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Citations sur Lettres, tome 2 : 1880-1910 (4)

Iasnaïa Poliana, fin janvier-début février 1873

Lettre à la comtesse A.A. Tolstaïa

(Tante qu'il aimait tendrement, attachée à la cour du tsar ; elle était son aînée de 8 ans. Elle vient de lui apprendre qu'elle lit Guerre et Paix, voici ce qu'il lui répond, alors qu'il engage l'écriture d'Anna Karénine)

(..) Vous me dites que vous lisez Guerre et Paix et cela me fait un très grand plaisir (à quoi bon le dissimuler), surtout en ce moment où j'ai presque commencé à écrire. Je donnerais cher pour écouter les commentaires de vos auditrices. Je ne me suis pas du tout moqué du jugement que vous me citez. J'y ai réfléchi avec un sentiment de joie. Si seulement ces défauts-là ne se retrouvaient pas dans le livre que j'écrirai si Dieu le veut ! Ceux-là, je crois que je saurais les éviter ; vous savez, je suis sincère -Guerre et Paix me déplaît de bout en bout maintenant; L'autre jour, j'ai dû y jeter un coup d'oeil pour décider de corrections à apporter dans la nouvelle édition (*), je ne saurais vous dire le remords, la honte que j'ai éprouvés en relisant certains passages ! Un peu ce que ressent un homme en voyant les traces de l'orgie à laquelle il a participé. La seule chose qui me console , c'est que je me suis passionné pour cette orgie et que je croyais qu'il n'y avait que cela qui comptait.

(..) Je vous baise les mains. Je ne crois pas que le sort me conduise à Pétersbourg malgré tout le plaisir que j'en aurais. Mes cordiales amitiés à tous les vôtres.
LT

(*) Tolstoï relisait Guerre et Paix pour préparer une nouvelle édition de ses oeuvres en huit volumes (Moscou, 1873). Guerre et Paix constituait les volumes V à VIII
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Un exemple d'humour tolstoïen

Aux directeurs de journaux
Moscou, mi-mars 1901

Monsieur le Directeur,
N'ayant pas la possibilité de remercier individuellement toutes les personnes, du haut fonctionnaire au simple ouvrier, qui m'ont exprimé de leur voix, par lettre ou par télégramme leur sympathie à l'occasion du décret du Saint-Synode du 20-22 février (*), je prie humblement votre estimable journal de remercier toutes ces personnes ; j'ajoute que j'attribue la sympathie qui m'est témoignée moins à l'importance de mon action qu'à l'intelligence et à l'opportunité du décret du Saint-Synode.

(*) Le décret excommuniant Tolstoï de l'Eglise orthodoxe. Les journaux russes ne furent pas autorisés à reproduire la lettre, mais elle fut publiée par Tchertkov en Angleterre
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Lettre à Octave Mirbeau 30 septembre 1903

Octave Mirbeau (1850-1917), écrivain et journaliste français, auteur de récits, de romans et de pièces de théâtre. Ses articles avaient beaucoup d'autorité auprès du public. Après avoir été un royaliste fervent dans sa jeunesse, il se fit l'adversaire du colonialisme et du militarisme. La pièce de Mirbeau Les Affaires sont les affaires (Paris 1903) fut traduite en russe la même année. Dans une longue dédicace à Tolstoï, Mirbeau écrivait que Tolstoï avait été son maître en littérature et l'un de ceux qui, avec Dostoïevski, avaient rompu les traditions latines dans le domaine de l'art et de la culture en général : excès de logique et de mesure, manque de profondeur qui, selon Mirbeau, faisaient de l'art français un art "froid".

Cher confrère,

Ce n'est qu'avant-hier que j'ai reçu votre lettre du 26 mai.

Je crois que chaque nationalité emploie différents moyens pour exprimer dans l'art l'idéal commun et que c'est à cause de cela que nous éprouvons une jouissance particulière à retrouver notre idéal exprimé d'une manière nouvelle et inattendue. L'art français m'a donné jadis ce sentiment de découverte quand j'ai lu pour la première fois Alfred de Vigny, Stendhal, Victor Hugo et surtout Rousseau. Je crois que c'est à ce sentiment qu'il faut attribuer la trop grande importance que vous attachez aux écrits de Dostoïevski et surtout aux miens. Dans tous les cas je vous remercie pour votre lettre et votre dédicace. Je me fais une fête de lire votre nouveau drame.
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Lettre à Octave Mirbeau

Dans une longue dédicace à Tolstoï Mirbeau écrit que Tolstoï était son maître en littérature et l'un de ceux qui, avec Dostoïevski, avaient rompu les traditions latines dans le domaine de l'art et de la culture en général : excès de logique et de mesure, manque de profondeur en général qui, selon Mirbeau, faisait de l'art français un art "froid"

lIasnaïa Poliana, le 13 octobre 1903

Cher confrère,
Ce n'est qu'avant-hier que j'ai reçu votre lettre du 26 mai
Je crois que chaque nationalité emploie différents moyens pour exprimer dans l'art l'idéal commun et que c'est à cause de cela que nous éprouvons une jouissance particulière à retrouver notre idéal exprimé d'une manière nouvelle et inattendue. L'art français m'a donné jadis ce sentiment de découverte quand j'ai lu pour la première fois Alfred de Vigny, Stendhal, Victor Hugo et surtout Rousseau. Je crois que c'est à ce sentiment qu'il faut attribuer la trop grande importance que vous attachez aux écrits de Dostoïevski et surtout aux miens. Dans tous les cas je vous remercie pour votre lettre et votre dédicace. Je me fais une fête d e lire votre nouveau drame (*)

(*) La bibliothèque de Iasnaïa Poliana comporte quatre ouvrages de Mirbeau dont trois sont dédicacés par l'auteur
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