Dans le cadre du mois belge je pensais depuis quelques temps à faire un sujet sur
James Ensor, un peintre de la fin du XIX° siècle assez peu connu en France, mais dont j'aime bien l'univers macabre et humoristique, les toiles émaillées de détails incongrus ( le peintre n'hésite pas à se représenter coiffé d'un chapeau à fleurs un peu ridicule, ou en squelette) et de coups de couteaux envers la bourgeoisie de son époque.
Or en cherchant des sources sur la toile, voilà que je tombe sur un e-book libre de droit, sur un peintre que j'apprécie et par un auteur que je comptais justement découvrir.
ce qui est une bonne chose car je suis à peu près sure que cet ouvrage est introuvable de nos jours ou à un prix effroyable.
Verhaeren nous parle donc de son compatriote et ami, l'ostendais
James Ensor, qui comme son nom l'indique est d'ascendance anglaise. En fait, dans une première partie, c'est un portrait d'Ostende à la fin du XIX° siècle qu'il nous dresse, ville maritime cosmopolite où l'on croise beaucoup d'étrangers et notamment d'anglais en villégiature, venus prendre les bains ou qui s'y sont établis depuis plus où moins longtemps.
J'ai déjà lu des biographies de peintres, mais là, on a affaire avant tout à un vrai auteur, qui plus est poète de la veine symboliste, donc au delà de la biographie, c'est bien, très bien écrit et agréable à lire:
"La foule et ses remous passe donc à toute heure du jour devant les fenêtres du peintre: foule élégante ou hautaine, foule grotesque ou brutale, cortèges de la mi-carême, processions de la fête-Dieu, fanfares retentissantes des villages, sociétés chorales des villes voisines, cris, tumultes, vacarmes.
Et ces flux et ces reflux de gestes et de pas aboutissent tous là-bas, à cette féerie de verre et d'émail qu'est le Kursaal d'Ostende"
Une qualité d'écriture qui manque souvent aux biographies qui se contentent d'aligner des faits et font que ce genre m'ennuie en général à mourir.
Et Verhaeren d'évoquer le rejet dont le peintre a été l'objet à son époque, déjà incompréhensible pour lui. J'avoue que j'ai du mal à comprendre également, d'autant qu'il ne rapporte pas vraiment les critiques qui lui ont été faites exactement. c'est un peu là le problème de ce texte: écrit du vivant du peintre, il n'englobe donc pas l'intégralité de sa carrière, y compris la période ou
Ensor s'est retiré de la vie publique et a cessé son activité, et sacrifie assez régulièrement la précision à la subjectivité.
Pour en savoir plus sur le peintre lui même et ses oeuvres, mieux vaut se pencher sur une biographie plus exhaustive et contemporaine.. qui du coup n'aura pas la même qualité d'écriture, mais sera plus précise. En revanche, c'est un témoignage très intéressant d'un auteur belge, sur la vie et l'activité artistique en Belgique au début du XX° siècle
Néanmoins le texte de Verhaeren a aussi l'intérêt de mettre en avant les dessins, gravures et eaux- fortes du peintre, oeuvres moins connues que sa peinture, et d'être illustré de reproductions - en noir et blanc évidemment, puisqu'il a été publié en 1908.
Il serait donc dommage de se contenter de cette seule évocation partielle qui finit abruptement sur la reconnaissance du peintre, et passe sous silence le reste de sa vie:
Ensor est mort en 1949, après avoir abandonné complètement la peinture au début du XX° siècle, lorsqu'il est entré en grâce dans la bonne société qu'il a pourtant ridiculisée en long et en large.. sacré personnage!
pour une critique plus complète illustrée des tableaux du peintre, cliquer sur le lien ci-dessous
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