Nue de jean-Philippe Toussaint est un hymne à la féminité, "il émanait d'elle quelque chose de lumineux, une grâce, une élégance, une évidence...”.
C'est une parabole magique sur les rapports amoureux entre un homme et une femme, entre
le conteur et Marie, une page illustration pour le livre
Fragments d'un discours amoureux de
Roland Barthes.
Marie styliste habille la femme, pose sur elle une parure, lui fait une enveloppe, pour la rendre plus belle, après la robe en gorgone et ses fruits de mer, elle présente la robe miel, où la parure se minimalise, la peau devient la robe talquée, rehaussée, pour devenir la Parure suprême de la femme, une femme
nue juste un peu laquée de miel comme un parfum.
Ce prologue à Tokyo, où la robe est présentée, installe Marie dans une recherche de perfection, où la haute couture avec ou sans couture, doit donner au corps de la femme sa splendeur.
Pages visuelles qui suscitent le toucher et la sensualité du lecteur. "elle, faisant tinter délicatement les coupes l'une contre l'autre, c'était deux épidermes hypersensibles que l'on mettait pour la première fois en contact, comme deux lèvres qui se rapprochent et s'effleurent".
Jean-Philippe Toussaint avance encore vers Marie, le séjour à l'île d'Elbe lui offre toutes les poses, les éclairages, les senteurs pour décrire Marie, habillée désinvolte,
nue ou à moitié
nue,
le conteur est fou de son modèle. "cette disposition océanique que j'avais repérée en elle, qui acérait sa sensibilité, l'exacerbait, faisait vibrer ses sentiments".
Tout est fragile en amour, le coeur se dévoilera, après une longue absence, les pas dans le cimetière réveillent le corps, l'odeur du chocolat mêlée à d'autres senteurs aqueuses prennent Marie à la gorge, elle est enceinte. Un autre femme émerge une femme amoureuse, pleine d'énergie et de désirs.
Cette scène est l'une des plus belles, si bien colorisée et si étrangement olfactive, que des sensations traînent dans votre propre corps, et quand elle vomit ses tripes c'est aussi son passé qui s'en va.
Un beau prix Fémina qui n'en fût pas, à quoi rêvent les jurys ?