Ah ! ce pantalon tant désiré, tant ambitionné, ce pantalon dont George Sand était si fière, ce pantalon qui défendit à Marlène Dietrich l'accès du Ritz et conduisit Greta Garbo au violon, ce pantalon (déjà si disgracieux sur un homme) auquel les femmes ont fini par accéder de triomphe en triomphe, emportant même pour finir les honneurs de la braguette ! Quelle pantalonnade ! (p. 109)
Tiens, pour finir, j’aimerais vous présenter un autre aristocrate de mes amis.
Pendant quatre cents ans, ses ancêtres métayers ont cultivé les mêmes champs. Triple aristocratie de la terre, de la continuité dans le temps et de la pauvreté.
Sa famille a chouané : aristocratie de la fidélité.
Il a exercé le métier d’ébéniste : vous devriez voir le mobilier qu’il s’est fabriqué de ses mains ! Aristocratie de l’artisanat.
Il est devenu soldat, chuteur opérationnel, officier. Il s’est battu. Aristocratie de l’effort sur soi, du service de l’Etat, du sacrifice suprême lucidement accepté.
Il est colonel : aristocratie du commandement.
Il a surtout œuvré dans l’ombre : aristocratie du secret.
Vous voyez bien qu’on peut être aristocrate de plus d’une manière.
Nous sommes mal placés à notre époque pour dresser un bilan de la société aristocratique qui fut celle de nos aïeux. Eux idéalisaient le devoir, nous quémandons des droits. Eux croyaient en Dieu et en l'homme ; nous, aux institutions. Ils idolâtraient la conscience professionnelle et la parole donnée ; nous faisons confiance à des contrats. Ils pratiquaient l'injustice en rabaissant les masses ; nous, en rabaissant les élites. (p. 131)
L’aristocratie est une philosophie. C’est la philosophie de la différence. Comme telle, c’est la philosophie de la vie, car sans différence, il n’y a pas de vie.
C’est aussi la philosophie de l’inégalité, car l’égalité n’est que le masque démagogique de l’indifférenciation. Qui aime profondément la différence ne peut pas aimer l’égalité.
Nous vivons une époque entropique où tout tend vers le gris, le plat, le mou, l'informe. (p. 139)
À l'occasion de la parution du premier tome des "Aventuriers de l'étrange", Bertrand Puard revient pour Hachette.fr sur cette toute nouvelle création de la Bibliothèque Verte. Une série notamment inspirée par les livres de cette mythique collection, d'Agathe Christie à Alfred Hitchcock en passant par Vladimir Volkoff, et dont le doublement primé à Cognac fut lui-même lecteur.