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Citations sur Les nouvelles formes d'addiction : L'amour, le sexe, .. (55)

... c'est avec des jeux de stratégie et de simulation que l'engloutissement passionnel dans un univers parallèle peut se révéler le plus problématique. D'une certaine façon, ces jeux devraient être considérés comme un point d'orgue du romanesque, puisque le sentiment d'identification au héros et la force d'attraction de ce monde fictif sont tels que celui-ci aura pour le joueur autant d'importance que la réalité, pendant une période plus ou moins longue. Mourir, tuer, aimer,mais dans un autre monde, où rien n'est absolument irréversible.
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Dostoïevski jouait-il pour perdre et se punir ainsi de la mort de son père, assassiné par ses serviteurs ? Lui qui avait consciemment désiré la mort de ce père tyrannique devait expier. C'est ce que pense Freud, qui précise : Quand le sentiment de culpabilité de Dostoïevski était satisfait par les punitions qu'il s'était infligées à lui-même, alors son inhibition au travail était levée et il s'autorisait à faire quelques pas sur la voie du succès.
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C'est [...] l'impossibilité de s'arrêter spontanément qui va définir l'addiction : l'instauration d'une dépendance au jeu, sous toutes ses formes, marque la fin du jeu.


Les approches cognitives [...] ont mis en évidence des erreurs logiques, des « distorsions cognitives » chez les joueurs pathologiques. Le joueur deviendrait dépendant de convictions, ce croyances erronées. Dans un domaine soumis au hasard, les croyances de la plupart des gens ne sont guère conformes aux théories mathématiques, mais les joueurs pathologiques se révèlent plus illogiques encore que la moyenne. Il est par exemple très facile de comparer les gains espérés aux chances mathématiquement prévisibles : toutefois, régulièrement, les joueurs pathologiques surestiment leurs chances de gains (ce qu faisait dire à Edmund Bergler que les joueurs souffrent d'un « optimisme pathologique »).
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Il existe un lien très particulier entre jeu et réalité sociale, un lien d'exclusion réciproque, en fait, le jeu s'opposant à la réalité sociale comme le sacré s'oppose au profane. Toujours selon Caillois, si le jeu sort de son cadre, s'il déborde dans la réalité, il produit des formes dérivées que l'auteur nomme des « corruptions » du jeu et qui, vues sous l'angle médical ou psychologique, peuvent donner lieu à des pathologies, voire à des addictions. En ce sens, on peut se demander si l'ivresse, le vertige recherchés dans la prise de toxiques ou d'alcool (formes paradigmatiques d'addiction) ne relèvent pas d'une corruption de l'ilinx. Ou si les dépendances aux jeux vidéo ne sont pas en rapport avec une corruption de la mimicry, qui induirait une confusion entre le personnage mimé et la personne réelle, plus que d'une corruption de l'âgon, répandue dans la société à travers toutes les formes de compétitions inutiles (toutefois, l'excès de compétitivité se retrouve dans la genèse de certaines dépendances aux jeux de stratégie qui impliquent des classements.)
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Caillois propose par ailleurs une classification des jeux aujourd'hui bien connue et utilisée dans tous les domaines amenés à travailler sur ce question (sociologie, économie, psychologie, etc.) :
L'agôn (terme grec qui signifie lutte, combat) est le champ des jeux de compétition.
La mimicry (terme anglais qui désigne le mime, le déguisement, le théâtre, etc.), celui des jeux de rôle, d'imitation.
L'ilinx (terme grec qui désigne le tourbillon), regroupe les jeux de vertige, de sensation pure.
L'alea (ce terme latin fut le « hasard » des Romains) est le champ des jeux de hasard dont dépendent les jeux d'argent.
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Le craving est lié de façon complexe aux phénomènes de mémorisation. Cela explique aussi pourquoi, après une longue phase d'abstinence, le fait de reprendre un peu de drogue ou de revivre une séquence addictive a un effet extrêmement violent et est une cause de rechute immédiate. Un exemple intéressant de ce phénomène est celui de l'ingestion accidentelle de microdoses d'alcool chez d'anciens alcooliques devenus abstinents (dits « abstinents secondaires »). Le fait de manger une pâtisserie contenant du rhum, par exemple, peut, à l'insu du sujet, déclencher une irrésistible impulsion à reboire.
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La position de Freud lui-même sur la masturbation fut cependant ambiguë : il y voyait nombre de dangers potentiels, notamment celui de constituer le maintien de la condition infantile, de produire un court-circuit entre le désir et la satisfaction qui pourrait rendre le passage par la réalité moins attractif. Ce sont à peu près les mêmes craintes qui, aujourd'hui, sont parfois adressées aux jeux vidéo, à Internet, aux mondes virtuels et, de façon générale, aux drogues de toute sorte, en ce qu'elles constituent des « paradis artificiels ».
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Susan Peabody, soucieuse d'aider les femmes à échapper aux pièges du romanesque, les met en garde contre l'influence des chansons populaires, qui tendent à magnifier les sentiments extrêmes et dramatiques, les relations passionnelles et fatales. En imprégnant continûment la vie quotidienne, la chanson jouerait un rôle plus important auprès des adultes que les contes de fées auprès des enfants. Mais on peut noter que la plupart des supports culturels vont dans le même sens, des feuilletons télévisés à la littérature en passant par le cinéma, qui reste une mine inépuisable de mélodrames, principal ressort des productions hollywoodiennes et du cinéma indien, les plus regardés de la planète.
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... Mais cette origine « traumatique » des addictions ne doit pas faire oublier la part processuelle, morbide, voire physiologique, de la dépendance : penser que la révélation d'un traumatisme ou de difficultés rencontrées qu cours de l'enfance constitue l'explication ultime et le traitement, l'alpha et l'oméga de la clinique des addictions, serait une erreur. L'impact de ces vécus traumatiques risquerait de devenir « panexplicatif » et de servir d'excuse à toutes les formes de déviance. Il existe une intrication des facettes de l'addiction, et les tentants des traitements de conversion en arrivent à ce postulat paradoxal : l'addiction est une maladie qui a ses sources dans l'histoire infantile du sujet, mais elle ne peut se résoudre par une « simple » analyse. [...] Selon [Robin Norwood] il s'agit [...] de recréer un univers sur d'autres bases, de trouver d'autres repères existentiels ; travailler sur la dimension spirituelle devient alors central.

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Dans les entretiens, les joueurs pathologiques rapportent généralement des événements moins massifs, qui ont eu lieu durant l'adolescence et qui, souvent, touchent à l'autorité paternelle et à l'intégration de la loi : on peut considérer que Dostoïevski a vécu de façon traumatique l'assassinat de son père, dont il avait, qui plus est, consciemment souhaité la mort.
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