AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Vous aimez cette série ? Babelio vous suggère

2280 lectures
5 livres
225 lectures
2 livres
486 lectures
3 livres
2216 lectures
3 livres
789 lectures
4 livres
437 lectures
4 livres
825 lectures
3 livres
332 lectures
4 livres

Dernières critiques
Les jeunes filles, tome 4: Les lépreuses

Dans ce quatrième et dernier tome des Jeunes filles, nous retrouvons l'ecrivain Costals à deux doigts d'épouser Solange. Franchira t il le pas? Il reçoit toujours des lettres d'Andrée qui vit une relation imaginaire avec ce dernier alors qu'il ne prend pas la peine d'ouvrir ses lettres. Le cynisme du personnage de Costals atteint son paroxysme dans ce roman, et cela devient assez écœurant quand il va retrouver sa maîtresse marocaine de 16ans, jeune fille qu'il a connu quatre ans plus tôt 🤢 En plus d'être misogyne, là on est sur de la pédophilie, de nos jours ce genre de texte ça coince >< l'ignominie du personnage va loin puisqu'il prend le risque d'attraper la lèpre plutôt que de se refuser un plaisir charnel. Bref, ce qui sauve tout ceci, c'est d'une part une écriture agréable à lire, un style, une ironie quand même assez drôle, mais aussi le fait qu'il est évident que l auteur a choisi de dépeindre un odieux personnage de séducteur. Au fond, le triste destin de femme comme Solange et sa mère destinées à être des épouses incomprises est aussi mis en avant. Néanmoins, je ne suis pas sûre de comprendre le projet général de Montherlant notamment avec ces notes de Costals dans l'épilogue où il étale toute sa misogynie sur des pages (clairement je n'ai pas eu la patience de lire ça), si ce n'est pour dire que la vie est injuste puisque le mal/mâle triomphe? Mais c'est peut-être prêter trop de bonté à l'auteur, qui est peut-être simplement un grand misogyne lui-même 😬
Commenter  J’apprécie          00
Les jeunes filles, tome 4: Les lépreuses

J'ai fini ce cycle de quatre romans toujours avec intérêt, pour un opus qui se distingue un peu des précédents, en ce que Costals se rend au Maroc, où il retrouve une de ses amantes, Rhadidja, peut-être sa préférée, car elle parle peu et reste assez distante, bien qu'ils aient un accord physique auquel tous les deux tiennent. On dira plutôt "tenaient", car c'est là que Costals apprend qu'elle est porteuse de la lèpre, très peu déclarée, et qu'il pourrait l'avoir attrapée aussi. Pendant ce temps d'incertitude, il mène une vie itinérante dans les montagnes de l'Atlas, et s'interroge sur le sens de la vie, sur ce qu'il peut encore faire s'il est atteint de cette maladie...



Pendant ce temps, Solange, qui ne s'est pas remise de leur rupture, se morfond et, alors que la perspective du mariage la rendait peu amène et autoritaire, elle cherche à regagner son amour. Costals, lui, médite sur ce que les femmes font des hommes qui ont le malheur de tomber amoureux, et, surtout, sur un mode de vie libre comme il l'entend, qui lui permette de se consacrer à son œuvre et de prendre le repos du guerrier dans les intermèdes où il ne travaille pas ou ne voyage pas. Bref, Costals sera toujours Costals, un personnage masculin qui érige la philosophie de Nietzsche en véritable mode de vie, et s'en réfère aux Anciens pour ce qui est des valeurs et vertus masculines. Bref, un univers où la femme a peu de place.



Je n'ai pas été affectée par ce ton misogyne et provocateur, davantage par une vision coloniale du Maroc et par le fait que notre Français avait "conquis" Khadidja à un âge vraiment très jeune, de 13 ou de 14 ans. On peut se conduire comme une don Juan et en avoir l'affectivité limitée, mais de là à devenir un prédateur sexuel, le glissement est tout de même regrettable. En revanche, je n'ai pas eu de peine pour Solange ou Renée, car après tout, quand on n'est pas ou plus aimée, quelle dignité y a-t-il à s'accrocher ? On ne peut pas lui reprocher de manquer de franchise ; parfois ce sont les femmes qui ne veulent pas voir, et s'entêtent dans leur rêve de mariage. Il est vrai qu'à cette époque, même si elle l'avait voulu, une femme pouvait difficilement être en relation maritale sans mariage, du moins aux yeux de certains milieux. C'est sans doute la principale injustice de la disparité décriée par l'auteur, ainsi que l'éducation que l'on donnait aux filles. D'ailleurs, certains comportements pourraient tout à fait aujourd'hui être autant masculins que féminins. C'est davantage une question de personnalité que de sexe que d'être influençable, vain(e) de sa personne, de changer de comportement une fois que l'on croit l'autre acquis, de faire du chantage affectif...



J'aimerais pour conclure citer l'avis d'Amélie Nothomb sur cette série, je me sens moins seule : Je lus pour la première fois le roman que j'allais le plus relire - plus de cent fois -, la série Les Jeunes filles de Montherlant. Cette lecture jubilatoire me confirma dans l'idée qu'il fallait tout devenir sauf une femme. [...] Le terrible, dans les portraits de femmes de Montherlant, c’est qu’elles existent. On a beaucoup dit que Montherlant était un auteur anti-féministe. Il y a quelque chose de très salubre dans cette misogynie. Toute femme devrait avoir lu ces livres justement pour se dire : “Attention, tu pourrais te changer en cet être geignard." (Le Monde, 2004)
Commenter  J’apprécie          345
Les jeunes filles, tome 4: Les lépreuses

L'écriture de l'intériorité humaine, un baromètre de l'âme d'un perfide, d'un homme dur qui laisse derrière lui des héroïdes, mais pas impunément, au prix de sa vie. Montherlant fait de Costals l'homme que nous sommes tous, même en étant femme et parvient à nous décocher une petite flèche pour cet homme profondément malade de désir. S'il n'a pas la lèpre, ce sont ses lèvres, irrémédiablement malade des femmes qui le condamne à l'angoisse, et, quant à nous, nous en tirons une belle leçon quant à la vertu, non pas chrétienne, mais la valeur d'autrui. Ce Don Juan moderne échappe de peu à ce que nous aurions aimé comme mal pour lui, et ainsi, nous-mêmes nous sommes des Costals, insensibles à la douleur du personnage, à celle des femmes teintées de pathétique, et comme lui, on fermerait la page et classerait sans ouvrir l'aveu (très bref) de faiblesse de Costals.
Commenter  J’apprécie          10
Les jeunes filles, tome 3 : Le démon du bien

Voici le troisième tome lu de cette série de quatre, et je vais devoir marquer le pas pour commander le dernier, que je n'ai pas.



Nous retrouvons Costals aux prises avec ce dilemme du mariage avec Solange, la seule jeune fille qui lui ait donné envie ne serait-ce que de se poser la question - sans avoir plus envie de franchir le pas. Notre héros désagréable s'est entendu avec la mère de Solange pour mettre cette dernière à l'essai en quelque sorte, avant de se décider. Il la fréquente, oscille sans cesse entre le oui et le non, donne de faux espoirs et se sent coupable. Un jour elle le surprend par son caractère à la fois affirmé et facile (oui, c'est possible), le lendemain il la juge ennuyeuse. Et surtout, elle n'est pas très motivée par leurs relations physiques, qu'elle cherche à éluder parfois.



Costals, rendu fou d'hésitation, se décide sinon à rompre, du moins à fuir, et part s'installer à Gênes, où il mène une vie de patachon qui lui convient nettement mieux. Toutefois, la pitié, ou encore le démon du bien, le reprend, et il invite Solange à le rejoindre pour cohabiter avec lui quinze jours. Il fait connaissance plus avant avec elle, d'autant plus qu'elle se livre davantage et se montre passionnée dans les ébats. Il constate également qu'en plus de sa beauté qui le trouble encore, elle a un côté sauvage, et de même que lui, elle est proche des animaux et des enfants qui la recherchent. Malgré ce nouveau terrain d'entente, Costals ne tardera pas à être repris par un autre démon, celui de son égoïsme, et à tout gâcher encore, du moins du point de vue de la jeune fille.



Les scènes de préparation du mariage sont bien amenées, et Montherlant s'en sert pour donner une illustration sans complaisance des rapports humains, entre hypocrisie et lâcheté. Comme d'habitude, Costals est un concentré de calcul décomplexé, d'esprit de dérision et de provocation. On jurerait qu'il est gagné par l'ivresse de dévoiler son narcissisme sardonique, de mettre à jour ses vraies motivations, celles qui sont tues habituellement. N'oublions pas qu'il est écrivain, et que peut-être, instaurer du drame dans ce roman plat qu'est le mariage n'est pas pour lui déplaire, en sautant tête la première dans cet arrangement qui pourrait ne jamais avoir lieu. Nous sommes toujours servis par les aphorismes de l'auteur, qui en veut sans doute plus à la société qu'il ne déteste les femmes.



J'ai été un peu plus gênée par l'expression, qui mêle un langage recherché de bon aloi avec des passages d'une plus grande crudité, voire grossièreté, ce qui crée des contrastes dissonants ; ajoutons à cela des réflexions pour le moins douteuses sur l'influence qu'aurait Costals sur les enfants et adolescents. On a su par la suite que Montherlant s'adonnait au tourisme sexuel avec de très jeunes gens, et franchement on n'est pas loin ici de l'aveu, c'est dérangeant quoique fugace. Le tome reste toutefois tout à fait lisible, et la vie italienne et ses chats nous font de l'œil.
Commenter  J’apprécie          172
Les jeunes filles, tome 2 : Pitié pour les fe..

Je poursuis cette série intéressante, en maintenant l'avertissement pour les allergiques à la misogynie : Pierre Costals n'a pas changé. Fidèle à lui-même, il continue à approfondir sa liaison avec la jeune Solange, dont on sait maintenant qu'elle l'aime. Solange est déroutante pour Costals, car elle paraît toujours sobre et posée, et ne semble pas présenter de défauts féminins rédhibitoires. Certes, notre écrivain misanthrope s'amuse quelque peu, entretient encore les braises de ses échanges épistolaires. Toutefois, plusieurs relations se dénouent dans ce tome, volontairement ou non, comme pour le laisser se concentrer sur la jeune fille.



Costals franchit enfin le pas de faire de Solange sa maîtresse, tout en essayant de l'"éduquer" à ses exigences, mais aussi en poursuivant cet idéal de se présenter tel quel, sans se payer de mensonges séducteurs. Il renâcle sérieusement sur le mariage, mais en même temps on verra qu'il fait à sa compagne épisodique une place à part. Il en a toutefois dit très peu sur sa situation personnelle, son fils, ses projets....



Ce tome apparaît plus construit, moins brouillon dans les pistes lancées dans le précédent tome sans aller jusqu'au bout. Plusieurs fortes scènes ponctuent la narration, essentiellement à la troisième personne, du point de vue de Costals ; il n'est pas rare que l'écriture se coule dans des évocations visuelles apaisées, chaleureuses, et les formules choc abondent. Le lecteur sent bien que Costals, si ce n'est Montherlant, a le goût de la contradiction, de la provocation, non sans une certaine fatuité, conscient de produire des traits d'esprit, des éclairs intrigants. J'ai beaucoup aimé la scène entre Costals et Monsieur Dandillot, le père de Solange, qui se meurt et se repent de ne pas avoir vécu comme il l'entendait. Cela semble donner une caution à l'égoïsme jouisseur de l'écrivain ; pourtant, il se rapproche davantage de Solange.



Pas de surprise donc dans ce tome, mais une lecture plus fluide, une meilleure compréhension de ce personnage complexe et frustrant qu'est Pierre Costals. Le fil rouge évoqué par le titre est on ne peut plus clair : et d'une, l'homme s'attache souvent à une femme par pitié, et de deux, ce n'est pas une bonne idée. Il faut donc s'armer et rester vigilant, dans une parfaite maîtrise de ses sentiments, pour une parfaite indépendance.
Commenter  J’apprécie          189
Les jeunes filles, tome 1

Avec ce premier roman Les Jeunes filles, je commence ce cycle de quatre livres, autour du personnage principal, Pierre Costals, écrivain dont j'hésite à dire qu'il serait un double ou porte-parole de l'auteur. Les propos sont d'une rare misogynie, mais pourtant dénués de malveillance : le personnage de Costals n'est pas à l'honneur pour autant. Le maître mot est "lucidité", et c'est ce qui rend ce roman sympathique, bien que le discours masculiniste y soit résolument de mise. Je ne suis du reste pas surprise, en lisant la biographie de l'auteur.



De quoi est-il question ? L'auteur parisien Pierre Costals entretient deux relations épistolaires dans ce roman avec deux jeunes filles, ou femmes : Thérèse Pantevin et Andrée Hacquebaut ; il passe toutefois la majeure partie de son temps à ne pas répondre à leurs lettres enflammées, et mène ses propres affaires sentimentales, sans se gêner plus que ça. Thérèse n'existe que par les lettres, elle a une nette tendance à une forme de masochisme mystique et Costals l'enjoint de se consacrer à Dieu. Andrée est un peu plus proche de lui, elle vient parfois à Paris et le rencontre, ils ont une relation amicale qu'elle voudrait trouble, alors qu'il s'évertue à lui prouver qu'il ne l'aime pas.



Les personnages féminins sont cliniquement décrits, même si par certains aspects, les émois d'Andrée peuvent être touchants : on sent bien qu'elle s'est trop engagée affectivement dans cette relation pourtant unilatérale pour renoncer, car elle perdrait trop. Quatre ans durant, elle a cherché à le convaincre qu'elle ferait son bonheur, voire qu'il l'aime sans s'en rendre compte, et lui de son côté a tenté de repousser les avances de la jeune femme, principalement parce qu'il ne la trouve pas belle et ne la désire pas.



Le problème moral posé est en soi passionnant : est-il cruel en refusant une liaison qui ne le tente pas, alors même que lorsqu'il essaie d'être le plus clair possible sans la blesser, elle ne veut pas l'entendre, et continue de plus belle à faire le siège, allant jusqu'à s'offrir de façon gênante ? S'il était vraiment un sale type, ne profiterait-il pas d'elle pour la laisser ensuite ? le fait que ces échanges soient évoqués sous forme de lettres, intercalées avec des chapitres narratifs, est divertissant, je me suis laissé prendre à leur histoire, et même si j'avais fortement envie de secouer Andrée, je me suis demandé si elle n'allait pas finir par avoir gain de cause...



Costals montre un autre visage de lui-même lorsqu'il rencontre Solange Dandillot, une jeune fille envers qui il se sent violemment attiré, bien qu'il ne partage rien intellectuellement avec elle, au contraire d'Andrée. Pourtant, ils sont subjugués l'un par l'autre, même s'il garde la main et la contrôle sans vraiment la comprendre ; leurs premiers rendez-vous font des étincelles.



C'est finalement un personnage complexe que Costals, père célibataire, amant épisodique fidèle à ses "amies" et généreux, écrivain qui veut préserver sa paix et sa liberté, mais aussi misanthrope souvent écoeuré par les travers de ses semblables. A travers la quête de jouissance de Costals, mais aussi son observation lucide des caractères qui l'entourent, Montherlant dévoile qu'il est autant romancier que moraliste. C'est finalement un roman d'une forme un peu datée, mais intelligent, souvent drôle car empreint d'un humour caustique, qui me plaît suffisamment pour me tourner vers la suite.
Commenter  J’apprécie          232

{* *}