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EAN : 978B0D5QFB8C7
BoD - Books on Demand (31/05/2024)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Quand des travaux généalogiques dévoilent un secret bien gardé, une blessure enfouie depuis plus d’un siècle, quand enfin surgit la question qui attendait d’être posée, c'est que le temps est venu de partir en quête de la vérité.

Le chemin passe par la campagne hesbignonne du milieu du dix-neuvième siècle. Comment Ignace, un jeune paysan issu d’une famille sans histoires, en est-il arrivé à être condamné à mort aux Assises de Liège ? Petit à petit,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Je porte en moi tous ceux qui m'ont engendrée, à commencer par mes parents ».

Quelle stupéfaction l'auteure a dû éprouver lorsque, au cours de recherches généalogiques, elle découvrit, parmi ses ancêtres, un homme condamné à mort aux Assises de Liège au milieu du dix-neuvième siècle.

Ce point de départ m'a passionnée. Elle pose la question plus large de nos ancêtres lointains, au-delà de nos grands-parents, voire de nos arrières grands-parents, tous tombés dans les oubliettes, à moins d'avoir particulièrement marqué l'histoire par leurs actions, bonnes ou mauvaises, ou leur génie.
Qui sont nos ancêtres, ceux que nous ne connaissons pas, ceux dont nos proches ne nous parlent plus, dont il ne reste rien, dont nous ignorons tout et que des recherches généalogiques, justement, permettent d'en découvrir au mieux les noms et la longévité, et, plus rarement, grâce à de patientes, fastidieuses mais passionnantes recherches, le métier, le caractère, le mode de vie, en replaçant ce simple nom dans un contexte historique et social. L'imagination, ensuite, fait le reste. Et voilà notre lointain aïeul de nouveau comme ressuscité…

« Mais où sont les autres ? Les humbles, les gens ordinaires, ceux dont on ignore même le nom ? Où sont ceux qu'on a reniés ?
Plus aucun souvenir ne les rappelle. Ces vies, longues ou courtes, exaltées ou misérables, semblent avoir été englouties dans les ténèbres de l'oubli ».

C'est la démarche courageuse qu'a entreprise Pascale van Schendel sur ce personnage intriguant, Ignace, condamné à mort. Au moyen d'une reconstitution minutieuse de la ruralité du milieu du dix-neuvième siècle en pleine campagne hesbignonne, dans le village de Harcourt, l'auteure retrace sa vie, imagine ses aspirations, ses rêves de grandeur et d'argent, conduisant ce campagnard d'origine modeste à commettre de nombreuses infractions punies alors par la peine de mort. Par curiosité ? Sans doute. Mais surtout, j'imagine, pour se délester d'un poids transmis de génération en génération, pour tenter de comprendre et extérioriser cette histoire quelque peu devenu tabou, panser une blessure familiale et pouvoir enfin continuer sans cette chaîne, certes devenue invisible avec le temps mais pourtant bien présente. C'est inimaginable ce que nous transmettons d'invisible à nos enfants, le poids d'histoires parfois très anciennes qui se sont enracinées, qui portent leur poids de honte et de silence.

Pascale van Schendel a fait le choix d'un récit court, presque une longue nouvelle, une « novella » comme nous disons pour les récits se situant entre le roman et la nouvelle, se concentrant uniquement sur les faits, sur le processus de la chute de l'ancêtre, sans prendre parti, sans tentative d'analyse psychologique, en étant juste spectatrice de son aïeul. C'est une façon de faire pudique et délicate.
Je me suis imaginée la même histoire écrite « à la façon » d'un Grégoire Bouillier ou d'un Philippe Jaenada, donnant lieu à différents angles, différents points de vue, une enquête sociologique, économiques, historique très poussée…Deux façon de faire totalement opposées qui donnent un sens différent à l'entreprise.
A la tentative d'extériorisation des ténèbres pour mettre en lumière toute la singularité d'un personnage lointain avec lequel on partage le même sang de la première démarche, répond la volonté de faire une étude exhaustive d'un personnage pour toucher à l'universel, de partir du fait divers pour en faire une étude sociologique collective de la seconde démarche.
Ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est qu'il n'est pas dans un entre deux maladroit entre l'une ou l'autre façon de faire. Il est court, remplit sa mission en se concentrant sur les faits dans un contexte socio-historique bien amené, ces faits étant entourés d'une préface qui explique la démarche et un prologue qui permet à l'auteure de conclure sur le sens de cette démarche salvatrice, sans fioriture ni emphase, permettant de réconcilier le passé et le présent.

Je me suis longuement interrogée sur l'origine du titre. Je n'ai pas demandé d'explication à l'auteure. Je veux en garder tout le mystère. En faisant quelques recherches j'ai découvert que le Roi Pêcheur, ou Roi blessé, figure dans la légende arthurienne comme le dernier d'une lignée chargée de veiller sur le Saint Graal. le récit de son histoire semble varier mais, à chaque fois, il est blessé aux jambes ou à l'aine et est incapable de se mouvoir seul. Depuis sa blessure, son royaume semble partager ses souffrances, comme si l'infirmité de ce roi rendait la terre stérile. Seul l'élu, le « bon chevalier » pourra accomplir le miracle de soigner le Roi Pêcheur.
Il me semble que l'auteure a voulu établir un parallèle avec sa lignée familiale blessée par ce fait divers rendant la famille comme souffrante, malade et que seule une certaine action peut ainsi délivrer, libérer. Certes, l'auteure s'interroge sur son droit de briser ainsi le sceau du secret, sur la trahison qu'elle commet peut-être. J'aime penser que ce livre peut en réalité parvenir à une forme de guérison. Pascale van Schendel, patiemment, a ôté les bandages encore sanguinolents de ce Roi Pêcheur afin de pouvoir examiner la plaie telle qu'elle est et pouvoir la faire cicatriser.

Pascale van Schendel, dont il s'agit du premier roman, présente sur Babélio (@Papou64), a entreprit une très belle démarche salvatrice. Je la remercie pour sa confiance, j'ai été très touchée par l'aspect éminemment personnel de ce récit qui m'a fait particulièrement écho et m'a fait réfléchir sur ma propre lignée, ma propre méconnaissance, mes propres casseroles. J'aimerais avoir son courage et sa persévérance pour mettre en lumière également certains fantômes du passé et leur donner ainsi voix au chapitre au-delà des préjugés, des clichés propres à une certaine époque, à certains lieux. Une littérature psycho-généalogique en quelque sorte…

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Pascale van Schendel m'a directement contacté pour lire et rédiger un avis sur son roman La blessure du roi pêcheur.
Tâche délicate, car ce n'est pas facile de donner son ressenti sur une lecture proposée par l'auteur même.
Je vais donc tenter d'être la plus honnête possible comme si j'avais lu cette histoire par hasard.

C'est un texte court qui se lit donc rapidement.
L'écriture est simple, mais efficace. Une belle écriture qui nous fait découvrir l'histoire de sa famille au XIVe siècle.
On y découvre un jeune couple. Un jeune homme, une jeune femme, amoureux et ayant la vie devant eux. Au vu de leurs origines, il est certain que leur vie sera une vie de labeur.
Avoir des rêves, des ambitions. Ignace ne peut résister à la facilité, et surfe sur les limites, passe la ligne et se brûle les ailes.
Sophie résiste, subit, supporte, et pense uniquement à sa famille, s'oubliant elle-même.
Le père d'Ignace se sent responsable et fera tout pour réparer les mauvaises décisions de son fils.
Quel courage pour ces 2 victimes !
On ressent à travers cette lecture une histoire familiale qui par le secret porte les valeurs d'une autre époque, mais des valeurs nobles et respectueuses.
L'histoire d'Ignace n'est pas un secret, mais une histoire non dite, oubliée pour le bien de tous.
Ignace est touchant et on a envie de lui pardonner les erreurs qu'il accumule.
Mais en même temps, on ne peut oublier ce qu'il a fait subir à ses proches par pur égoïsme.

J'ai bien aimé la jolie écriture de l'auteur. Merci Mme van Schendel pour votre confiance. Et merci d'avoir partagé votre histoire (enfin, celle de vos ancêtres).
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J'ai beaucoup aimé ce petit livre très émouvant.

Comme un essai de psycho-généalogie appliquée, l'auteure part à la rencontre de ses ancêtres et nous dépose dans la campagne hesbignonne (un bout De Belgique flamande) , au milieu du dix-neuvième siècle.

On y est totalement tant Pascale van Schendel choisit le parti-pris de la description minutieuse de la vie rurale, des attachements sociaux et des déterminismes culturels et économiques de ces temps-là. C'est donc une "novella", une tranche de vie qui conduit irrémédiablement au trauma, ici la descente aux enfers de son aïeul.
Et ce n'est pas vraiment folichon, on a peu l'occasion de rigoler quand on lutte en permanence contre la famine, les épidémies…On travaille, on survit, on se reproduit, on prie.
Ignace ne se résout pas à cette fatalité. Il y a d'ailleurs, grâce au jeu des alliances, un peu de biens et d'argent dans la famille. Alors il épouse la jeune et jolie Sophie et va lui en faire voir de toutes les couleurs. de dérapages en dérapages, personne n'arrivera à sauver le feu…

J'ai trouvé ce livre juste et très courageux, thérapeutique aussi évidemment. Pascale a fait des recherches soignées pour ouvrir cette crypte, la rendre lisible, visible pour enfin réparer la blessure transgénérationnelle. Ce qui équivaut sans doute à soigner la Blessure du Roi Pêcheur, veilleur du Graal dans la légende arthurienne.

Un grand merci Pascale (@Papou64) pour ta confiance et bonne chance dans la poursuite de ta vie littéraire : tu as un vrai talent !
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Pascale van Schendel, alias Papou64 sur Babelio, vient de publier son premier livre : La blessure du Roi Pêcheur.
Comme nombre d'entre nous, Pascale van Schendel s'est penchée sur son arbre généalogique. Elle a découvert qu'un de ses ancêtres a été condamné à mort au milieu du XIXème siècle.
Faut-il divulger ce secret de famille ou - au contraire - l'enterrer ? Est-ce qu'une pomme pourrie condamne tout le pommier et ses multiples fruits ?
Pascale van Schendel a choisi d'en faire un livre qui ressuscite non seulement cet aïeul au parcours atypique, mais également totue une époque : celle de la naissance de la Belgique, de la révolution industrielle, de la rechercher d'une vie meilleure pour les paysans de la Hesbaye, en quittant la terre et leur village, soit vers Liège, soit même vers les Etats-Unis.
Mais tous les rêves ne se réalisent pas.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Maitriser l’écriture, c’est exercer un certain pouvoir sur le monde.
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Maitriser l’écriture, c’est exercer un certain pouvoir sur le monde.
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Les vagues de migrants se fracassent aux portes des usines.
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