Simon Wiesenthal, survivant de la Shoa, et chasseur de nazis, nous retrace son parcours. Un livre émouvant et poignant.
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On peut s'en étonner : nous un peuple persécuté depuis deux mille ans, nous avons sous-estimé le danger des persécutions hitlériennes. En effet, le fait même que nous ayons assisté, mais surtout survécu, à tant de persécutions nous a donné le sentiment trompeur d'invulnérabilité.
Cette confiance, qui ne repose sur rien, a sans doute donné aux juifs d'Israël la force de construire cet Etat - mais elle a leurré les juifs d'Europe et les a entraîné à observer passivement le national-socialisme préparer leur extermination.
Au lieu de se défendre, au lieu de fuir au moins, les juifs pensèrent qu'ils arriveraient bien à s'arranger avec Hitler, Himmler ou Heydrich.
Ils avaient lu Mein Kampf et ne le combattirent pas.
Les médecins ont joué un rôle primordial dans la machine de mort du IIIe Reich. Dans les camps de concentration, ils ne se contentaient pas d'effectuer les sélections, ils étaient, pour la plupart, prêts à tuer de leur propre main. Ils définirent les "bases scientifiques" du programme d'élimination des "existences indignes d'être vécues", ils établirent les expertises concrètes, et participèrent personnellement aux assassinats commis dès avant la guerre dans des "maisons de santé" comme Hartheim ou Hadamar.
Les femmes parlaient à tour de rôle, comme si une digue s'était rompue. "Dans le convoi, les enfants étaient toujours immédiatement sélectionnés avec le groupe des condamnés à mort, les camions qui devaient les emmener aux chambres à gaz étaient déjà prêts. Les mères voulaient porter leurs enfants mais Hermine ne les laissait pas faire. Elle les séparait brutalement. Et les femmes devaient monter seules dans les camions, et Hermine leur jetait ensuite les enfants comme des paquets. Généralement, c'était Alice qui l'aidait, une noble, une SS comme on les imagine, un mètre quatre-vingts, blonde, belle. Sa spécialité, c'étaient les jeunes filles: elle les frappait en plein visage avec son fouet, sur les yeux quand elle pouvait..."
Contrairement à ce que s'imagine l'opinion publique allemande et autrichienne, Wiesenthal replace toujours scrupuleusement toute action dans le contexte où elle a été commise : pour lui, un membre d'un commando d'exécution, réuni pour l'occasion, qui a abattu dix juifs est moins coupable qu'un homme qui de son propre chef, sans aucune directive, a brutalisé un détenu au point de lui fracturer les membres.
Le monde entier est au courant de l'assassinat de six millions de juifs, le monde entier évoque la tragédie du peuple juif - mais qui parle de la tragédie des Tsiganes, qui sait qu'un demi-million de Tsiganes sans doute ont péri dans les camps d'extermination ?
Je ne vous ai pas oubliés - documentaire sur Simon Wiesenthal (extraits)