Comptant lire la fresque entière, j'ai donc commencé par ce premier roman qui narre les errances de deux jeunes adolescents révoltés qui quittent leurs familles respectives, l'un d'origine bourgeoise dont le père est une institution à lui seul, catholique et député, l'autre un protestant dont la mère inquiète et délaissée par un mari volage attend de son fils indigne en soignant sa petite fille de la fièvre typhoïde sous l'égide d'une espère de gourou, prêtre anglais et mystique.

De quoi est-il question finalement ? Vaincre les préjugés encore tenaces à l'époque de deux religions qui s'affrontaient depuis le XVIe siècle. Bien sûr les prêtres de la pension religieuse d'où s'échappent nos deux polissons découvrent un cahier que les garçons utilisaient pour échanger en cours, un cahier gris justement, où sont intimement mêlés conversations, dessins, poèmes, déclarations d'amour et d'amitié torride. Bien sûr, les parents de Jacques l'agité auront vite conclu que celui-ci s'est fait entrainer par le "parpaillot" Daniel. Ils fuient à Marseille et reviennent penauds, pensant d'abord embarquer comme mousses pur la Tunisie mais ce sera une expérience de vie pour les deux garçons. Le grand frère Antoine, représentant la jeunesse plus tolérante que le père inflexible dans ses convictions, arrangera tout ça.

Je m'attendais à quelque chose de plus subtil dans les Thibault.

Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un roman de gare mais…

L'histoire de la famille est bien mieux rendue chez un Zola par exemple.

Je ne me sens pas encouragé pour continuer la fresque complète tant dans celui-ci, tout est attendu et convenu.

Que du plaisir ! Un classique de la littérature oublié aujourd'hui alors que l'on a bien ici quelqu'un qui a inspiré Pierre Lemaitre lui-même. Plus d'une fois j'ai pensé à lui.



Si les deux premiers romans se suivent et se penchent surtout sur Jacques, j'ai été surtout happé par le troisième, la belle saison.



N'ayons pas peur des mots, un des plus beau roman d'amour. Je le mets à côté de la faute de l'abbé Mouret de notre Emile Zola.



Antoine est le personnage qui prend de l'ampleur et que l'on a envie de suivre, le voir s'opposer au père. On le voit déjà ici grandir grâce à Rachel qui le sort de sa zone de confort.

Cette dernière est d'ailleurs très moderne. Il faudrait remettre en avant rien que ce tome qui peut se lire complètement à part.



Vivement la suite !

C’est la grande fresque familiale, historique et sociale du début du XXème siècle. C’est vers quinze ou seize ans que je me suis passionné pour cette saga. Elle m’avait énormément marquée. Alors la reprenant plus de quarante ans plus tard, je craignais d’être déçu. Quelle erreur de jugement! Je me suis de nouveau enthousiasmé et cette fois je dirais de façon gourmande.



L’histoire pourrait paraître aujourd’hui un peu désuète, mais très vite on éprouve une tendresse certaine pour Antoine et Jacques élevés dans un milieu rigide et bourgeois, bientôt balayé par la Grande Guerre. Le premier, Antoine, futur médecin, est sérieux et conformiste. Jacques est indomptable, insoumis, utopiste et rêveur; il incarne le romantisme de l’époque. Adolescent je n’avais d’yeux que pour Jacques. Aujourd’hui c’est bien différent.



On se captive de bout en bout à suivre le destin des personnages hors normes que sont Jacques, Antoine, Jenny et Rachel. Ils sont toujours aussi bouleversants et chargés d’émotion. Roger Martin du Gard n'a pas son pareil pour nous faire entrer dans la psychologie de ses personnages.

L’écriture est agréable, simple, splendide. Un régal!