Il l'aimait, pourtant ; mais entre eux, le vide avait pris la place de la complicité.
Son grand-père lui avait enseigné que l'arbre qui sent arriver la fin produit plus de fruits au dernier état de sa vie, dans un effort extrême pour faire avancer l'espèce : elle était prête elle aussi à se donner toute entière à ses jeunes gens avant de disparaître [...]
[Di Leonardo]
Nous endormons nos morts et les berçont au moment du trépas. La mort n'est qu'un passage.
Nous ne nous connaissons jamais vraiment nous même, ni ceux qui sont à nos côtés. Nous pouvons nous définir de quantité de façons, mais à la fin ce sont nos choix face à un dilemme qui montrent qui nous sommes. Ou les secrets que nous dissimulons.
Elle avait été son nord et son sud, l'étoile qui illuminait l'est chaque matin et qui accueillait le mystère de la nuit à l'ouest. À présent, elle était morte et c'était à la mort qu'il s'en remettait.
Tuer une femme qu’on prétend aimer.
Effacer de sa vie celle qui l’illumine, c’était une contradiction dans ses termes, et pourtant cela se produit tous les jours. On célébrait trop souvent cet amour qui se transforme en drame. C’étaient toujours les femmes qui mourraient.
Ce n’est pas de l’amour, c’est de la possession.
Un besoin de contrôle.
Il ne se souvenait pas de qui avait prononcé cette phrase qui ces derniers temps ne le quittait pas : "Il y a mère chaque fois que la vie sans défense trouve un accueil."
La cellule sociale élémentaire, c'est le duo mère-enfant, c'est le noeud où la première communauté humaine a trouvé son origine, c'est la totalité de ce que nous sommes. Pas le couple homme-femme.
LA BAGUETTE D'HÉMATITE court sur la feuille. Elle dessine des arabesques qui prennent la forme de courbes connues et de vallons qui éclosent comme des lèvres. Elle trace des arrondis tendres et des lignes estompées. Un profil tout en finesse. De longs cheveux sombres. La blancheur de la peau est celle, lumineuse, du papier.
L'écarlate s'écoule, pénètre dans les replis des fibres, jusqu'à ne faire plus qu'un avec elles. Les doigts l'étalent d'une pression puissante, un élan de désespoir. Ils teintent et ils colorent. Ils veulent emprisonner l'image avant que la beauté ne s'évanouisse.
TERESA PENSE SOUVENT À LA MORT. Pourtant, jamais elle n'aurait imaginé que la sienne surviendrait ainsi ; le seul fait de ne pas réussir à se souvenir de ce qui pourrait la sauver ne manque pas d'ironie.
Un incendie sur le point d'éclater, des victimes qui attendent d'être secourues et elle, figée sur place. Son mental l'a abandonnée.
La confusion plonge le dernier acte de la tragédie dans le grotesque, et des yeux implorants, comme deux calices emplis de terreur, la regardent faire la seule et unique chose dont elle est capable en cet instant : rien. Elle qui a vécu toute sa vie en guerrière périra en moins-que-rien, après avoir lâchement baissé les bras.