…ce qui démontre une fois de plus que les livres sont dangereux : ils instillent chez ceux qui les lisent non seulement leurs mots mais une sensibilité ; non seulement des incidents, mais une façon de voir le réel.
(Note de l’auteur, p.699)
Pour jouer de la trompette, on dit qu’il faut souffler comme si on voulait refroidir un bol de soupe, les joues gonflées comme un bébé. […] C’est un instrument polyvalent. La trompette peut annoncer la maison de débauche aussi bien que célébrer la gloire de Dieu; elle peut saluer le roi ou pleurer sur la tombe de son enfant…
(p. 379)
De ceux qui sont rentrés chez que, certains ont ramené des camps des amis qui leur étaient aussi chers que des frères. Certains ont rapporté Dieu, la révolution ou un jambe de bois. D’autre ont ramené des ennemis: nés de la politique, de l’inégalité et des dés pipés, de l’information qui s’achetait et se vendait entre prisonniers et gardiens.
(p.254)
— Il rationne, soupèse. Juste la bonne quantité pour chaque occasion. L’affection, je veux dire. C’est comme s’il avait appris la bonté dans les livres.
(p.115)
Malgré tous mes efforts, je me suis prise d'affection pour Mr Cooper. On ne peut pas ne pas l'aimer. Le problème, c'est qu'il est horriblement snob. Bien élevé jusqu'aux voyelles de son "Merci". Ce n'est pas sa faute, remarquez, mais il ne peut pas ouvrir la bouche sans me rappeler ce qu'il est. Et ce que je suis. Pas de sa classe. Une domestique, une fille de mineur. Commune comme le péché.
Ce n'est pas une question de courage, songe-t-il, mais de force physique. Comme quand on sent le vent sur son visage un jour d'orage. On ne peut pas lui échapper.
on aurait dit qu'il avait préparé ses mensonges depuis longtemps et les trouvait maintenant tout prêts, à sa disposition. ( p. 228)
Quand il bouge les bras, le tissu amidonné fait du bruit, quelque chose entre un bruissement et un claquement, suivant la vitesse de ses gestes. Même la propreté peut être audible. On peut entendre à quel point elle est propre. Et, par extension, lui.
Ils prennent un train en fin de matinée. Thomas calcule qu'ils devraient être là-bas avant la tombée de la nuit, sauf qu'ils ont deux changements et manquent leur correspondance à Rugby. La gare est sinistre et déserte, la salle d'attente réduite à une rangée de bancs en bois réunis autour d'un poêle éteint. Un conducteur leur apprend qu'il y aura un train d'ici une heure mais trois heures passent, puis quatre, puis cinq avant qu'il réapparaisse, sanglé jusqu'au cou et empestant la Fumée et le cognac, pour les informer qu'il y a du retard.
Il est huit heures quand ils montent enfin en voiture; complètement transis.
- Ils ont un objet qu'on appelle "téléphone ", grâce auquel on peut communiquer avec des gens qui sont à des kilomètres de vous, rien qu'en parlant dans une boîte. La boîte est reliée à une autre par un long fil. Et ce fil transporte les paroles je ne sais pas trop comment. Par enchantement...
Il regarde Charlie assimiler ses paroles. Charlie n'est pas impressionné.
-Même si ça marchait, quelle serait l'utilité de ce machin ? Il faudrait connecter toutes les maisons du monde avec des fils. Et ça, c'est impossible !