Un thriller dans la Vienne de l'après-guerre, partagée entre les zones d'occupation américaine, soviétique, française et britannique, un pavé dont les 700 pages se dévorent facilement.
Une atmosphère glauque dans une ville occupée, des chômeurs démoralisés qui se jettent sous les tramways, des gens dénazifiés, des hommes désorientés qui reviennent des camps russes après plusieurs années de détention.
Dans le train, un jeune homme retourne vers sa famille après avoir été en pension durant toute la guerre. Sur l'autre banquette, une femme va rejoindre son mari qu'elle n'a pas vu depuis 9 ans, il vient d'être libéré de sa prison soviétique. Les deux personnages ne retrouveront pas tout à fait ce qu'ils attendaient.
Le garçon trouve sa mère droguée, son beau-père à l'hôpital après avoir été jeté d'une fenêtre, crime pour lequel son frère est en prison. Il y a aussi une belle-soeur enceinte et une servante bossue qui élève des corneilles sous les combles.
Ajoutez à cela un mystérieux clochard qui semble suivre la famille, des enfants qui trouvent un cadavre dans les décombres d'une usine et un policier veuf qui aimerait refaire sa vie. Des histoires parallèles ou convergentes, qui tantôt se rejoignent et tantôt égarent le lecteur.
Une intrigue complexe dans le contexte d'une Autriche qui ne deviendra autonome que dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
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Dan Vyleta a une façon tellement fascinante, tellement prenante de donner vie à ses personnages que je n'ai qu'une seule envie, c'est me plonger dans Fenêtres sur la nuit.
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De ceux qui sont rentrés chez que, certains ont ramené des camps des amis qui leur étaient aussi chers que des frères. Certains ont rapporté Dieu, la révolution ou un jambe de bois. D’autre ont ramené des ennemis: nés de la politique, de l’inégalité et des dés pipés, de l’information qui s’achetait et se vendait entre prisonniers et gardiens.
(p.254)
…ce qui démontre une fois de plus que les livres sont dangereux : ils instillent chez ceux qui les lisent non seulement leurs mots mais une sensibilité ; non seulement des incidents, mais une façon de voir le réel.
(Note de l’auteur, p.699)
— Il rationne, soupèse. Juste la bonne quantité pour chaque occasion. L’affection, je veux dire. C’est comme s’il avait appris la bonté dans les livres.
(p.115)
Quelques trois millions de soldats de la Wehrmacht, y compris ceux capturés à Stalingrad, ont été enfermés dans des camps soviétique destinés aux prisonniers de guerre. Un peu moins de deux deux millions sont rentrés chez eux. [...] De ceux qui sont rentrés chez eux, certains ont ramené des camps des amis qui leur étaient aussi chers que des frères. Certains ont rapporté Dieu, la révolution, ou une jambe de bois. D'autres ont ramené des ennemis: nés de la politique, de l'inégalité et de dés pipés, de l'information qui s'achetait et se vendait entre prisonniers et gardiens. P.253-255
Il vénérait son frère qui, par voie de conséquence, le traitait avec un dédain despotique. Les deux gamins étaient sales, tannés par le soleil et sous-alimentés. Ils étaient aussi très heureux. P.159