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EAN : 9782917094198
72 pages
Le Vampire actif (27/05/2017)
4.42/5   12 notes
Résumé :
Publié initialement en 1977 en version bilingue chez l’éditeur italien Cegna, le seul recueil de poèmes connu de Gabrielle Wittkop, Litanies pour une amante funèbre, était depuis longtemps devenu totalement introuvable.

À l’occasion des 40 ans de sa publication initiale, Le Vampire Actif éditions redonne, en 2017, un deuxième souffle à l’ensemble des 31 textes qui s’offrent tels de maléfiques mantras et livrent une composition poétique au remarquable ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Aux chauves-souris". Obscure dédicace à cet animal insolite qui relève de ce que Roger Caillois appelait le "fantastique naturel".
Difficile  de présenter une poésie des profondeurs et son ravissement morbide.
Ces" litanies macabres, ironiques et scandaleuses, dérangeantes aussi, sont "Dans le jet noir que vomissent les fontaines de la nuit", un hymne macabre à une Aphrodite de l'ombre.
 Elles échappent  à peu près à toute critique, toute formule bien pensante. Elles fleurissent sous terre mais dérobent le feu du ciel.
Délire, désir, hystérie surnaturels, l'aventure, est ici naturellement intérieure, une entreprise cérébrale, amoureuse et plastique, la mise en abîme de beautés exténuées, enfouies, comme "Celles dont l'oeil refuse de se clore."

Les éléments sentimentaux qui donnent à ces poèmes presque cruels une lumière très particulière, sont d'origine parfaitement, merveilleusement humaine.
Toutes ces images au ravissement fantastique, sont  comme l'amour quand il n'échappe pas à la mélancolie, à cette floraison funèbre, presque insoutenable qui donne à ces poèmes pétris de délicatesse, de délicieux clairs-obscurs, un humour érotique sadien, une sensuelle mélancolie baudelairienne, un mystère insondable dont l'impureté serait l'obsession.
Chaque litanie est un comme un mantra, un cortège de morts imaginaires, évadé d'une poitrine inutile, d'un corps ravi à l'enchantement de la pourriture.
Un coeur ferme et mobile.
Un coeur cependant bien vivant avec sa machinerie compliquée et hors du temps.
Une  musique aux intonations décadentes, une mélodie dont la phrase s'écoule jusqu'au grave d'un violon, un cantilène aux accords lugubres et hypnotiques qui ravissent jusqu'au frémissement d'une chair glacée.

 "Morte guettée, ma future aux cheveux d'algues
Et ta chair enfin sera douce à mes doigts"

Un étrange procession d'ensanglantés serpentent, en silence, derrière la faucheuse du désespoir, agitant "dans les ténèbres de l'âme, sur l'infini clouté", son mouchoir de dentelle noire.

Vous ouvrez le recueil au crépuscule, et à l'aube il se referme, se fane, il ne vous  reste plus qu'une grève sans décor, plus nue qu'une chimère, qu'un cadavre baroque poli dans une statue de marbre, passion morbide vouée à la mort et pourtant si vibrante, un coeur évadé dans une poitrine inutile..

"Et la terre et la nuit
Et ta cendre et ma cendre
Dans le vent dispersées"
Abysses infinies, belles à en mourir, ces "Litanies pour une amante funèbre" s'écoutent avec un vent de liberté bruissant dans vos oreilles, soufflant son insolence contre vos tempes.
Gabrielle Wittkop nous offre sa poupée végétale "pour la tatouer de pourpre,
pour onduler ses cheveux, pour déflorer ses roses".
Un ailleurs trouble s'offre aux couleurs du néant.
"L'oeil s'effiloche, escalier tournant
Et dans le grondement des étoiles roulantes,
La tricéphale aboie aux abîmes du temps".

Merci au Vampire actif, pour ce bijou d'errance dédié à ces petits avatars littéraires condamnés à l'obscurité.

Anne Bolenne
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Un lancinant chef d'oeuvre poétique et joyeusement mortifère

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/07/14/note-de-lecture-litanies-pour-une-amante-funebre-gabrielle-wittkop/

Lien : https://charybde2.wordpress...
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La maison d'édition le Vampire actif nous offre un beau livre, dédicacé aux chauves-souris. Ce recueil comporte 31 poèmes. Les textes bénéficient d'une belle présentation, et sont accompagnés de collages réalisés par Gabrielle Wittkop-Ménardeau. Les poèmes sont à la fois somptueux et lugubres, majestueux et obscurs… Cette prose est un sombre enchantement.
J'ai beaucoup apprécié ce bel ouvrage ; une lecture parfaite pour le mois d'octobre…
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Une entrée dans la sombre Oeuvre de Wittkop, il y a dans ces textes poétiques quelque chose des Enfers, une ambiance qui relève de l'errance. Des récurrences pleines de culture, pleines de mort, de solitude... le gothique vient se fondre comme un soleil en fusion, et la dureté de la profondeur enfreint la morbidité rebutée par la critique et le lectorat. C'est très particulier, mais charmant. {12}

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critiques presse (1)
LeMonde
01 juillet 2017
Poésie grinçante, grimaçante, avec cet excès qui suscite tout autant le rire que l’épouvante.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Car tu ne sauras ni le jour ni l’heure,
Mais la mormolyce fardée de crins noirs,
Mais la mormolyce muette sous le crêpe,
Mais la mormolyce voilée de vermine,
Mais la mormolyce tout habillée d’ombre,
Mais la mormolyce couronnée de larves,
Mais la mormolyce mangeuse d’enfants,
Mais la mormolyce tigrée de sang sec,
Mais la mormolyce qui flaire les sueurs,
Mais la mormolyce qui traque la proie,
Mais la mormolyce qui sait les chemins,
Mais la mormolyce qui ferme la lèvre,
Mais la mormolyce qui ronge la lèvre,
Mais la mormolyce dans quelque angle mort,
Viendra te trouver sans que tu la voies,
Car tu ne sauras ni le jour ni l’heure.
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Bella vista, les anges pleureurs d’encre font des gestes,
Le gel éclate et fend les lèvres des fausses fleurs,
Lubriques, les tombeaux bâillent, léchés des goules.
Bella vista, les cyprès en marche
Portent les lampes du tribunal.
L’œil éjacule un lait entre les marnes,
Les rhizomes germent dans la moelle.
Bella vista, les feux du ciel fulgurent sur les morts,
Le grand souffle des ossements jette la cendre sur la tripe,
La terre, je le sais, je le sais, sera trop pesante à ma bouche.
Je tremble à la lisière de la nuit. Et je te mords.
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Finale
Les jeux sont faits, rien ne va plus.
Que glisse l’empalée secrète
Sur les torrents mugissants de la mort.
Le silence se caille à sa lèvre gercée,
Les bougies des tripots charbonnent,
Les suicidées raflent tous les atouts.
Combustion indigo, enfer par omission,
Les cartes sont zinguées, que la nuit nous enlève,
Vieux chancre du regret, que la nuit nous enlève
Et que les fleuves referment sur nous leurs bras.
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Video de Gabrielle Wittkop-Ménardeau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabrielle Wittkop-Ménardeau
Soirée spéciale Gabrielle Wittkop.
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