À table, on se réconcilie comme les époux sur l'oreiller.
Personne ne peut vous rendre la joie qu'on ne vous a pas donnée.
Le surnom raviva chez le commissaire un souvenir aussi fort qu’un réflexe conditionné, tout comme la vision de la Vespa quelques heures auparavant. Guglielmo Boselli, dit Elmo, un des leaders du Mouvement Étudiant et du 68 parmesan. Un chef de meute, un type qui enflammait les foules pendant les assemblées, dans les cortèges de tête et lors des affrontements avec les flics, ou les fascistes - qui, à l’époque, étaient considérés comme du pareil au même. (p. 21-22)
- La surconsommation sème la confusion et rend tout identique, enchérit Soneri. Comme nous, dans notre enquête : on ne sait pas par où commencer. (p. 101)
Ce ne sont pas les gènes qui comptent, mais tout ce qu'on vit ensemble, les liens qu'on se construit.
— Vous voulez savoir quoi ?
— Tout ce qui pourrait me servir à comprendre, répondit simplement le commissaire. Vous vous expliquez ce qui s’est passé ?
— On ne s’explique rien du tout, répondit Gotti.
— Comptes à régler ? Fascistes ? Rivalités ? insista Soneri machinalement en remâchant les mêmes hypothèses.
- Elles le sont toutes [des enquêtes de merde], susurra-t-elle. C’est le contact avec la mort qui nous fait mal.
- Laisse tomber…, murmura Soneri en secouant obstinément la tête. Les morts ne sont pas toutes égales. Buter un délinquant, ce n’est pas comme égorger une vieille ou étrangler sa femme. Quoi qu’on en pense, Boselli était un symbole…
- Alors le problème n’est pas tant la mort des autres, mais la part de nous-même qui meurt avec eux, nota Angela. Aujourd’hui tu t’es rendu compte que le reflet qu’Elmo te renvoyait s’est envolé. C’est ça qui te fait mal. (p. 47)
"On se prenait pour l'avant garde, on croyait qu'on allait guider le mouvement ouvrier....mais le parti communiste nous a fermé la porte au nez, et on s'est retrouvés isolés. A partir de là, la majorité s'est vendue au plus offrant. On est passés des projets collectifs aux projets individuels, et la consommation a remplacé les idéaux. Les années 80 ont tout balayé."
- Il vous manque la capacité de rêver, lâcha le commissaire. Supprimer l'espoir, c'est comme empêcher de respirer. (p. 72)
Les dépressifs aiment le spectacle de la pluie. Le commissaire Soneri ne savait plus où il l'avait lu et fut rassuré de constater que lui ne l'était pas du tout. D'une sale humeur, peut-être, mais dépressif, certainement pas. Toute cette pluie s'agitant dans un vent capricieux, les rues réduites à des torrents, les façades sombres et trempées, les chauffeurs impuissants dans les embouteillages se défoulant à coups de klaxon l'avaient tellement foutu en rogne qu'il avait décidé de prendre des dispositions. Tout d'abord, éviter les réunions du questeur, ensuite, et de manière générale, rester à distance. Enfin, se trouver un peu de distraction. (p. 9)