AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Maison de jour, maison de nuit (31)

Désormais, ils étaient devenus des êtres tellement différents qu'ils auraient pu changer de prénom et de nom ; aller déposer une demande à la mairie : "Nous ne sommes plus ceux que nous étions. Nous souhaitons un changement d'identité", ou quelque chose de ce genre. Qu'en-est il des registres d'actes civils quand les gens se transforment et deviennent différents ? Pourquoi un enfant porte-t-il le même prénom quand il est devenu adulte ? Pourquoi une femme aimée s'appelle-t-elle de la même manière lorsqu'elle a été trompée et abandonnée ? Pourquoi les hommes gardent-ils leur nom quand ils rentrent de la guerre, ou encore pourquoi un garçon battu par son père conserve-t-il le même prénom idiot quand il se met à battre ses enfants ?
Commenter  J’apprécie          280
Ce n'est pas une raison pour ne pas croire aux rêves, finit-elle par se dire. Ils ont toujours un sens, c'est le monde réel qui n'arrive pas à la cheville des rêves. Les bottins mentent, les trains prennent des directions erronées. Les rues se ressemblent trop, les lettres s'emmêlent dans les noms des villes, les gens oublient leur propre prénom. Seul le rêve est vrai.
Commenter  J’apprécie          270
Les yeux sont ainsi faits, ils voient une portion inerte d'un tout plus grand, vivant, et ce qu'ils voient, ils l'épinglent et le tuent. C'est pourquoi, quand je regarde les choses, je suis persuadé que je vois du permanent. C'est pourtant une image fausse du monde, lequel est labile et tremblant. Il n'y a en lui aucun point zéro dont on pourrait se souvenir et que l'on pourrait comprendre. Les yeux font des photographies qui ne peuvent être qu'un inventaire, un schéma.
Le paysage relève de la plus grande des illusions, parce qu'il ne saurait avoir de permanence. On s'en souvient comme si c'était un tableau. La mémoire crée des cartes postales sans comprendre en aucune manière le monde. Voilà pourquoi le paysage s'adapte tellement aux états d'âme de ceux qui le regardent. Les gens y voient leur propre intériorité d'un instant éphémère. Partout l'on ne voit que soi. Rien de plus.
Commenter  J’apprécie          240
Je suis allée chez Marta pour lui rendre service en fauchant les orties du sentier qui conduit au ruisseau. Elle piétinait derrière moi, les bras croisés, et elle prétendait que Dieu avait oublié de créer un tas d'animaux.
"Le pataugeur, dis-je. Il serait dur comme une tortue, mais muni de longues jambes et de dents broyeuses. Il se baladerait dans le ruisseau, boufferait toutes les saletés, la vase, les branches mortes, même les ordures que l'eau apporte du village."
C'est ainsi que nous commençâmes à évoquer tous les animaux que Dieu avait omis de créer pour des raisons connues de lui seul. Il a oublié tant d'oiseaux, tant d'animaux qui vivent sous terre. A la fin, Marta déclara que l'animal qui lui manquait le plus, c'était ce grand lourdaud qui vient s'assoir, la nuit, à la croisée des chemins. Elle ne mentionna pas son nom.
Commenter  J’apprécie          140
Glisser doucement, observer l’ondoiement du temps, ne pas se risquer à voguer dessus avec le courant ni s’y lancer à contre-courant. Ignorer le temps comme s’il n’était qu’une publicité naïve pour autre chose que ce dont on a envie. Ne rien faire.

(Noir sur blanc, p.247)
Commenter  J’apprécie          130
Je ne pense pas avoir dit quelque chose de réellement important dans ma vie. D'ailleurs, pour les choses essentielles les mots manquent toujours. (Liste des mots manquants. Ce qui me manquait le plus, c'était un verbe dont le sens se situerait entre "je pressens " et "je vois ".
Commenter  J’apprécie          90
Une époque magnifique ! Il fallait juste faire attention de ne pas tenir certains propos trop haut, de ne pas trop parler. Ne pas commenter, ne pas juger, ne pas trop entendre, ne pas voir.
Commenter  J’apprécie          80
Cosmogonies

Mon philosophe favori est Arkhémanês, l'un des maîtres de Pythagore. Selon Arkhémanês, le monde est créé par l'action conguguée de deux principes. Arkhémanês les considère comme de puissants êtres originels, omniprésents et éternels. Le terme le plus approprié pour qualifier cette action conjuguée, pourrait être "éternel engloutissement". L'un mange l'autre, sans fin. En cela consiste l'existence du monde. Le premier de ces êtres, c'est Chtonos. Quelque chose qui en permanence croît, bourgeonne, enfante. Le but et le moyen de son existence, c'est de créer à partir de soi-même. Cette création ne consiste pas seulement à se reproduire, mais aussi à faire émaner de soi des êtres qui ne lui ressemblent pas - ou même qui lui sont opposés. C'est pourquoi, à l'intérieur de Chtonos, se poursuit sans cesse une croissance aveugle et irréfléchie - la chair à canon de l'existence. L'autre être, Chaos, engloutit Chtonos, le consomme, en quelque sorte. Sans cesse et de manière infaillible. Chaos est immatériel, il dissout les espaces de Chtonos comme s'il les digérait. Sans Chtonos, il ne pourrait pas exister, et vice versa. Il transforme Chtonos en néant - aujourd'hui, nous dirions qu'il l'annihile.
L'union de ces deux êtres est extraordinairement intense, et elle donne naissance à Chronos - un principe qu'on pourrait valablement comparer à l'oeil d'un cyclone. En plein centre de l'engloutissement, de la destruction, de l'annihilation se crée un être qui a l'apparence de la paix, un être-oasis, presque un mirage, caractérisé par la stabilité, la régularité, l'ordre et même une certaine harmonie d'où l'existence du monde tire son origine. Chronos freine l'engloutissement, lui donne une certaine forme. D'un côté, il tamise l'oeuvre de création, en rassemble les résultats en petits îlots ordonnés par le temps - lequel constitue l'essence même de Chronos, son principe de base ; d'un autre côté, il atténue l'impact de la destruction. À cet endroit se crée le monde et ses énergies fondamentales.
Pour farcir dix crêpes, il vous faut : une livre de champignons un oignon deux tranches de pain bis rassis du sel, du poivre, une noix de muscade deux cueillerées à soupe de chapelure une demi-cueillerée à soupe de margarine du beurre pour frire les champignons une cueillerée à soupe de crème fraîche un demi-verre de lait un oeuf.
Faire revenir les oignons au beurre. Puis jeter dans la poêle les champignons coupés menu, saler, poivrer, ajouter une pointe de couteau de noix de muscade. Frire dix minutes. Pendant ce temps, tremper le pain dans le lait, le passer à la moulinette, l'ajouter aux champignons de même que l'oeuf et la crème fraiche. Avec la farce ainsi obtenue garnir les crêpes, les rouler, les passer dans la chapelure, et les dorer à la margarine.
Commenter  J’apprécie          86
As-tu jamais réfléchi au fait qu'à l'intérieur de ton corps, il fait complètement noir ?lui demanda-t-il alors qu'ils se blotissaient l'un contre l'autre sur le matelas. Aucune lumière ne traverse la peau. Là où les hommes pénètrent en toi, il doit faire sombre également. Ton cœur travaille dans les ténèbres,tous les autres organes également.
Ce devait être une question banale, mais tous les deux en furent effrayés.
Commenter  J’apprécie          82






    Lecteurs (136) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Voyages, Valises et Vacances

    Je voyage à motocyclette avant de faire la fin de mon voyage à pied. Révolutionnaire dans l'âme, j'ai écrit mon Carnet de voyage. Je suis...

    Fidel Castro
    Toussaint Louverture
    Ernesto Che Guevarra
    Olivier Besancenot

    10 questions
    99 lecteurs ont répondu
    Thèmes : voyagesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}