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Alan Bestic (Collaborateur)Jenny Plocki (Traducteur)Lili Slyper (Traducteur)
EAN : 9782290324219
409 pages
J'ai lu (01/11/2004)
4.53/5   170 notes
Résumé :
Le 14 avril 1944, deux jeunes gens, Rudolf Vrba et Fred Wetzler se sont évadés d'Auschwitz. Ils n'ont qu'une hâte : témoigner. Il faut faire vite. Le 25 avril leur "Rapport sur les camps de concentration d'Auschwitz-Birkenau-Maïdaned" est transmis au chef de la communauté juive de Hongrie, puis au Pape, à Roosevelt, à Churchill. On sait la suite : en Hongrie, sur un million de juifs, quatre cent mille seront assassinés. Le monde libre a tardé à réagir. Vrba fut inte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Après avoir lu « La bibliothécaire d'Auschwitz », j'avais noté quelques titres auxquels Antonio G. Iturbe faisait référence à la fin de son roman. « Je me suis évadé d'Auschwitz » en faisait partie. Trois ans se sont écoulés depuis mais je ne l'avais pas oublié (j'ai juste une pal qui n'en finit plus de grandir).

Avec l'aide d'Alan Bestic pour mettre en mots son témoignage, Rudolf Vrba revient sur son vécu pendant la Seconde Guerre mondiale, et tout particulièrement de son séjour à Auschwitz-Birkenau. Rudolf est un jeune slovaque juif, il a 17 ans quand il se décide à prendre la poudre d'escampette avant de faire partie des convois qui emmènent les siens vers un camp de repeuplement juif, quelque part en Pologne. À ce moment-là, les termes de camps de la mort, d'extermination de masse, de chambres à gaz, de « solution finale » n'étaient encore connus de personne. Les Juifs pensaient vraiment qu'on les emmenait vivre dans un lieu, certes à part, mais sécurisé. Malheureusement pour Rudolf, sa tentative de fuite a échoué. D'abord prisonnier au camp de Novaky, puis à Maïdanek et ensuite à Auschwitz-Birkenau, Rudolf n'a jamais abandonné l'idée de s'évader. C'est à sa propre pomme qu'il pensait au départ, c'est aux milliers et milliers de Juifs qu'il pensait à la fin, à ceux qui n'étaient pas encore monté dans les trains à bestiaux et qu'il fallait absolument prévenir pour leur éviter les crématoires. Il a 19 ans quand sa tentative d'évasion réussit et qu'il peut enfin témoigner.

J'imagine comme il a dû être difficile de revenir sur ses deux années de détention. Car mise à part son obsession d'évasion, Rudolf revient sur tout ce qu'il a vécu et vu là-bas, toujours avec force détails et précisions. Il a fait là un véritable travail de mémoire, et d'autant plus quand on sait qu'il s'est écoulé presque vingt ans (1963) lorsqu'il s'est associé à Alan Bestic pour « rappeler au monde, qui a tendance à oublier trop rapidement, qu'il a existé et qu'il existe des hommes prêts à aider à l'assassinat de millions d'autres ». Il était un jeune homme très débrouillard et a rencontré les bonnes personnes au bon moment, et c'est sans doute ce qui l'a sauvé. Il n'en a pas moins vécu les mêmes atrocités et les mêmes horreurs que ses co-détenus. Durant tout son séjour, il s'est efforcé d'enregistrer le maximum d'informations sur ce dont il était témoin pour en répéter le plus possible lorsqu'il retrouverait la liberté, si son évasion éventuelle réussissait. de ce fait, il nous raconte tout dans les moindres détails, sans nous épargner : les conditions de vie impensables, les épidémies et les maladies, les mauvais traitements et les brimades, la faim, le froid, l'abattement, le travail harassant, les prisonniers qui meurent d'épuisement ou sous les coups, les trains bondés, les « sélections », les fours crématoires qui tournent à plein régime, les hautes cheminées d'où s'échappe une fumée nauséabonde...

Il va même raconter avec précision son "voyage" dans le train à bestiaux. Il y consacre de nombreuses pages. Si je savais comment ces voyages se déroulaient, jamais encore je n'en avais lu avec autant de détails. Et ainsi, dès le départ, la lecture se veut éprouvante, et elle le sera jusqu'au bout.

Pourtant, si elle est éprouvante, elle est également prenante, poignante, complète, très bien écrite et décrite, essentielle. Impossible de dire qu'on a aimé une telle lecture, impossible de dire qu'on ne l'a pas aimée. Elle laissera en revanche une trace indélébile.

Bien qu'on peut imaginer toutes ces horreurs, il reste difficile de se mettre à la place de toutes ces victimes, tellement ces horreurs sont impensables. Elles ont pourtant eu lieu et il est important de ne pas les minimiser. Les témoignages sont nécessaires, les lire et les transmettre encore et encore le sont tout autant. N'oublions pas, jamais. Ne recommençons pas, jamais.
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Témoignage choc d'un homme qui a passé deux ans dans le camp d'Auschwitz et qui a réussi à s'enfuir.

Ce livre poignant se compose de deux parties : un récit et un rapport établit par l'auteur, Rudolf Vrba (p 371 à 409).

Toute la première partie (p1 à 370) est donc le récit de ce jeune résistant Hongrois, Rudolf Vrba, (matricule 44 070) et de son ami, Fred Wetzer, qui ont passé près de deux ans dans le camp d'extermination d'Auschwitz parce qu'ils étaient juifs. Et ces hommes ont réussi à s'enfuir.

Poignant ce livre est car il nous décrit la vie dans le camp, les sélections, le travail. Il témoigne aussi de l'extraordinaire force de caractère de ces hommes qui résistent : survivre pour témoigner.

Leur évasion leur a permis de révéler la barbarie nazie.

Ainsi, dès qu'il a pu gagner le maquis en Tchécoslovaquie, Rudolf Vrba rédige un rapport sur le camp d'extermination : il dessine une esquisse d' Auschwitz I et de Birkenau avec l'emplacement des chambres à gaz et des crématoires. Ce n'est pas rien...

Il expliquera aussi le fonctionnement du camp avec sa hiérarchie, le classement des détenus (identifiés par des triangles de couleurs différentes). Il dressera même la liste des convois avec le nombre et la nationalité des détenus entrés, (ce qui révèle une mémoire phénoménale).

L'auteur mettra en garde contre le projet des Nazis qui était de liquider tous les Juifs hongrois.

Le document fut remis le 25 avril 1944 au chef de la communauté juive de Hongrie qui doute de la véracité tellement il trouvait que c'était énorme. Puis aux Alliés, qui doutent eux aussi. Vous devinez la suite ?

C'est malheureusement en vain que Rudolf Vrba a témoigné : quatre cent mille Juifs hongrois seront assassinés. Et Rudolf est entré dans la Résistance.

Dans ce récit, Rudolf s'en tient aux faits et rien qu'aux faits. Une véritable leçon d'humanité, de courage, de force.

Il ne m'a pas laissé indifférente. le style littéraire était agréable à lire si ce n'était un livre décrivant les pires noirceurs humaines.

Note : le rapport de Rudolf Vrba a figuré parmi les pièces d'accusation au procès de Nuremberg.

Tous les chiffres donnés se sont révélés exacts sauf celui sur le nombre des déportés français : 76 000 au lieu de 150 000, comme il l'a écrit.
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Un livre sur un jeune hongrois qui va réussir à survivre et même s'enfuir du camp d'extermination d'Auschwitz. Il décrit son quotidien et le quotidien horrible et révoltant des autres personnes du camp que se soit les prisonniers, les kapos, les surveillants, les chefs...
Les convois qui arrivent, la sélection et le classement des détenus qui n'ont pas tous le même rang, le passage à l'infirmerie qui annonce une piqure et la mort certaine, les travaux, les sévices, les quelques moments d'espoirs, les déchirements, les craintes, LA PEUR omniprésente.
On suit comment on arrive à tenter de survivre avec les rares rations de nourritures (soupes, pain) , les quelques "avantages" que l'on peut avoir en s'y prenant bien et en ayant de la chance avec un petit réseau, des combines.
Il passe par Auschiwtz, Birkenau et pendant toute sa période dans les camps, il note tout (les convois avec les effectifs, les nationalités, les plans des locaux, etc...) avec comme espoir de s'évader de faire savoir ce qui se passe ici pour y mettre fin.
Il réussit à sortir avec un ami mais la liberté est encore loin, il faut encore passer des frontières, éviter les patrouilles et les habitants pas toujours "surs" et enfin arriver à faire admettre que ce qu'il dit est vrai !!!
La fin du livre contient les fiches de rapports qu'il a tenu et qui serviront au procès de Nuremberg. Impressionnant.
Un livre dans la lignée de Primo Levi et "Si c'est un homme".
A lire et faire découvrir.
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Voilà que je referme le livre, il m'est difficile de me défaire de mes impressions après cette lecture.
J'avais précédemment eu l'occasion de découvrir Si c'est un homme, de Primo Levi, encensé par la critique et souvent décrit comme LE témoignage à lire sur l'enfer des camps de concentration.
Et bien j'ai trouvé « je me suis évadé d'Aushwitz » bien plus réussi, tant du point de vue du contenu, que de la mise en forme et de la réalité du discours.

Au fil des pages, j'ai plusieurs fois été prise de nausée, de dégout sincère ressenti par tant d'injustice, de cruauté !

Je ne peux décrire les sentiments ressentis avec plus de détails, mais ce témoignage est l'un des meilleurs à mon avis…
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Ce livre est un document précieux à double titre car trop rares sont les évadés de camps de concentration qui ont laissé un témoignage aussi remarquable par la précision des détails, et surtout exceptionnel que le rapport soit parvenu jusqu'aux alliés, bien que le résultat attendu par les auteurs n'ait pas été à la hauteur de leurs espoirs, on s'en doute !
Il est surtout indispensable de préciser que l'évasion de Rudolph Vbra (de son vrai nom Walter Rosenberb), avec son ami de block, Fred Wetzer, n'a été possible à réaliser que grâce à leur position privilégiée dans le camp. Au moment de son évasion, Rudi était secrétaire de block, situation qui lui permettait de circuler à l'aise dans le camp, d'avoir des relations avec les chefs de blocks, certains kapos, et autres détenus ayant des responsabilités et des renseignements importants à fournir, et surtout d'avoir accès à une nourriture plus conséquente que les détenus ordinaires qui mourraient de faim, sous les coups, de maladie ou d'un travail épuisant.
Matricule 44 070 à Auschwitz, (arrivé le 30 juin 1942-évadé le 10 avril 1944), Juif Slovaque, Rudi était jeune, résistant, intelligent, il parlait l'Allemand couramment, le Russe et le Polonais en plus de sa langue natale le Tchèque. Il a aussi, fait indéniable, bénéficié de la providence à plusieurs reprises. C'est ainsi, certains individus doivent être élus, protégés. Avant Auschwitz, il a été détenu à Maïdanek, volontaire à la demande des SS pour aller travailler dans une ferme (qui était en fait un transfert pour Auschwitz) il a sauvé sa peau. Tous les prisonniers du camp (dont don frère) y ont été massacrés, certains en creusant eux-mêmes les tranchées qui seront leur propre tombe. Il a été battu presque à mort par un SS et ne doit sa vie qu'à l'aide d'un kapo qu'il n'avait pas dénoncé de vol, même sous les coups. Il a guéri du typhus grâce à des aides du réseau de connaissances qui ont pu le cacher et fournir des médicaments : infirmier, médecin, chef de block. Il a échappé à la mort certaine en arrivant trop tard au rendez-vous pour une évasion avec un ami, Charles Unglick, qui lui s'est fait abattre d'une balle dans la poitrine.
Son évasion avait aussi un double objectif : en sortant de cet enfer, bien sûr recouvrer la liberté, et en témoignant de la mise à mort systématique des juifs, alerter et faire cesser les déportations prévues de Hongrois. Une réalité peu croyable en effet pour chaque individu « normal ». le comité de protection des juifs, dont le Dr Rudolf Kastner était responsable, avait lu le rapport Vbra-Wetzer, mais que c'est-il passé ? Pourquoi seulement 600 000 juifs ont pu échapper au train de la mort ? « Kastner savait avec précision d'après mon rapport d'avril 1944 ce qui était prévu pour un million de ses compatriotes juifs. Il garda le silence et le résultat fut que 400 000 d'entre-eux allèrent innocemment et passivement mourir dans les chambres à gaz ».
Chacun appréciera !

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
En réalité, il [Heinrich Himmler] était loin d'être satisfait de ce qu'il avait vu, mais ce n'étaient pas les conditions effroyables du camp qui le tourmentaient, non, ce qui le tourmentait c'était l'inefficacité évidente des méthodes employées pour exterminer les juifs qui commençaient à arriver par milliers de toute l'Europe. Les chambres à gaz étaient faites avec des moyens de fortune, l'incinération des corps dans des tranchées gaspillait honteusement un précieux combustible. En outre, les Allemands qui occupaient alors la ville polonaise voisine d'Auschwitz se plaignaient des odeurs fétides qui en parvenaient.
Pour un ancien professeur de mathématiques, le manque de rigueur de l'ensemble du système était insupportable, toute l'organisation étant laissée au hasard. Et c'est ainsi qu'il donna des ordres pour la plus grande, la plus efficace usine d'extermination que le monde ait jamais connue. Des ordres pour des chambres à gaz en béton armé et d'immenses fours crématoires capables d'absorber jusqu'à douze mille corps en vingt-quatre heures : ce qui fut fait.
Des ordres pour la mise en place de l'énorme machine qui avala deux millions cinq cent mille hommes, femmes et enfants en trois ans et qui les vomit en spirales innocentes de fumées noirâtres.
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À travers les barreaux des fenêtres étroites, à travers les fentes des portes, des mains se tendirent suppliantes et les hommes se précipitèrent pour les saisir. Ils n'en eurent pas le temps. Les SS s'interposèrent distribuant de violents coups de cravache et de canne. Ils frappèrent les hommes mais aussi les mains tendues, celles ridées des vieux, celles dodues des petits. Le train avança tout à coup, s'arrêta et lentement prit le départ. Plus fort que le bruit de la locomotive, que le sifflement de la vapeur, que le heurt des wagons les uns contre les autres, s'élevèrent les lamentations des femmes, les cris des enfants aux poignets meurtris et cassés.
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Auschwitz n'est pas seulement une leçon pour le monde, c'est aussi un avertissement que tous les hommes devraient examiner de très près avant de condamner.

Les Nazis, il est vrai, ont créé une machine monstrueuse mais ce faisant ils ont démontré avec une minutie teutonne jusqu'à quelle profondeur l'homme peut tomber.

Faisons en sorte que ces méthodes ne soient plus jamais imitées, que plus jamais des êtres humains d'aucune nationalité ne dégradent leurs semblables.
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Je ne peux pas oublier Auschwitz. Mais je ne peux pas non plus oublier le pays des Beethoven, Mozart et Mendelssohn, Kant et Hegel, Goethe et Thomas Mann, Einstein et Heisenberg, même s'il m'est parfois difficile de croire que le même pays ait pu produire les sommets de la barbarie et les sommets de l'humanisme.
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« Le voyage n’avait pas été mauvais et la plupart des victimes étaient en assez bonne forme physique. Une femme se détachait du groupe, elle avait une allure enjouée, arpentait la rampe, son manteau de fourrure jeté sur les épaules, elle tenait par la main ses deux enfants élégamment vêtus.
Le jeune Tchèque l’observait, peut-être avec pitié, peut-être aussi avec une certaine nostalgie pour la société brillante qu’elle représentait. Il la vit passer devant un Obersturmbannführer et l’entendit dire à son fils à voix haute et presque gaie :
— Mouche ton nez, mon chéri. C’est un officier allemand !
Il perdit tout contrôle, s’avança vers elle et marmonna :
— Imbécile, dans une demi-heure tu seras morte !
Elle s’arrêta net, le regarda fixement et son beau visage s’affaissa. Puis elle tourna les talons et se dirigea tout droit vers le SS. Montrant le détenu du doigt, elle dit d’une voix aiguë :
— Ce… prisonnier dit que nous allons mourir. Qu’est-ce que cela signifie ? Que se passe-t-il ? Que faites-vous… ?
Le SS l’interrompit poliment, presque en s’excusant :
— Voyons, madame, calmez-vous. Il ne va rien vous arriver.
Vous tuer ? Pensez-vous honnêtement que nous autres Allemands sommes des barbares ?
Elle se retourna pour faire face au détenu tchèque, arborant un air condescendant, méprisant, mais il n’était plus là. Il avait été emmené derrière les wagons par deux SS qui l’avaient tué prestement avec un pistolet silencieux, ne dérangeant personne – excepté le détenu bien sûr. »
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Vidéo de Rudolf Vrba
Interview de Rudolf Vrba qui s'exprime en anglais
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