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Citations sur Blood Orange (Mon premier meurtre) (17)

Mon attention se reporte sur le téléphone. La femme à l'écran – cette autre moi à l'écran – est manifestement partie pour la nuit. Elle titube vers le canapé, s'y laisse retomber lourdement pour chanter Prince. Ensuite, c'est le grand final, la chanson des Smith que j'étais certaine d'avoir magnifiquement réussie. Le spectacle n'a rien de divin, au contraire. Je serre le portable dans mes mains glacées, tremblantes. Le sang me monte au visage, des convulsions de honte me vrillent le ventre.
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[ une avocate ]
Je ne suis pas là pour sentir l'odeur de la mort, je suis là pour réduire ce désordre à ses composantes, le classer dans un alinéa d'article de loi ou le ranger dans une jurisprudence.
(p. 142)
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« Tu es là, tu te fais prendre en photo devant le Parthénon, tu tiens ton chéri par la main, et l'instant d'après tu le poignardes à mort avec un couteau de cuisine. Franchement, quand tu y réfléchis, ça pourrait arriver à n'importe laquelle d'entre nous. »
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La pelure de l'orange, la peau blanche, la chair saignante, rouge ; une vraie palette de coucher de soleil.
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Devrais-je prendre ça comme le signe qu'il est temps de rentrer ? Sans doute. Mais pas question de laisser Patrick seul, avec toutes ces jeunes femmes en manque désireuses de se faire remarquer par l'un des conseils juridiques les plus éminents de la ville. Je racle le plus gros de la merde sur une portion de mur propre et me dirige d'un pas sûr vers le Swish, en adressant un sourire au videur. Si je me lave les mains suffisamment longtemps, je réussirai à effacer la puanteur. Personne n'en saura jamais rien.
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Il me repousse et tourne au coin de la rue. Je titube sur mes hauts talons, je m'appuie contre le mur pour me maintenir debout. Au lieu de la texture rugueuse du ciment et de la brique, je sens une substance poisseuse sous la paume de ma main. Je la renifle et j'en ai un haut-le-cœur. De la merde. Un petit malin a étalé de la merde sur le mur. L'odeur me dessoûle plus encore que tout ce que Patrick vient de me balancer.
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Je souris et fais oui de la tête. Bien sûr que je devrais. Une semaine sur la côte, par exemple. Sur le moment, je m’imagine bondissant dans les vagues comme sur ces joyeux portraits de famille qu’on trouve placardés dans certaines maisons de vacances. Après j’irais manger une assiette de fish and chips sur la plage, emmitouflée dans mon manteau pour me protéger du vent froid d’octobre, avant d’allumer un feu dans le poêle à bois de ma maison de location parfaitement aménagée. Et puis je me rappelle tous les dossiers qui m’attendent, entassés sur mon bureau. Le fantasme s’évanouit. Ce n’est vraiment pas le moment de prendre des congés.

Robert remplit à nouveau mon verre de vin. Je le bois presque d’une traite. Le flot de la conversation s’écoule tout autour de moi, les mauvaises blagues et les rires s’enchaînent, Robert qui parle fort à Sankar, à Patrick, avant de revenir vers moi. Encore du vin. Encore un verre. D’autres avocats nous rejoignent, tendent un paquet de cigarettes autour de la table. Nous sortons fumer une clope, puis une autre, non, non, je vais en acheter, je te pique tout le temps les tiennes, ensuite chercher de la monnaie, monter l’escalier en titubant pour m’acheter un paquet au bar, ah… pas de Marlboro Light, uniquement des Camel, mais pour ce soir rien à foutre, oui allez, on reprend un peu de vin, encore un verre, puis un autre, et ensuite quelques shots d’un liquide épais et noir. La pièce, les conversations, les plaisanteries qui tourbillonnent de plus en plus vite autour de moi.
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Si elle se ratatine encore, elle va disparaître.
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On considère qu’il y a meurtre quand une personne saine d’esprit et capable de discernement tue volontairement un autre être humain. En d’autres termes, si vous n’êtes pas malade mentale, si vous n’avez pas agi par légitime défense ou suite à une forme ou une autre de perte de contrôle, vous devenez coupable… (il observe un temps de silence) de meurtre.
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- Le mariage, ce n'est pas que le sexe, Alison. C'est tout un édifice. Nous sommes partenaires dans cette aventure, Alison, et nous effectuons le chemin ensemble pour créer la meilleure vie possible à notre fille. (p. 214).
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