J'avais fini par croire que
Lewis Trondheim ne savait écrire que des trucs un peu décalé, voire n'arrivait qu'à nous parler de lui-même et de ses états d'âme.
Il sait aussi écrire du polar. Cela débute comme un polar typique années 50, sauf que le détective est une femme. Cela enchaîne avec des magouilles de drogue dans une cité à Marseille. Et cela se boucle en règlement de comptes typiquement marseillais.
Je n'ai pas été transporté. Alors je fais service minimum.
Karmela Krimm... qu'est-ce que c'est que ce blase? Franchement. Une keuffe qui s'appelle Krimm... c'est supposé faire rire? Ramdam... pour rappeler le Ramadan... pas super inspiré non plus, à mon avis.
Le dessin n'est pas vraiment au niveau. Il y a de très belles cases (notamment les 2 dernières en plein page), mais très souvent les visages et les expressions sont assez brouillés. Cela m'a réellement posé un problème. On peut faire du polar noir au soleil... je suis un grand fan d'Izzo... Donc on pourrait développer quelque chose, mais le découpage et la mise en couleur ne permettent pas une immersion dans le polar noir.
Le scénario met un peu de temps à décoller. Puis on part dans les bagarres et l'enquête proprement dite. Les auteurs développent le mécanisme connu du duo: Karmela et Tadj. Elle, ancienne keuffe, décoincée et plutôt joviale, avec un humour à chaud. Lui, Comorien, garde du corps, musulman pratiquant, avec un humour à froid. Par contre on en apprend très peu sur Karmela ou Tadj. Leur passé, leur présent, peu importe ce n'est clairement pas le sujet du tome.
Par contre, le duo fonctionne pas mal. Les dialogues sont plutôt sympa. Toute la partie centrale de la BD est assez noire, un peu désespérée, sur l'air du "vie de cité, vie de m...". La fin m'a peu convaincu, trop optimiste, positive et "circulez y'a rien à voir, tout va bien ici". La BD hésite trop entre polar réellement noir et policier décalé façon Starsky et Hutch... Dommage.