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EAN : 9782220094267
240 pages
Desclée de Brouwer (14/02/2018)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Comment définir le régime de Poutine ? S'agit-il d'un autoritarisme camouflé sous des décors démocratiques ? Avons-nous affaire à une forme d'autocratie, dans la continuité de l'histoire russe, ou à une oligarchie mafieuse ? Quelle est l'influence de l'ex-KGB, sur le mode de pensée des hommes du Kremlin et sur leurs méthodes de gouvernement? Le régime peut-il survivre à son homme fort ? Pourquoi l'opposition donne-t-elle une impression de faiblesse et de division fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai eu le plaisir de recevoir cet essai de Françoise Thom, spécialiste de la Russie, à la masse critique de Babelio. Je m'intéresse à la géopolitique internationale au centre de laquelle se trouve la Russie aujourd'hui et cet essai est très éclairant sur la façon dont la Russie postcommuniste en est arrivée là, au niveau politique et économique.
Le livre est séparé en deux parties : « La base russe » expliquant comment l'ascension de Poutine a été possible et « le poutinisme et le monde » exposant les politiques intérieure et extérieure de la Russie aujourd'hui et les rapports de force avec les autres puissances mondiales.
Il faut reconnaître qu'il a fallu du temps que je rentre dedans car je manquais de contexte sur la situation de la Russie après la chute de l'URSS et l'auteure introduit peu de concepts et nous abreuve d'informations très intéressantes, certes, mais demandant un peu de connaissances préalables sur le sujet. Après quelques recherches, je me suis familiarisée avec les nombreux termes spécifiques et j'ai commencé à apprécier ma lecture. On appréhende la persistance de l'esprit carcéral de l'URSS, la verticale du pouvoir, l'influence prégnante du Kremlin, tout l'héritage soviétique toujours très présent en somme et on comprend comment Poutine s'est retrouvé à la tête de l'État.
J'ai trouvé la deuxième partie plus prenante, l'auteure expose la politique de Poutine et analyse son évolution depuis sa première élection. Elle met en évidence une Russie tiraillée entre l'héritage soviétique orthodoxe et la passion nihiliste du Kremlin. L'auteure ose même comparer la Russie de Poutine aujourd'hui et l'Allemagne d'Hitler des années 30 avec la quête de son espace vital, la présence d'un chef fort à la tête du pays et une emprise sur toute l'administration et l'économie. Enfin, l'auteure se penche également sur les méthodes douteuses de Poutine en politique étrangère et certaines m'ont fait sourire à l'instar de l'anecdote sur sa rencontre avec Angela Merkel. La conclusion a valeur de mise en garde et clôt de manière efficace le livre.
Je vous recommande donc cet excellent petit essai qui se lit assez rapidement si vous voulez en savoir plus sur la genèse et l'histoire du poutinisme. Il répondra à beaucoup de vos questions et vous poussera sûrement à en savoir davantage.
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Cet ouvrage est court (230 pages de lectures) et se lit très rapidement et facilement. Les termes utilisés sont parfois spécifiques, mais je n'ai pas trouvé que cela entravait la compréhension du texte: une rapide recherche internet ou dans le dictionnaire résolve le problème au besoin. La structure est claire et efficace. J'ai trouvé la progression du propos simple à suivre sans pour autant être simpliste.

La première moitié du livre expose le contexte dans lequel Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir, en évoquant L Histoire russe, la chute de l'URSS, Eltsine et le parcours personnel du président russe. Cette partie résonne avec beaucoup d'éléments que j'ai appris au fil du temps, que ce soit dans des documentaires ou au contact de russes/anciens résidents russes. La deuxième moitié est beaucoup plus actuelle et se concentre sur la politique russe poutinienne, intérieure et extérieure. C'est à la fois intéressant et glaçant.

J'ai fait plusieurs fois des pauses pour aller vérifier les sources et me renseigner sur l'auteure elle-même: le sujet russe étant une source infinie de polémiques, en particulier quand on critique Vladimir Poutine. J'ai trouvé des articles la qualifiant d'anti-russe, ce qui m'a fait douter et prolonger mes recherches. Ma conclusion est que Françoise Thom a une grande connaissance de l'Histoire et de la culture russe, sa spécialité universitaire. Elle ne me paraît pas anti-russe, même si ses prises positions ne sont pas vraiment favorables à Vladimir Poutine.

Sa vision de l'Histoire russe est intéressante en particulier quant au nationalisme revanchard russe et la volonté de recréer une Grande Russie, en opposition à l'Occident. Elle y expose également la volonté de Poutine de retrouver la zone d'influence et de contrôle de l'URSS, mais aussi d'affaiblir ses "ennemis" à la façon du KGB: déstabilisation, manipulation, corruption,....

J'ai trouvé cette lecture très instructive. Cela m'a beaucoup fait réfléchir et questionner ce que je sais, mais aussi ce que je lisais. En cela, cet essai est très intéressant, que l'on s'accorde ou non avec la vision de l'auteure, elle nous fait réagir et ré-évaluer ce que l'on sait sur la géo-politique et la diplomatie internationale. Seule omission que j'ai trouvée étonnante: le cas des camps pour homosexuels en Tchétchénie n'est pas du tout évoqué, alors que le silence retentissant de la communauté internationale et les déclarations immondes du grand ami de Poutine, Kadyrov, auraient bien mérité quelques paragraphes dans l'analyse géo-politique.
Lien : https://wordpress.com/post/l..
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Ecrit en 2018 et lu à la lumière de la guerre en Ukraine, ce livre constitue un remarquable coup de projecteur sur la carrière du petit malfrat sorti du caniveau de St Pétersbourg. Au-delà du cas Poutine, l'auteur replace le personnage dans la société post-soviétique pourrie par la “cultureˮ du Goulag, avec ses logiques claniques où seule la force compte. Elle rappelle comment Poutine fonctionne sur la scène internationale : mépris de ses interlocuteurs, vexations… Lui et sa clique vivent dans un monde fantasmé de la puissance russe, mythifiée, de l'eurasiatisme revendiqué, de la haine de l'Occident, de la démocratie et de la liberté. Très inquiétant. La disparition du dictateur ne résoudra pas le problème car il s'agit tout simplement des fondements de l'histoire russe et soviétique. le récent livre de Fedorovski vient conforter cette analyse.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Citation de Lénine (1913) :
"Pour nous les frontières n'ont pas d'importance, ce qui compte est de conserver l'union des travailleurs de toutes les nations pour lutter contre la bourgeoisie de toutes les nations."
La nation est absente dans cette conception : n'existent que les grandes puissances, leurs élites avec les territoires qu'elles contrôlent. Poutine préfère d'ailleurs la notion d' "Etat civilisation". La souveraineté est avant tout à ses yeux la capacité d'inclure les autres de sa sphère d'influence. C'est pourquoi le président russe pense l'espace post-sociétique (voire l'Europe entière) comme un terrain où s'affrontent les groupes contrôlés par le Kremlin et les groupes contrôlés par les Occidentaux, les Etats-Unis surtout. La Russie se sent existentiellement menacée par le voisinage avec des pays qui ne sont pas soumis à des régimes sous influence du Kremlin. L'une des motivations sous-jacentes de la politique étrangère russe est la volonté de cloner à l'extérieur (et pas seulement dans l'espace ex-soviétique) le système poutinien, avec tout ce que cela implique : oligarques locaux corrompus "amis de Poutine", liens avec la criminalité organisée, propagande de la haine, manipulation des élections, complotisme, etc. Pour réaliser cet objectif, le Kremlin met en oeuvre les moyens traditionnels de la politique impériale de la Russie tsariste : création d'Etats clients, incorporation des élites périphériques dans l'establishment de la métropole, cooptation des élites des pays visés, promesses de garanties de sécurité en échange de la vassalisation, utilisation de l'intimidation et de la force.
p.138-139
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Comme les hommes sont à ses yeux des pantins, Poutine a pour priorité le perfectionnement des techniques de manipulation : "il y a trois moyens d'agir sur les hommes, a-t-il un jour déclaré sur un ton badin, en 2000. Le chantage, la vodka et la menace d'assassinat." La parole, pour lui, n'exprime pas des pensées ou des sentiments, elle est un pur instrument servant à se rendre maître de la volonté d'autrui, à "recruter" l'interlocuteur, ou bien une couverture visant à tromper l'adversaire. L'exigence de vérité n'existe pas pour lui, et quand ses interlocuteurs se choquent de ses mensonges, il y voit une hypocrisie. Cet homme, que son épouse a un jour comparé à un "vampire" est incapable de percevoir le monde autrement que comme un rapport de force et ses relations avec autrui autrement que comme des opérations de manipulation, de séduction, de contrôle, de soumission et d'humiliation. Il divise ainsi le genre humain en deux catégories : les gens sur lequel il a barre (parce qu'il les a "achetés", parce qu'il est en mesure de les faire chanter, ou les deux), qu'il considère comme faisant partie de son réseau, comme étant "des nôtres", et ceux qu'il ne contrôle pas, à l'égard desquels il sera toujours méfiant, quelque bien disposé qu'il soit par ailleurs. Comme il envisage le genre humain sous l'angle du chantage possible, son attention se porte spontanément vers le sordide, le scatologique et l'obsène. Évoquant un jour Schubert devant un groupe d'écoliers, le président russe ne trouva rien de mieux que de leur rappeler que ce compositeur était mort syphilitique du fait de ses mauvaises fréquentations féminines. Des hommes, Poutine ne perçoit que la bassesse, les tares et les failles. Toute la propagande du Kremlin s'inspirera de cette vision, qu'elle s'efforcera d'exporter hors des frontières de la Russie.
p. 64/65
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Ainsi l'imprégnation par le soviétisme, l'influence délétère de la "zone" engendrent une misanthropie généralisée, la haine de soi et la haine de l'autre, ce qui entraîne une très importante conséquence politique. Si l'on considère l'homme comme intrinsèquement pervers, vénal et enclin au crime, on ne peut le vouloir libre, le régime politique doit avoir pour but essentiel de l'empêcher de nuire, et seule une dictature peut s'acquitter cette tâche. p. 23
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La Russie se sent existentiellement menacée par ce qui n'est pas elle et ce qu'elle ne contrôle pas. Elle compense ce sentiment de vulnérabilité par l'agressivité, finissant par susciter une réaction des pays occidentaux, réaction qui va à son tour alimenter sa paranoïa. Ce cercle vicieux s'explique par la réaction pré-politique des relations internationales, qui celle des hommes du Kremlin (et d'une bonne partie de la population russe). p.185
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De 1960 à la fin des années 1980, 35 millions de peine ont été prononcées. En 1997,on compte encore 900 000 détenus en Russie. Aujourd'hui, un homme russe sur quatre a connu la détention, dans certaines villes sibériennes un sur deux, voire toute la population masculine. La "zone" a imprégné la société russe. Cette influence est attestée dans l'évolution de la langue depuis la fin des années 1980: celle-ci s'est "criminalisée" à tel point que l'argot des prisons et la novlangue des truands ne choquent plus personne, le président Poutine lui-même en fait largement usage.p.12
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Videos de Françoise Thom (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Françoise Thom
Francoise Thom vous présente son ouvrage "Poutine ou L'obsession de la puissance" aux éditions Litos.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2663430/francoise-thom-poutine-ou-l-obsession-de-la-puissance
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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