrive pas à cicatriser. Je n'oublierai jamais tes mots et si je ne me tue pas ce soir, ils me hanteront.
Ce que tu touches.
Et quand tes doigts plongent dans son pelage, tu es envahie d'une onde de bonheur intense. Tu n'as jamais rien ressenti d'aussi dévorant. Le chien n'a pas sauté dans tes bras, mais il a bondi dans ton âme. Vous vous êtes mélangés, tu as l'impression que c'est son coeur qui bat à présent dans ta poitrine.
Il t'avait dit de ne jamais écouter les autres, qu'ils te blesseraient. Il savait que tu cachais ton cœur et il t'avait dit que plus grands sont les cœurs, plus profondes donc les blessures.
La vie, d'abord, il s'agit d'innocence. Être une petite fille en jupes plissées. Ensuite, pour grandir, il faut chérir, perdre, errer, puis comprendre que la mort est au cœur de l'amour mais qu'elle ne peut pas le détruire. Jamais.
Quand ceux qu'on aime s'en vont, ce sont nos rêves qui disparaissent avec eux.
À chaque perte, il faut se réinventer en oubliant les regrets.