Citations sur Montana 1948 (58)
Peut-être ne nous aimait-on pas toujours. Peut-être mon grand-père avait-il racheté pour une bouchée de pain un ranch qui avait été saisi ou bien avait-il laissé paître son troupeau sur les terres d’un voisin. Peut-être mon père avait-il envoyé le frère ou le cousin d’un tel ou de tel autre au pénitencier d’Etat. Peut-être étions-nous simplement trop riches pour cette région déshéritée, ingrate. Quoi qu’il en soit, on nous respectait. Nous constituions l’aristocratie de Mercer County ou ce qui lui en tenait lieu. Je n’ai jamais cherché consciemment à me prévaloir de mon nom, mais je savais qu’il me conférait un crédit que je n’avais pas à conquérir.
Mon père détestait tellement les disputes qu'il faisait volontiers des promesses ou des suggestions comme celle-ci pour nous remonter le moral. Malheureusement il était bien rare qu'elles se réalisent.
Je savais sans qu'on ait eu besoin de me le dire, comme l'air qu'on respire, que l'université n'était pas faite pour les Indiens. Pendant la guerre, Ronnie avait servi dans l'infanterie. Assez bon pour l'armée mais pas assez pour l'université !
Je sentais le poisson et je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser. C'était pour ça que je ne me trouvais pas à l'aise dans cette pièce, c'était à cause de ça et non en raison du secret que je détenais, de la terrible découverte que j'avais faite...
Montana 1948
Larry WATSON
David était un jeune garçon de 12 ans quand une terrible affaire familiale s’est produite.
A l’époque son père Wesley était le shérif du village succédant à son grand-père.
Son oncle Frank était lui le médecin de ce village partagé entre américains blancs et indiens.
Et Marie était une jeune indienne employée par les parents de David.
Cet été là Frank a commis un crime que la conscience de Wesley ne pouvait laisser impuni.
Au risque de voir cette famille détruite...
David s’est alors beaucoup intéressé aux questions de justice et liens du sang.
Devenu adulte il raconte à sa femme ce terrible été.
Un très bon roman !
Je l’ai dévoré en une journée et le récit fait par le jeune David est vraiment prenant.
Des questions se posent évidemment...
Du genre qu’aurais-je fait moi à leur place
#gallmeisterforever
Je ressentis soudain une grande distance entre nous, comme si chacun, à cet instant, se tenait seul sur son carreau de linoléum, à mille lieues des autres. Trop éloignés pour sauter d'île en île, il fallait nous contenter du regard que l'un pouvait porter sur l'autre, comme ma mère le faisait alors avec mon père.
Etre un Hayden constituerait alors ma première identité, que je n'avais pas demandée, mais que je ne pourrais ni désavouer, ni renier.
En observant le regard mort de l'oiseau, je me rendais compte que les plus étranges relations auxquelles on ne pense pas - le sexe et la mort, le désir et la violence, l'envie et la déchéance - sont nichées là, oui, bien nichées au cœur même des âmes les plus pures.
C'est ainsi que la vérité m'apparut. Oncle Frank était le frère de mon père. Et mon père le connaissait aussi bien que n'importe quel autre homme ou femme. Et mon père savait qu'il était coupable.
Si j'étais rentré dans la maison, si j'étais resté dans la cuisine, ou à l'inverse si j'étais parti dans la même direction qu'Oncle Frank, je n'aurais jamais entendu la conversation entre mon père et ma mère et j'aurais peut-être gardé toute ma vie des illusions sur ma famille en particulier et sur le genre humain en général.