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3,49

sur 1581 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
UNE «FADAISE» UNIVERSELLE ET IMPÉRISSABLE.

Une «fadaise philosophique qui ne doit être lue que comme on se délasse d'un travail sérieux avec les bouffonneries d'Arlequin » : ainsi ce cher (et plus sincèrement humble qu'à son habitude) François Arouet dit Monsieur Voltaire avait-il qualifié le premier jet, hélas aujourd'hui perdu, de ce qui deviendrait et intitulerait plus tard "Micromégas", dans la présentation qu'il en fit à son célèbre et éminent correspondant d'alors - nous sommes en 1739 -, Frédéric II de Prusse.

La postérité est une dame bien indocile, et celle de Voltaire n'échappe pas au genre. Lui qui espérait - y mettait beaucoup de son énergie, de son temps - que son oeuvre dramatique ainsi que sa poésie feraient sa gloire au-delà de la tombe en serait certainement pour ses frais : qui lit ou joue encore Mérope, Sémiramis, Oedipe ? Son Zaïre est, seule sans doute, de celle à avoir franchit - un peu - la barrière du temps. Qui lit ou déclame aujourd'hui La Henriade, que Beaumarchais plaçait alors à hauteur de L'Iliade !!!, qui se souvient de ses Épîtres, etc ? En revanche, Candide a atteint un tel niveau de popularité qu'il est même passé dans le langage courant, Zadig est encore très largement lu et étudié, et si Micromégas n'atteint pas de tels sommets, sans doute est-ce plus lié à sa brièveté qu'à son contenu ou à sa forme.

Qu'en est-il donc de ce qui est, fort probablement, l'un des tous premiers "contes philosophiques" qu'il rédigea de toute sa carrière, sinon le premier ?

Habitant d'un satellite de Sirius, Micromégas (mot à mot : "Petit-Grand") mesure huit lieues de haut. Devenu suspect à cause d'audacieuses spéculations, ce géant de 450 ans («au sortir de l'enfance») est condamné, pour un exil de huit cents ans, par une assemblée de juristes en raison de ses idées jugées «malsonnantes, téméraires, hérétiques» par le chef religieux local. Ainsi entreprend-il un long voyage interplanétaire en compagnie du secrétaire d'académie de Saturne, un "nain" de seulement six mille pieds qui multiplie les bévues et laisse parler sa nature, contrairement à Micromégas, véritable modèle de vertu et de mesure. Se déplaçant selon des théories plus ou moins inspirées de celles de Newton (que Voltaire lisait et tachait d'expliciter), les deux compères finissent par arriver sur terre.
Juste à ce moment-là, un voilier passe à leur portée qui transporte des savants de tous genres, s'en retournant d'une expédition au cercle polaire, lesquels passent pour à peine plus que des atomes mais dont il comprennent qu'ils ont langue et raison. Nos deux géants comprennent que ces drôles d'insectes passent leur temps à s'invectiver, se haïr, s'entretuer, ce que leur confirme l'un des philosophe présent, qui leur assène ces mots intemporels : «[...] nous sommes d'accord sur deux ou trois points que nous entendons, et nous disputons sur deux ou trois mille que nous n'entendons point.»

On peut gloser tant qu'on veut : texte préfigurant la science-fiction (comment ne pas penser, par ailleurs, à Rabelais, mais aussi à Swift, et puis à Cyrano de Bergerac. ), critique impeccable moquant les évidences se prenant pour savantes, diatribe contre Fontenelle (l'un des grands esprits du temps, tellement oublié aujourd'hui), libelle terrible et juste à l'égard de tous les sectateurs, qu'ils soient déiste ou philosophiques, Voltaire nous embarque dans une démesure peu commune en son temps. Pour la «fadaise», sans doute ; mais s'il se contente de peu, stylistiquement parlant (encore que...), il démonte les vérités fausses, les vraisemblances idiotes, les amitiés hypocrites, les croyances imbéciles, pour mieux assurer ce qui est d'éternité, que si l'on y porte attention, chaque certitude, aussi assurée qu'elle soit, est fruit de raison.

Un style, pour servir ces oeuvres parfois goguenardes, que M. de Voltaire n'estimait pas à hauteur : Immortel !
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Micromégas est vraiment un très beau conte De Voltaire ! Même si la réflexion philosophique qu'il illustre est loi d'être aussi développée de Candide ou du Songe de Platon, ce n'en est pas moins un conte très distrayant ( depuis quand le manque de profondeur empêche-t-il de se distraire ? ) et qui a le mérite d'oser frapper là où ça fait mal : l'orgueil inhérent à nos systèmes philosophiques ethnocentrés. Trépidant, plein d'idées et de rebondissements, très bien écrit, intelligent, Micromégas représente tout ce que j'aime dans les contes de Voltaire de la première génération : des rebondissements, plein d'idées, une jolie satire, de la couleur, des qualités d'écriture… Un très beau conte De Voltaire, vraiment, je le dit et le répète !
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Quel plaisir sans cesse renouvelé de lire ou découvrir des oeuvres de Voltaire.

Micromegas ou l'incroyablement grand qui rend visite, en compagnie d'un habitant de Saturne, tout juste moyen, à l'infiniment petit qu'est le terrien. Et nous voilà resitué à notre juste valeur, un point dans l'immensité, qui ne sont même pas visibles ou audibles par ces visiteurs d'ailleurs tellement nous sommes petits, mais pas pour autant insignifiants.

L'Ingénu ou comment critiquer la petite ou grande noblesse française et les bassesses de la religion catholique sans avoir l'air d'y toucher.

Des histoires qui m'ont fait plus d'une fois sourire, qui sont tout à fait lisibles malgré le fait qu'elles datent du 18e siècle. Elles ne peuvent que ravir le lecteur par leur actualité.
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De la science-fiction au siècle des Lumières !

Micromégas, un Sirien (habitant de Sirius) est banni de sa planète pour un livre qu'il a écrit et que le muphti a réprouvé. Il voyage donc dans la galaxie et y rencontre d'autres êtres, notamment un Saturnien avec lequel il poursuit son petit voyage philosophique. Ensemble ils arrivent sur Terre en 1737 et palabrent avec ces êtres qui tiennent sur leur ongle.

Petit conte philosophique sur la relativité des choses, sur l'insatisfaction, la vanité, la nature, la différence, la tolérance, la nature humaine...
Quelques piques bien placées contre la censure, l'inquisition, le pouvoir en place pour faire bonne mesure.
Un peu d'humour.
Du grand Voltaire !!

A lire et relire sans modération.
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Un plaisir que de relire Micromégas dans un autre contexte que celui du scolaire.
Plusieurs niveaux de lecture se dégage de ce petit conte dit philosophique qui montre les travers de la société humaine.
Et avec le temps, on peut se demander si Voltaire, à son insu, et avant la lettre, n'aurait pas découvert la physique quantique. 2 scientifiques qui étudient l'infiniment petit doté de propriétés inconnues.
Tout simplement génial!
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A travers ces trois contes, j'ai eu l'honneur de faire connaissance avec ce cher Voltaire. François-Marie Arouet de son vrai nom, c'est un auteur français du 18ième siècle.
Ecrivain, poète, philosophe, tragédien et historien, Voltaire est surtout un penseur libre. « Je finirai par renoncer à mon pays ou à la passion de penser tout haut », écrit-il.

Cette liberté de penser, de contester les injustices, de pointer les travers de la nature humaine, transparait évidemment dans ses trois contes. Ils sont les vecteurs de réflexions profondes, d'interrogations sur les règles sociétales et toutes les petites hypocrisies qu'elles charrient.

Les héros de ses histoires ont un destin improbable, vivent des aventures incroyables, se retrouvent dans des situations extrêmes, voyagent, et sont confrontés à tout un éventail de facettes humaines…

Voltaire a un style littéraire vraiment très plaisant, accessible tout en étant raffiné, léger et plein de gaieté. Il maitrise d'ailleurs à la perfection l'art de présenter des situations tout à fait tragiques de manière à faire sourire (rire) le lecteur !

Les oeuvres classiques ont peut-être une image un peu terne, de complexité et de lourdeur, mais dans le cas présent et dans beaucoup d'autres, je dois dire que la richesse du vocabulaire et les tournures travaillées des phrases et expressions sont une véritable nourriture intellectuelle.

A consommer sans modération !
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Je fais partie d'un club d'astronomie, et je me suis engagée à faire au cours de l'année, une intervention sur les extraterrestres dans la littérature. C'est donc dans ce cadre que j'ai lu ce joli conte philosophique qui nous renvoie nous autres les humains à notre juste place : celle de créatures insignifiantes.
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Micromegas, un habitant de Sirius, se met en tête de visiter l'univers. Il rencontre un habitant de Saturne, plus petit que lui et dont la longévité est moins élevée.
Tous deux s'amusent de leurs différences avant de poursuivre ensemble leur voyage.
Ils finissent par arriver sur la Terre. le Saturnien conclut d'abord que la planète n'est pas habitée car elle est trop petite et peu accueillante.
En brisant un collier, les voyageurs s'aperçoivent que les morceaux de diamants agrandissent les détails... Ils parviennent alors à distinguer une créature minuscule: une baleine. Ils déduisent qu'il ne peut y avoir d'âme dans un être aussi petit.
L'échange avec les hommes est particulièrement savoureux.
Le voyage continue et le Sirien et le Saturnien sont sans cesse confrontés au relativisme.
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Voilà un conte philosophique à la fois original et drôle qui donne à réfléchir sur l'être humain.
À l'instar de Montesquieu qui, dans ses Lettres Persanes, a choisi de faire appel à des personnages tels que Rica et Usbek afin de pouvoir avoir un regard critique sur la cour et la société française en général, par le biais du regard d'un étranger, ici, Voltaire décide de mettre en scène deux géants, venus de Sirius et de Saturne, qui visitent la Terre et qui débattent de la religion, de la société et de la morale, entre autres, de ces étranges petites créatures qui s'agitent en tout sens que l'on nomme, les Terriens.
J'ai adoré ce conte philosophique que je vous recommande si vous avez besoin d'être éclairé sur l'esprit des lumières.
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Dans Micromégas, on voit un géant et un nain (par rapport au géant, car ce nain mesure tout de même deux kilomètres de haut  !), venus de deux lointaines planètes, arriver sur la Terre, dont les habitants sont à leurs yeux des créatures microscopiques… Microscopiques, mais pourtant fort imbues d'elles-mêmes, et ridicules souvent dans leur assurance de détenir la Vérité…
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