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Mayalen Goust (Autre)
EAN : 9782211336727
224 pages
L'Ecole des loisirs (20/03/2024)
4.35/5   66 notes
Résumé :
Depuis des jours, les écuelles sont vides, tout comme les estomacs. Dans leur maison au fond des bois, le père et la mère désespèrent de nourrir leur chère progéniture. Sept bouches voraces. Sept enfants espiègles qui ont déjà bien grandi. Sauf Tipou. Difficile de trouver sa place, quand on en prend si peu… Du haut de ses treize ans, Tipou rêve d’aventure. Cela tombe bien : la forêt noire et profonde cache d’inquiétants mystères. Qui sème ces feuilles et baies... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à L'école des Loisirs de m'avoir permis de découvrir ce roman !
La plume virevoltante de Flore Vesco est toujours à l'origine d'histoires riches à tous points de vue et "De délicieux enfants" ne fait pas exception à la règle.
Comme dans "D'or et d'oreillers", elle joue dès le prologue sur les attentes du lecteur et bouscule les clichés.

Et nous voilà embarqué dans une réécriture du "Petit Poucet". Encore que réécriture soit un terme bien faible pour qualifier la virtuosité avec laquelle Flore Vesco s'empare des thématiques initiales du conte (famille affamée, nombreuse fratrie, forêt inquiétante, enfants abandonnés...) pour y insuffler un message sur la puissance des femmes en usant d'un vocabulaire extraordinaire.

Une famille vivant isolée dans la forêt peine à traverser l'hiver faute de nourriture. Mais l'amour qui lie ses membres empêche d'envisager les extrémités auxquelles cèdent les parents du conte original. Tous les géniteurs n'ayant pas la même grandeur d'âme, voilà que sept garçons abandonnés frappent à la porte de la chaumière. Comment ne pas les accueillir ? Et dans le même temps comment les nourrir alors que les sept enfants de la famille n'ont rien dans le ventre non plus ?

L'arrivée de ces garçons fait entrer la société et ses jugements dans le foyer, et remet en cause l'organisation familiale et les valeurs transmises. Elle agit aussi comme un venin, rompant la belle unité qui liait la famille.
Chaque personnage (ou groupe de personnages) à la possibilité de s'exprimer en s'emparant de la narration des certains chapitres. Ce procédé a pour mérite de valoriser l'amour parental et la difficulté pour le père de voir grandir et changer ses enfants. Des passages que j'ai trouvé très touchants.
Et le lecteur de se rendre compte que le méchant n'est pas toujours celui que l'on croit. Les stéréotypes en prennent pour leur grade !

Sans trop en dire pour ne pas divulgâcher, j'ai adoré ce jeu sur l'identité et toutes les nuances et les variations de vocabulaire qu'il implique. le champ lexical de la chair, l'omniprésence de la couleur rouge (la couverture est magnifique et très bien vue à ce niveau-là) et quelques autres indices installent le lecteur dans une atmosphère étrange et l'invitent à être à l'affut de tout nouvel élément. C'est à la fois subtil et incontournable. Quel talent !

La vision de la famille est tout en nuances, entre volonté d'émancipation, douceur et poids du rôle attiré. J'ai particulièrement aimé les personnages de Tipou et de son père, leur énergie et leur amour l'un pour l'autre.
Je ne saurais que trop recommander ce roman riche et enlevé à tous les amoureux des contes et de la langue. Une nouvelle fois, Flore Vesco invite ses lecteurs à remettre en cause leurs préjugés et modernise une histoire connue de tous, tout en respectant fondamentalement son esprit. Une lecture très stimulante !
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Après la revisite de la Princesse au petit pois, Flore Vesco nous entraîne cette fois-ci au pays du Petit Poucet. Que se passe-t-il lorsque les 7 frères perdus rencontrent les 7 soeurs recluses de l'ogre ? Leurs nombreux points communs vont-il les réunir ? Ou leurs différences vont-elles se confronter et faire exploser les groupes et duos ?

J'avais beaucoup aimé D'or et d'oreillers et je suis ravie que Flore Vesco s'attaque à présent au Petit Poucet et ses frères, et surtout aux ogresses, qui sont au centre de son conte. Car à chaque personnage abandonné correspond une personne aimée et chérie... Flore Vesco nous rappelle qu'il faut se méfier des apparences, que la beauté extérieure n'a de sens que dans un cadre socio-normé et que les sentiments ont plus de valeur que les ambitions.
En nous immisçant dans la tanière de l'ogre et de l'ogresse, l'autrice met en exergue les liens qui unissent les êtres, entre fraternité, entre sororité, entre parents et enfants... bref, en famille. le père m'a beaucoup touchée, surtout dans ses angoisses de dépossession vis à vis de ses enfants. Il est beaucoup question de parentalité, d'entraide, de féminité, de survie et de famine. Car tous les personnages ont tellement faim, tout le temps, au propre comme au figuré. Faim de nourriture avant tout, évidemment, mais aussi faim d'émancipation, d'amour, de rédemption, de résilience...

La narration est absolument parfaite : les personnages racontent les événements de façon chronologique, chacun leur tour (Le père, la mère, les six enfants, Tipou...), nous donnant ainsi une version très personnelle et subjective de leur réalité. Les courts chapitres s'enchaînent à un rythme haletant. Même si les premières pages m'ont paru un peu lente, l'intrigue se met en place doucement, et tout s'accélère au fils des coups de théâtre (qui m'ont parfois bluffée !). L'ambiance est sombre, réaliste avec juste ce qu'il faut d'enchantement et de désenchantement, portée par la belle plume de Flore Vesco. L'autrice fait à nouveau preuve d'une maîtrise de la langue hors du commun. le style est fluide, travaillé, moyenâgeux, en totale harmonie avec l'époque et les personnages.

J'ai adoré dévorer ce conte revisité avec l'intelligence, l'acuité et toute l'élégance des mots dont est capable Flore Vesco !
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Flore Vesco a une nouvelle fois su m'envoûter avec de délicieux enfants, un ouvrage qui mêle habilement plusieurs contes, pour aboutir à une histoire fantasque et fantastique, un ouvrage sombre et fascinant, effrayant parfois, dans laquelle les femmes sont à l'honneur.

Des parents inquiets dans leur maison au milieu de la forêt. L'hiver est rude, et ils s'inquiètent pour leur progéniture : sept enfant qui grandissent. Trois paires d'enfants robustes, et le dernier, Tipou, différent, plus maigre, plus curieux aussi. Un décor bien inquiétant : une forêt peuplée de loups et de monstres. Au milieu, l'amour qui lie cette famille.

Et soudain, une rencontre inattendue : sept garçons abandonnés par leurs parents. Que faire ?

***

L'inconnu, à la fois attirant et inquiétant. Cette forêt sombre, interdite, qui attire Tipou.

Le rouge, celui de la couverture, si attirant. le rouge du sang, symbole de mort, mais aussi de vie. Symbole de puissance.

Le jugement de personnes « bien-pensantes » qui remet en cause le naturel et la fraîcheur. Une vision archaïque de la société et des femmes, un poison qui corrompt la belle harmonie qui régnait jusqu'alors.

Avec de délicieux enfants, Flore Vesco frappe fort. Elle nous perd, nous emmène là où on ne s'y attend pas. Elle joue avec nos attendus, nos souvenirs des contes, pour développer une histoire féministe, qui dénonce les stéréotypes et les préjugés.

Sa plume est toujours aussi agréable à lire : légère même dans les moments les plus sombres, virevoltante, juste. Les très nombreux points de vue, qui donnent la parole à toute la famille - un enchevêtrement de voix qui se superposent - tissent un scénario surprenant, dans lequel je me suis laissée porter. Dans lequel je me suis laissée perdre, pour mieux savourer cette histoire originale et moderne dans le propos.

Un titre à découvrir !

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Que se passe-t-il quand les sept filles adolescentes de l'ogre rencontrent les sept garçons adolescents du bûcheron du conte du Petit Poucet ?

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Flore Vesco est devenue en peu de temps une autrice importante du paysage de la littérature pour la jeunesse française en quelques romans, tout d'abord chez Didier Jeunesse, de cape et de mots en 2015, Louis Pasteur contre les loups-garous en 2016, Gustave Eiffel et les âmes de fer en 2018 puis à l'Ecole des loisirs, L'Estrange Malaventure de Mirella en 2019, D'Or et d'oreillers en 2021 et enfin de délicieux enfants en 2024.

Flore Vesco est née en 1981. Après avoir enseigné le français en collège, elle publie son premier roman qui connaît immédiatement un grand succès. A partir de L'Estrange Malaventure de Mirella, elle revisite les contes, tout d'abord le Joueur de flûte de Hamelin des frères Grimm en y insérant des mots de la langue médiévale puis avec D'or et d'oreillers, La Princesse au petit pois de Hans-Christian Andersen mais aussi la Barbe-Bleue de Charles Perrault.

Flore Vesco a obtenu pour L'Estrange Malaventure de Mirella, le prix Vendredi 2019, le prix Sorcières 2020 dans la catégorie Carrément passionnant maxi et le prix Imaginales 2020 dans la catégorie Jeunesse. Elle a obtenu pour D'or et d'oreillers le prix Sorcières 2022 dans la catégorie Carrément passionnant maxi et a figuré dans la Honour List 2022 de l'International Board on Books for Young people, l'union internationale des livres de jeunesse. Elle a enfin été sélectionnée en 2024 pour le prix Astrid-Lindgren.

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Flore Vesco invente une variation sur le Petit Poucet avec aussi de multiples références au Petit chaperon rouge et à Hansel et Gretel. Elle imagine une toute autre histoire à la rencontre du Petit Poucet et ses six frères avec les sept filles de l'ogre. Elle joue sur la narration avec un roman choral donnant la parole dans de courts chapitres successivement à l'ogre, à la femme de l'ogre, aux six filles aînées et à la petite dernière, reflet féminin du Petit Poucet.

Il y a donc d'un côté Samuelle et Sophie, dix-sept ans, Andrée et Geneviève, quinze ans, Nicolette et Josine, quatorze ans et Pucelle, treize ans et de l'autre Guillaume, Guibert, Guichard, Guérin, Guillerand, Guimond et le Petit Poucet, accordés en âge aux ogrionnes.

Tous les héros ont atrocement faim, en permanence et Flore Vesco joue sur tout le champ lexical de cette faim. Il n'y a rien à manger, il n'y a rien à goûter, tout réveille alors les envies de dévoration, une pulsion inextinguible de bout en bout. Aussi est-il question de chair et de sang. le sang est omniprésent avec la couleur rouge obsédante, son odeur métallique, les taches, les giclées, les filets… C'est le sang de la viande que l'on ingère mais aussi le sang des jeunes filles qui deviennent femmes. Flore Vesco développe alors un message féministe, du sang menstruel aux jeunes ogrionnes qui assouvissent leurs désirs et sont appelées à dévorer les hommes qui se mettent sur leur route.

Flore Vesco développe donc, sous la forme d'un exercice de style, un roman à thèse sur le patriarcat - l'ogre possessif et dévoreur d'enfants, les frères du Petit Poucet bien décidés à dompter les ogrionnes -, la libération des femmes mais aussi un message politique avec cette famille ostracisée en raison de sa monstruosité. L'héroïne, c'est bien Tipou et son émancipation. le Petit Poucet disparaît et avec lui, une certaine lecture du conte dans laquelle le plus petit sauve sa famille.
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« de délicieux enfants » de Flore Vesco est un roman jeunesse qui mêle habilement le conte, le mystère et l'aventure. L'histoire se déroule dans une famille nombreuse où les parents ont du mal à nourrir leurs sept enfants, à l'exception de Tipou, le plus jeune et le plus petit. Ce personnage principal, en quête d'aventure et de reconnaissance, se lance dans une exploration de la forêt sombre et mystérieuse qui entoure sa maison.

J'ai passé un très bon moment, le récit est rythmé par des rebondissements et des découvertes surprenantes tout au long de l'aventure de Tipou. Les éléments fantastiques et surnaturels qui parsèment le chemin du protagoniste ajoutent une dimension mystérieuse et envoûtante à l'histoire. L'auteure parvient à créer une atmosphère sombre et intrigante qui m'a poussé à tourner les pages pour en savoir plus.

Les personnages sont attachants et bien développés, notamment Tipou, dont l'évolution au fil de l'histoire est intéressante à suivre. Les relations familiales sont également au coeur du roman, avec des liens complexes entre les membres de la fratrie et des parents dépassés par les événements.

Le style d'écriture de Flore Vesco est fluide et poétique, avec des descriptions riches et évocatrices qui te plongent dans l'univers envoûtant de la forêt. L'autrice joue avec les codes du conte traditionnel pour créer une atmosphère à la fois familière et pleine de surprises.

« de délicieux enfants » est un roman qui mêle avec brio aventure, mystère et fantastique. Les personnages attachants, l'intrigue bien ficelée et l'écriture envoûtante en font un livre à dévorer sans modération, aussi bien pour les jeunes lecteurs que pour les adultes en quête d'évasion et de magie.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
18 avril 2024
C’est un roman délicieux, qui se savoure, qui pétille sous la langue et qui surprend à chaque page. C’est un roman sur la faim, la vraie, sur la pauvreté la plus grande, celle où l’on en vient à perdre son humanité.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Qui serait aussi méchant ? La fatigue nous fait perdre la tête. Nous ne voulons plus penser à tout cela. Dormons. Oublions. Ce soir de mauvais rêves viendront.
Sommes-nous bien bêtes ? Ou sommes-nous des bêtes ?
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Les femmes ont un héritage de souffrances qui, à lui seul, justifierait qu'elles se mettent toutes à engloutir ceux qui les brident.
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Je n’aurais jamais dû faire sauter la serrure de ce coffret. J’ai ouvert une porte vers l’extérieur. Désormais les enfants ont les yeux songeurs, leurs pensées vagabondent vers les mondes inconnus au-delà de nos palissades, où pousse une végétation mystérieuse, où courent des créatures jamais vues.
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Nous n’avons pas peur. Nous venons de manger du loup.
Il y a en nous une bête sauvage. Comme elle, nous avons les dents
acérées, les griffes prêtes à déchirer. Ah! qu’on essaye de jouer
avec nous au plus faim… ce soir, nous sommes invincibles.
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Les gamins sont cruels, surtout quand ils sentent qu'un des leurs est différent.
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