Petit livre très bien documenté sur un épisode dramatique de la seconde guerre mondiale, qui a beaucoup marqué les esprits dans la population mosellane. Le livre commence par évoquer les débuts de la guerre et l'évacuation des villages mosellans en 1940 suite à la germanisation forcée menée par les Allemands. L'auteur retrace ensuite la vie quotidienne des Mosellans dans leur point de chute en Haute Vienne avant de raconter le drame de juin 1944. Il évoque ensuite les différentes manifestations organisées en mémoire de ces évènements après la guerre et il finit par le procès de Bordeaux tenu en 1953 devant le tribunal militaire pour juger les coupables.
Ce livre permet de revivre les difficultés immenses et les drames que traversent les populations civiles en temps de guerre et d'avoir une pensée pour ceux qui, sous d'autres latitudes, vivent ces horreurs aujourd'hui. Il est particulièrement intéressant quand il soulève des aspects de cette sombre période qui vont au-delà des anecdotes particulières : la méfiance des habitants de la Haute Vienne envers les expulsés alsaciens puis mosellans à leur arrivée dans leurs nouveaux villages (notamment sur les questions scolaires et religieuses), les échanges techniques entre les populations dont les traditions agricoles étaient différentes, les difficultés entre réfugiés mosellans de retour chez eux fin 1944- début 1945 et d'autres Mosellans non expulsés mais installés dans les villages évacués. Le chapitre consacré au procès de Bordeaux est très intéressant car il met en lumière les débats sur l'unité nationale, la volonté d'amnistie et les tensions peu connues qui ont existé à l'époque entre Mosellans, Alsaciens (dont 14 d'entre eux enrôlés dans la division SS "das Reich" figuraient sur les bancs des accusés) et Français de l'intérieur.
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Le verdict est prononcé dans la nuit du 12 février 1953 : les Alsaciens reconnus incorporés de force écopent de cinq à douze ans de travaux forcés ou de cinq à huit and de prison. Quant au seul Alsacien engagé volontaire dans la Waffen SS, il est condamné à mort pour trahison. "Un jugement de compromis", explique le Républicain Lorrain qui ne "satisfait personne" renchérit Le Lorrain, ni les Alsaciens qui espéraient l'acquittement, ni les Limousins qui trouvent les peines trop clémentes. "Le procès d'Oradour n'est devenu qu'une immense souffrance", explique l'éditorialiste du Républicain Lorrain au lendemain du verdict. "Il est vital que la France retrouve son équilibre et sa cohésion intérieurs. Cette réconciliation peut et doit se faire dans une compréhension réciproque aussi large que possible qui bannisse toutes les exclusives, les généralisations fausses et les préjugés meurtriers. Elle doit se faire dans le respect commun des souffrances, de toutes les souffrances".